LES AVENTURES DE SHERLOCK HOLMES TOME I

Mystery & Suspense
Cover of the book LES AVENTURES DE SHERLOCK HOLMES TOME I by ARTHUR CONAN DOYLE, GILBERT TEROL
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Author: ARTHUR CONAN DOYLE ISBN: 1230000213177
Publisher: GILBERT TEROL Publication: January 27, 2014
Imprint: Language: French
Author: ARTHUR CONAN DOYLE
ISBN: 1230000213177
Publisher: GILBERT TEROL
Publication: January 27, 2014
Imprint:
Language: French

Pour Sherlock Holmes c’est toujours « la femme ». Il ne parle jamais d’elle que sous cette dénomination ; à ses yeux elle éclipse le sexe faible tout entier. Ne croyez pourtant pas qu’il ait eu de l’amour, voire même de l’affection pour Irène Adler. Tous les sentiments violents et celui-là en particulier sont contraires à son caractère froid, méthodique et admirablement équilibré. Holmes est bien la machine animée et observatrice la plus parfaite qu’on puisse rencontrer, mais je ne vois pas mon personnage dans le rôle d’amoureux. Il ne m’a jamais parlé d’amour qu’avec un geste de mépris et un sourire railleur. Pour lui qui a mission d’observer et de déduire, la passion chez les autres est un secours puissant ; elle détermine sans cesse les mobiles secrets qui ont porté l’accusé à son crime ; mais le logicien de profession aurait grand tort de se laisser envahir par le sentiment ; cela équivaudrait à introduire dans des rouages fins et délicats un facteur étranger qui y porterait la plus grande perturbation ; le sentiment pourrait influer sur ses déductions. Une émotion violente pour une nature comme la sienne équivaudrait à un grain de sable dans un instrument de précision ou à une fêlure sur un de ses microscopes les plus puissants. Et cependant pour lui il n’y avait qu’une femme au monde et cette femme était feue Irène Adler, de mémoire douteuse.

Je n’avais pas vu Holmes depuis quelque temps. Mon mariage nous avait forcément séparés l’un de l’autre ; le bonheur parfait dont je jouissais, les nouveaux devoirs et les occupations inséparables d’une entrée en ménage absorbaient tous mes instants. De son côté, Holmes, dont la nature bohème répugnait à tout ce qui avait l’apparence du monde, continuait à résider dans son appartement de Baker street, enfoui sous ses vieux bouquins, étudiant sur lui-même les effets de la cocaïne ou se livrant à des rêves d’ambition ; en somme tantôt engourdi par le poison et tantôt dévoré par l’activité extraordinaire de son ardente nature. Il était comme toujours particulièrement attiré par les enquêtes criminelles et il mettait ses merveilleuses facultés d’observation au service de ces crimes mystérieux que la police renonçait à éclaircir. De temps en temps les échos de ses exploits me parvenaient vaguement ; je savais qu’il avait été appelé à Odessa pour étudier le meurtre de Trepoff, qu’il avait jeté la lumière sur la singulière tragédie des frères Atkinson à Trincomalee et enfin qu’il s’était acquitté avec beaucoup de tact et de succès d’une mission délicate pour le compte de la maison régnante de Hollande. À part ces nouvelles que me donnaient du reste les feuilles publiques et qui me prouvaient qu’il était encore en vie, je ne savais presque rien de mon vieux camarade et ami.

Un soir, je me rappelle que c’était le 20 mars 1888, je revenais de voir un malade (car je m’étais consacré à la clientèle civile) et je longeais précisément la Baker street. En passant devant la porte bien connue, inséparable pour moi du souvenir de mes fiançailles et des sombres incidents de l’Étude de rouge, je fus saisi du désir irrésistible de revoir Sherlock Holmes et de savoir à quoi il employait ses extraordinaires facultés. Son appartement était très éclairé et en levant la tête j’aperçus, à travers le store, sa longue et mince silhouette allant et venant dans la pièce. Il marchait rapidement, la tête penchée sur la poitrine, les mains derrière le dos. Pour moi qui le connaissais à fond il n’y avait aucun doute ; il était en plein travail ; il s’était arraché à ses rêves et cherchait à résoudre quelque nouveau problème. Je sonnais et je fus introduit dans ce salon qui avait été aussi le mien autrefois.

Je ne fus pas reçu très chaudement ; en apparence du moins, car dans le fond je crois qu’il était assez content de me revoir. Presque sans m’adresser la parole, il me désigna un fauteuil, me jeta son étui à cigares, me montra du doigt une cave à liqueurs et dans un coin un allume-cigare. Puis il se planta devant la cheminée et me fixa avec son regard si pénétrant.

— Le mariage vous réussit, me dit-il. Je suis sûr que vous avez gagné sept livres et demie depuis que je ne vous ai vu.

— Sept, répondis-je.

— Vraiment ? Il me semblait que c’était un peu plus, quelques grammes seulement, j’en suis persuadé, Watson. Et vous vous êtes remis à exercer la médecine, je vois. Vous ne m’aviez pas dit que vous comptiez reprendre le collier de misère.

— Alors comment le savez-vous ?

— Je le vois, ou je le déduis plutôt de ce que je vois. Vous avez été souvent mouillé ces temps derniers et vous avez une servante des plus maladroites et négligentes.

— Mon cher Holmes, dis-je, ceci est trop fort. Il y a quelques siècles on vous aurait sûrement brûlé vif comme sorcier.

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Pour Sherlock Holmes c’est toujours « la femme ». Il ne parle jamais d’elle que sous cette dénomination ; à ses yeux elle éclipse le sexe faible tout entier. Ne croyez pourtant pas qu’il ait eu de l’amour, voire même de l’affection pour Irène Adler. Tous les sentiments violents et celui-là en particulier sont contraires à son caractère froid, méthodique et admirablement équilibré. Holmes est bien la machine animée et observatrice la plus parfaite qu’on puisse rencontrer, mais je ne vois pas mon personnage dans le rôle d’amoureux. Il ne m’a jamais parlé d’amour qu’avec un geste de mépris et un sourire railleur. Pour lui qui a mission d’observer et de déduire, la passion chez les autres est un secours puissant ; elle détermine sans cesse les mobiles secrets qui ont porté l’accusé à son crime ; mais le logicien de profession aurait grand tort de se laisser envahir par le sentiment ; cela équivaudrait à introduire dans des rouages fins et délicats un facteur étranger qui y porterait la plus grande perturbation ; le sentiment pourrait influer sur ses déductions. Une émotion violente pour une nature comme la sienne équivaudrait à un grain de sable dans un instrument de précision ou à une fêlure sur un de ses microscopes les plus puissants. Et cependant pour lui il n’y avait qu’une femme au monde et cette femme était feue Irène Adler, de mémoire douteuse.

Je n’avais pas vu Holmes depuis quelque temps. Mon mariage nous avait forcément séparés l’un de l’autre ; le bonheur parfait dont je jouissais, les nouveaux devoirs et les occupations inséparables d’une entrée en ménage absorbaient tous mes instants. De son côté, Holmes, dont la nature bohème répugnait à tout ce qui avait l’apparence du monde, continuait à résider dans son appartement de Baker street, enfoui sous ses vieux bouquins, étudiant sur lui-même les effets de la cocaïne ou se livrant à des rêves d’ambition ; en somme tantôt engourdi par le poison et tantôt dévoré par l’activité extraordinaire de son ardente nature. Il était comme toujours particulièrement attiré par les enquêtes criminelles et il mettait ses merveilleuses facultés d’observation au service de ces crimes mystérieux que la police renonçait à éclaircir. De temps en temps les échos de ses exploits me parvenaient vaguement ; je savais qu’il avait été appelé à Odessa pour étudier le meurtre de Trepoff, qu’il avait jeté la lumière sur la singulière tragédie des frères Atkinson à Trincomalee et enfin qu’il s’était acquitté avec beaucoup de tact et de succès d’une mission délicate pour le compte de la maison régnante de Hollande. À part ces nouvelles que me donnaient du reste les feuilles publiques et qui me prouvaient qu’il était encore en vie, je ne savais presque rien de mon vieux camarade et ami.

Un soir, je me rappelle que c’était le 20 mars 1888, je revenais de voir un malade (car je m’étais consacré à la clientèle civile) et je longeais précisément la Baker street. En passant devant la porte bien connue, inséparable pour moi du souvenir de mes fiançailles et des sombres incidents de l’Étude de rouge, je fus saisi du désir irrésistible de revoir Sherlock Holmes et de savoir à quoi il employait ses extraordinaires facultés. Son appartement était très éclairé et en levant la tête j’aperçus, à travers le store, sa longue et mince silhouette allant et venant dans la pièce. Il marchait rapidement, la tête penchée sur la poitrine, les mains derrière le dos. Pour moi qui le connaissais à fond il n’y avait aucun doute ; il était en plein travail ; il s’était arraché à ses rêves et cherchait à résoudre quelque nouveau problème. Je sonnais et je fus introduit dans ce salon qui avait été aussi le mien autrefois.

Je ne fus pas reçu très chaudement ; en apparence du moins, car dans le fond je crois qu’il était assez content de me revoir. Presque sans m’adresser la parole, il me désigna un fauteuil, me jeta son étui à cigares, me montra du doigt une cave à liqueurs et dans un coin un allume-cigare. Puis il se planta devant la cheminée et me fixa avec son regard si pénétrant.

— Le mariage vous réussit, me dit-il. Je suis sûr que vous avez gagné sept livres et demie depuis que je ne vous ai vu.

— Sept, répondis-je.

— Vraiment ? Il me semblait que c’était un peu plus, quelques grammes seulement, j’en suis persuadé, Watson. Et vous vous êtes remis à exercer la médecine, je vois. Vous ne m’aviez pas dit que vous comptiez reprendre le collier de misère.

— Alors comment le savez-vous ?

— Je le vois, ou je le déduis plutôt de ce que je vois. Vous avez été souvent mouillé ces temps derniers et vous avez une servante des plus maladroites et négligentes.

— Mon cher Holmes, dis-je, ceci est trop fort. Il y a quelques siècles on vous aurait sûrement brûlé vif comme sorcier.

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