Les Mystères de Londres Tome I - II -III et IV Annoté

Fiction & Literature, Literary
Cover of the book Les Mystères de Londres Tome I - II -III et IV Annoté by PAUL FÉVAL, GILBERT TEROL
View on Amazon View on AbeBooks View on Kobo View on B.Depository View on eBay View on Walmart
Author: PAUL FÉVAL ISBN: 1230001443516
Publisher: GILBERT TEROL Publication: November 27, 2016
Imprint: Language: French
Author: PAUL FÉVAL
ISBN: 1230001443516
Publisher: GILBERT TEROL
Publication: November 27, 2016
Imprint:
Language: French

Extrait :

Tout Londres fashionable s’occupa pendant une semaine du mariage de Rio-Santo avec lady Ophélia Barnwood, comtesse de Derby. C’était un couple très bien assorti. Néanmoins, le mariage n’eut pas lieu. Rio-Santo déclara tout haut qu’il avait échoué. Quelques uns ajoutèrent foi à cette déclaration, d’autres pensèrent qu’il avait trop réussi.

Rio-Santo était alors tout à fait acclimaté dans notre capitale. La supériorité fantastique que lui avait d’abord prêtée la renommée, avait subi l’épreuve. Il était décidément digne de sa gloire. Les salons se l’arrachaient. C’était avec acharnement qu’on se disputait sa personne. Il y avait des femmes charmantes de banquiers millionnaires qui se seraient compromises avec joie dans le légitime espoir de rendre jalouses les fières châtelaines de Belgrave-Square. La rivalité de coterie à coterie prenait tous les caractères d’une passion. Le marquis passait, calme et serein, entre ces inimitiés profondes. Il fréquentait le West-End, parce que les mœurs du quartier noble caressaient doucement les penchants aristocratiques de sa nature ; mais il ne dédaignait point la Cité. En somme, l’éclectisme n’est mauvais que dans la pédante et niaise philosophie de nos collèges ; c’est un mot peu gracieux, mais nécessaire. La chose qu’il exprime est au fond de tout cœur voulant et sachant vivre. Entendu comme il faut, il n’exclut rien, pas même cette loyauté rigide et chevaleresque qui meurt pour la couleur d’un drapeau ou l’émail d’un écusson : car nous ne prétendons point parler d’autre chose que de l’éclectisme sensuel qui prend son bonheur où il le trouve. Celui-là seul est une réalité. Hors de ce cercle, et dès qu’il ne s’applique plus au plaisir, nous disons : fi de l’éclectisme ! Dans les arts, il est balourdise ou pâleur ; en politique, mensonge ou doctrine, ce qui est tout un ; en religion, erreur et impiété ; en philosophie, faiblesse et néant.

Rio-Santo n’était ni membre du parlement, ni artiste, ni professeur, il était peut-être pis que cela, mais du moins échappait-il à ces trois travers. Pour tout dire, il n’était rien de tout ce qu’on a coutume d’être dans notre société étiquetée comme une boutique d’apothicaire. Cela lui donnait incontestablement le droit de faire comme l’abeille : de choisir sans exclure.

Il avait pour métier ostensible d’être marquis, riche à millions et tout pétri de distinction. Nous ne savons pas de plus adorable métier que celui-là. Impossible de dire la prodigieuse dépense d’esprit et de diplomatie que firent les deux camps politiques pour, chacun, l’attirer à soi. Il y eut des jeunes ladies qui se dévouèrent en vraies Romaines ; il y eut des ladies d’un certain âge qui combinèrent des plans miraculeux. Une whiggesse de lettres fut jusqu’à lui proposer, à mots couverts, de l’illustrer à l’aide d’un roman en quatorze parties de six volumes in-octavo chacune. Rio-Santo apprécia le dévouement des jeunes ladies, ignora les plans des douairières, et fit don d’une pipe de Turquie à la whiggesse de lettres, en la priant d’illustrer tout le monde, excepté lui.

Il menait cependant la vie la plus rigoureusement fashionnable qu’on puisse imaginer. Lui seul donnait despotiquement le ton pour toutes choses. On citait ses mots avec une componction véritable. Quand il n’en laissait point échapper par hasard, de bonnes âmes se faisaient un devoir de lui en prêter. En parlant de lui, on était toujours sûr d’intéresser les femmes, et certains séducteurs émérites inventaient sur son compte de ravissantes histoires qu’ils allaient essayer, en guise de fausses clés, à la porte de tous les boudoirs. 

On l’affubla d’un nombre si exorbitant de bonnes fortunes, que le compte en passait toute vraisemblance. Mais il était discret, faut-il croire, car chaque aventure racontée gardait ce demi-voile d’incertitude nécessaire au succès d’une anecdote, et jamais on ne put citer aucune preuve convaincante à l’appui des jolies médisances dont il était le héros.

View on Amazon View on AbeBooks View on Kobo View on B.Depository View on eBay View on Walmart

Extrait :

Tout Londres fashionable s’occupa pendant une semaine du mariage de Rio-Santo avec lady Ophélia Barnwood, comtesse de Derby. C’était un couple très bien assorti. Néanmoins, le mariage n’eut pas lieu. Rio-Santo déclara tout haut qu’il avait échoué. Quelques uns ajoutèrent foi à cette déclaration, d’autres pensèrent qu’il avait trop réussi.

Rio-Santo était alors tout à fait acclimaté dans notre capitale. La supériorité fantastique que lui avait d’abord prêtée la renommée, avait subi l’épreuve. Il était décidément digne de sa gloire. Les salons se l’arrachaient. C’était avec acharnement qu’on se disputait sa personne. Il y avait des femmes charmantes de banquiers millionnaires qui se seraient compromises avec joie dans le légitime espoir de rendre jalouses les fières châtelaines de Belgrave-Square. La rivalité de coterie à coterie prenait tous les caractères d’une passion. Le marquis passait, calme et serein, entre ces inimitiés profondes. Il fréquentait le West-End, parce que les mœurs du quartier noble caressaient doucement les penchants aristocratiques de sa nature ; mais il ne dédaignait point la Cité. En somme, l’éclectisme n’est mauvais que dans la pédante et niaise philosophie de nos collèges ; c’est un mot peu gracieux, mais nécessaire. La chose qu’il exprime est au fond de tout cœur voulant et sachant vivre. Entendu comme il faut, il n’exclut rien, pas même cette loyauté rigide et chevaleresque qui meurt pour la couleur d’un drapeau ou l’émail d’un écusson : car nous ne prétendons point parler d’autre chose que de l’éclectisme sensuel qui prend son bonheur où il le trouve. Celui-là seul est une réalité. Hors de ce cercle, et dès qu’il ne s’applique plus au plaisir, nous disons : fi de l’éclectisme ! Dans les arts, il est balourdise ou pâleur ; en politique, mensonge ou doctrine, ce qui est tout un ; en religion, erreur et impiété ; en philosophie, faiblesse et néant.

Rio-Santo n’était ni membre du parlement, ni artiste, ni professeur, il était peut-être pis que cela, mais du moins échappait-il à ces trois travers. Pour tout dire, il n’était rien de tout ce qu’on a coutume d’être dans notre société étiquetée comme une boutique d’apothicaire. Cela lui donnait incontestablement le droit de faire comme l’abeille : de choisir sans exclure.

Il avait pour métier ostensible d’être marquis, riche à millions et tout pétri de distinction. Nous ne savons pas de plus adorable métier que celui-là. Impossible de dire la prodigieuse dépense d’esprit et de diplomatie que firent les deux camps politiques pour, chacun, l’attirer à soi. Il y eut des jeunes ladies qui se dévouèrent en vraies Romaines ; il y eut des ladies d’un certain âge qui combinèrent des plans miraculeux. Une whiggesse de lettres fut jusqu’à lui proposer, à mots couverts, de l’illustrer à l’aide d’un roman en quatorze parties de six volumes in-octavo chacune. Rio-Santo apprécia le dévouement des jeunes ladies, ignora les plans des douairières, et fit don d’une pipe de Turquie à la whiggesse de lettres, en la priant d’illustrer tout le monde, excepté lui.

Il menait cependant la vie la plus rigoureusement fashionnable qu’on puisse imaginer. Lui seul donnait despotiquement le ton pour toutes choses. On citait ses mots avec une componction véritable. Quand il n’en laissait point échapper par hasard, de bonnes âmes se faisaient un devoir de lui en prêter. En parlant de lui, on était toujours sûr d’intéresser les femmes, et certains séducteurs émérites inventaient sur son compte de ravissantes histoires qu’ils allaient essayer, en guise de fausses clés, à la porte de tous les boudoirs. 

On l’affubla d’un nombre si exorbitant de bonnes fortunes, que le compte en passait toute vraisemblance. Mais il était discret, faut-il croire, car chaque aventure racontée gardait ce demi-voile d’incertitude nécessaire au succès d’une anecdote, et jamais on ne put citer aucune preuve convaincante à l’appui des jolies médisances dont il était le héros.

More books from GILBERT TEROL

Cover of the book Le Pèlerin de Sainte Anne Tome I by PAUL FÉVAL
Cover of the book À bord et à terre by PAUL FÉVAL
Cover of the book La Pornocratie by PAUL FÉVAL
Cover of the book Mémoires Tome I et II by PAUL FÉVAL
Cover of the book LES SAINTES COLERES by PAUL FÉVAL
Cover of the book La Legende de Bouddha by PAUL FÉVAL
Cover of the book Sous la neige by PAUL FÉVAL
Cover of the book Par mer et par terre : le corsaire by PAUL FÉVAL
Cover of the book À l’œuvre et à l’épreuve by PAUL FÉVAL
Cover of the book L’Antiquaire by PAUL FÉVAL
Cover of the book Le jardin de Bérénice by PAUL FÉVAL
Cover of the book Les Roués innocents by PAUL FÉVAL
Cover of the book Spirite by PAUL FÉVAL
Cover of the book CAUSSERIE by PAUL FÉVAL
Cover of the book Vengeance fatale by PAUL FÉVAL
We use our own "cookies" and third party cookies to improve services and to see statistical information. By using this website, you agree to our Privacy Policy