Jud Allan roi des gamins

Fiction & Literature, Classics
Cover of the book Jud Allan roi des gamins by PAUL D’IVOI, GILBERT TEROL
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Author: PAUL D’IVOI ISBN: 1230000213803
Publisher: GILBERT TEROL Publication: January 29, 2014
Imprint: Language: French
Author: PAUL D’IVOI
ISBN: 1230000213803
Publisher: GILBERT TEROL
Publication: January 29, 2014
Imprint:
Language: French

Allan s’aperçut à peine qu’il restait seul. En face du nouveau mystère se présentant devant lui, il ressentait une sorte de vertige.

Abasourdi, les idées confuses, nul raisonnement ne lui paraissait capable d’expliquer logiquement les faits. Soudain, on gratta à la porte.

Avant qu’il eût répondu, le battant tourna légèrement sur ses gonds, et le petit chasseur Tril parut.

Le gamin mit un doigt sur ses lèvres, s’approcha de son interlocuteur, et si bas que celui-ci l’entendit à peine, il murmura :

— Il doit y avoir du nouveau. Suzan se promène sur le quai et elle a fait le signe convenu. Or, les roundsmen gardent toutes les sorties.

— Alors, qu’elle entre.

— Ce serait attirer l’attention sur elle, la mettre en danger, peut-être…

Instinctivement, le pseudo-Grey Assford se dirigea vers la fenêtre.

Juste en face de la Troisième Rue, bornant la façade de l’hôtel, une fillette, avec, sur l’épaule, un petit singe à la fourrure olivâtre, regardait dans la direction du Meyer’s. C’était Suzan.

À l’apparition du professeur de West-Point, elle eut un geste satisfait, puis ses mains décrivirent plusieurs signes dans l’air.

— Quelque chose à nous communiquer, traduisit Tril. Vous voyez.

— Sans doute… et même une chose importante, mon pauvre Tril.

— Quel drôle d’exercice fait Suzan ! Regardez-la donc, master.

En effet, la fillette avait élevé son singe à bout de bras. Elle semblait lui adresser un discours, lui désignant la croisée. Brusquement, Suzan traversa la chaussée pavée et disparut dans la Troisième Rue.

Allan restait pensif. Selon toute probabilité, la mignonne avait à lui dire ce qu’était devenu Van Reek, qu’elle était chargée de surveiller avec Top et Fall. Une légère exclamation de Tril le fit sursauter.

— Zinka là ! là !

Le gamin désignait le rebord courant à hauteur des fenêtres de l’étage. Le zaïmziri s’avançait sur l’étroite corniche, ayant au cou, suspendu par une ficelle, un objet garni d’ornements métalliques, car le soleil y piquait des points brillants. Le petit animal parvint à la croisée, et sautant sur la table, sembla inviter le pseudo Assford à le débarrasser de son fardeau.

Celui-ci ne se méprit pas à la mimique du zaïmziri. Il détacha la ficelle. L’objet qu’elle soutenait était un élégant carnet à fermoir d’or.

À peine le professeur l’eut-il pris que Zinka bondit sur la barre d’appui et disparut à l’extérieur. Jud avait ouvert le carnet. Sur la première feuille, quelques lignes au crayon :

« Van Reek a quitté l’hôtel vers quatre heures et demie, ce matin, toujours avec son uniforme de serveur. »

Tril et le professeur échangèrent un regard.

— Où a-t-il pu se cacher ? murmura le premier. J’ai fureté partout.

— Un complice, probablement, répliqua son interlocuteur.

Et, reprenant sa lecture :

« Il s’est rendu à la maison de la Troisième Rue.
« Là, il a changé de vêtements et a repris son apparence habituelle.
« Il est parti à pied, chargé seulement d’une petite valise, qui doit contenir une chose de grand prix, car il la surveille avec un soin jaloux.
« Top et Fall, emmenant Storm, se sont mis à sa « poursuite ; moi, j’ai regagné mon logement, où ils télégraphieront. Ce carnet appartient à Van Reek. Zinka, cette nuit, s’était glissé dans son logis et l’a rapporté. Il doit y avoir des notes importantes, mais je ne puis pas lire le chiffre. »

Le jeune homme tourna les pages. Des notes chiffrées appelèrent son attention. Elles affectaient cette disposition :

— 85-101-85. — 85-4-11 12-45-8. 19-8. 3-110-10-8905 : 11-10-10. 51253-6-8-11. 1901-12-6. — 7125-3 : 50.

D’autres encore s’étalaient sur divers feuillets ; mais celles-ci, relativement courtes, furent l’objet d’un examen plus approfondi de la part de Jud.

Après tout, il était condamné à attendre le bon plaisir des magistrats enquêteurs… Autant occuper ce loisir à chercher la clef du chiffre mystérieux.

Cette décision prise, Allan s’installa devant la table prit une feuille de papier et reproduisit consciencieusement les deux lignes chiffrées.

De toute évidence, chaque chiffre désignait une lettre. Il s’agissait de trouver suivant quelle loi on avait procédé à la numérotation.

— Et vous pensez deviner la signification de cela ? dit Tril.

— Non pas deviner, mais démontrer par le raisonnement.

— Je ne vois pas quel raisonnement vous pouvez faire, roi.

— Tu n’as jamais étudié les grilles ni les chiffres, Tril. Pour moi, au contraire, à l’École militaire, cette étude a tenu une place importante. Quiconque désire correspondre sans être à la merci d’une indiscrétion banale, adopte un alphabet illisible pour les non-initiés. Tu conçois cela ?

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Allan s’aperçut à peine qu’il restait seul. En face du nouveau mystère se présentant devant lui, il ressentait une sorte de vertige.

Abasourdi, les idées confuses, nul raisonnement ne lui paraissait capable d’expliquer logiquement les faits. Soudain, on gratta à la porte.

Avant qu’il eût répondu, le battant tourna légèrement sur ses gonds, et le petit chasseur Tril parut.

Le gamin mit un doigt sur ses lèvres, s’approcha de son interlocuteur, et si bas que celui-ci l’entendit à peine, il murmura :

— Il doit y avoir du nouveau. Suzan se promène sur le quai et elle a fait le signe convenu. Or, les roundsmen gardent toutes les sorties.

— Alors, qu’elle entre.

— Ce serait attirer l’attention sur elle, la mettre en danger, peut-être…

Instinctivement, le pseudo-Grey Assford se dirigea vers la fenêtre.

Juste en face de la Troisième Rue, bornant la façade de l’hôtel, une fillette, avec, sur l’épaule, un petit singe à la fourrure olivâtre, regardait dans la direction du Meyer’s. C’était Suzan.

À l’apparition du professeur de West-Point, elle eut un geste satisfait, puis ses mains décrivirent plusieurs signes dans l’air.

— Quelque chose à nous communiquer, traduisit Tril. Vous voyez.

— Sans doute… et même une chose importante, mon pauvre Tril.

— Quel drôle d’exercice fait Suzan ! Regardez-la donc, master.

En effet, la fillette avait élevé son singe à bout de bras. Elle semblait lui adresser un discours, lui désignant la croisée. Brusquement, Suzan traversa la chaussée pavée et disparut dans la Troisième Rue.

Allan restait pensif. Selon toute probabilité, la mignonne avait à lui dire ce qu’était devenu Van Reek, qu’elle était chargée de surveiller avec Top et Fall. Une légère exclamation de Tril le fit sursauter.

— Zinka là ! là !

Le gamin désignait le rebord courant à hauteur des fenêtres de l’étage. Le zaïmziri s’avançait sur l’étroite corniche, ayant au cou, suspendu par une ficelle, un objet garni d’ornements métalliques, car le soleil y piquait des points brillants. Le petit animal parvint à la croisée, et sautant sur la table, sembla inviter le pseudo Assford à le débarrasser de son fardeau.

Celui-ci ne se méprit pas à la mimique du zaïmziri. Il détacha la ficelle. L’objet qu’elle soutenait était un élégant carnet à fermoir d’or.

À peine le professeur l’eut-il pris que Zinka bondit sur la barre d’appui et disparut à l’extérieur. Jud avait ouvert le carnet. Sur la première feuille, quelques lignes au crayon :

« Van Reek a quitté l’hôtel vers quatre heures et demie, ce matin, toujours avec son uniforme de serveur. »

Tril et le professeur échangèrent un regard.

— Où a-t-il pu se cacher ? murmura le premier. J’ai fureté partout.

— Un complice, probablement, répliqua son interlocuteur.

Et, reprenant sa lecture :

« Il s’est rendu à la maison de la Troisième Rue.
« Là, il a changé de vêtements et a repris son apparence habituelle.
« Il est parti à pied, chargé seulement d’une petite valise, qui doit contenir une chose de grand prix, car il la surveille avec un soin jaloux.
« Top et Fall, emmenant Storm, se sont mis à sa « poursuite ; moi, j’ai regagné mon logement, où ils télégraphieront. Ce carnet appartient à Van Reek. Zinka, cette nuit, s’était glissé dans son logis et l’a rapporté. Il doit y avoir des notes importantes, mais je ne puis pas lire le chiffre. »

Le jeune homme tourna les pages. Des notes chiffrées appelèrent son attention. Elles affectaient cette disposition :

— 85-101-85. — 85-4-11 12-45-8. 19-8. 3-110-10-8905 : 11-10-10. 51253-6-8-11. 1901-12-6. — 7125-3 : 50.

D’autres encore s’étalaient sur divers feuillets ; mais celles-ci, relativement courtes, furent l’objet d’un examen plus approfondi de la part de Jud.

Après tout, il était condamné à attendre le bon plaisir des magistrats enquêteurs… Autant occuper ce loisir à chercher la clef du chiffre mystérieux.

Cette décision prise, Allan s’installa devant la table prit une feuille de papier et reproduisit consciencieusement les deux lignes chiffrées.

De toute évidence, chaque chiffre désignait une lettre. Il s’agissait de trouver suivant quelle loi on avait procédé à la numérotation.

— Et vous pensez deviner la signification de cela ? dit Tril.

— Non pas deviner, mais démontrer par le raisonnement.

— Je ne vois pas quel raisonnement vous pouvez faire, roi.

— Tu n’as jamais étudié les grilles ni les chiffres, Tril. Pour moi, au contraire, à l’École militaire, cette étude a tenu une place importante. Quiconque désire correspondre sans être à la merci d’une indiscrétion banale, adopte un alphabet illisible pour les non-initiés. Tu conçois cela ?

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