Author: | Fiodor Dostoievski | ISBN: | 1230000700917 |
Publisher: | pb | Publication: | October 4, 2015 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Fiodor Dostoievski |
ISBN: | 1230000700917 |
Publisher: | pb |
Publication: | October 4, 2015 |
Imprint: | |
Language: | French |
lorsqu’il songeait à lui-même), il y a quelqu’un, sans doute, qui s’occupe
de me rendre meilleur, et qui me suggère tous ces souvenirs maudits, et
toutes ces larmes de repentir. Soit. Et puis après ? Tout cela, c’est de la
poudre aux moineaux. C’est très bien, les larmes de repentir, mais ne suisje
pas certain, plus que certain, qu’avec mes quarante ans, mes quarante
ans d’une existence stupide, je n’ai pas une mie?e de libre arbitre ? ?e
demain la même tentation se représente, que, par exemple, j’aie de nouveau
un intérêt quelconque à répandre le bruit que la femme du maître
d’école acceptait avec plaisir ce que je lui offrais, et je recommencerai, je
le sais bien, sans la moindre hésitation, et je serai d’autant plus vil et plus
perfide que je le ferai pour la seconde fois, et non plus pour la première.
?e demain ce petit prince, à qui, il y a onze ans, j’ai cassé une jambe d’un
coup de pistolet, vienne à m’offenser de nouveau, je m’empresserai de le
provoquer, et il lui en coûtera une seconde jambe de bois. Tous ces retours
sur le passé, c’est de la poudre perdue, et il n’y pas un seul coup qui
porte. À quoi bon ces souvenirs, quand je ne sais même pas m’affranchir
suffisamment de moi dans le présent ! »
Il ne se trouva pas de maîtresse d’école à diffamer, ni de jambe à casser,
mais la seule idée que ces faits pouvaient se renouveler, à l’occasion,
l’écrasait presque… parfois. – On ne peut pas toujours être en proie aux
souvenirs ; il faut bien qu’il y ait des entractes, où l’on puisse respirer et
se distraire.
lorsqu’il songeait à lui-même), il y a quelqu’un, sans doute, qui s’occupe
de me rendre meilleur, et qui me suggère tous ces souvenirs maudits, et
toutes ces larmes de repentir. Soit. Et puis après ? Tout cela, c’est de la
poudre aux moineaux. C’est très bien, les larmes de repentir, mais ne suisje
pas certain, plus que certain, qu’avec mes quarante ans, mes quarante
ans d’une existence stupide, je n’ai pas une mie?e de libre arbitre ? ?e
demain la même tentation se représente, que, par exemple, j’aie de nouveau
un intérêt quelconque à répandre le bruit que la femme du maître
d’école acceptait avec plaisir ce que je lui offrais, et je recommencerai, je
le sais bien, sans la moindre hésitation, et je serai d’autant plus vil et plus
perfide que je le ferai pour la seconde fois, et non plus pour la première.
?e demain ce petit prince, à qui, il y a onze ans, j’ai cassé une jambe d’un
coup de pistolet, vienne à m’offenser de nouveau, je m’empresserai de le
provoquer, et il lui en coûtera une seconde jambe de bois. Tous ces retours
sur le passé, c’est de la poudre perdue, et il n’y pas un seul coup qui
porte. À quoi bon ces souvenirs, quand je ne sais même pas m’affranchir
suffisamment de moi dans le présent ! »
Il ne se trouva pas de maîtresse d’école à diffamer, ni de jambe à casser,
mais la seule idée que ces faits pouvaient se renouveler, à l’occasion,
l’écrasait presque… parfois. – On ne peut pas toujours être en proie aux
souvenirs ; il faut bien qu’il y ait des entractes, où l’on puisse respirer et
se distraire.