Histoire de la mère Michel et de son chat

Fiction & Literature, Literary
Cover of the book Histoire de la mère Michel et de son chat by ÉMILE DE LA BÉDOLLIÈRE, NA
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Author: ÉMILE DE LA BÉDOLLIÈRE ISBN: 1230000360241
Publisher: NA Publication: April 13, 2015
Imprint: Language: French
Author: ÉMILE DE LA BÉDOLLIÈRE
ISBN: 1230000360241
Publisher: NA
Publication: April 13, 2015
Imprint:
Language: French

Ce livre comporte une table des matières dynamique, a été relu et corrigé. 

Extrait:
Comment la mère Michel fît la connaissance de son chat.

Il y avait à Paris, sous le règne du feu roi Louis XV, une vieille comtesse qu’on appelait Yolande de La Grenouillère, femme riche en terres et en argent comptant : c’était une respectable dame qui distribuait volontiers des aumônes aux pauvres de Saint-Germain-l’Auxerrois, sa paroisse, et même à ceux des autres quartiers. Son mari, Roch-Eustache-Jérémie, comte de La Grenouillère, était mort glorieusement à la bataille de Fontenoy, le 11 mai 1745. La noble veuve l’avait longtemps pleuré, et le pleurait encore plusieurs fois par semaine. Restée sans enfants, dans un isolement presque complet, elle s’était abandonnée à une bizarre manie, qui ne déparait en rien, il est vrai, ses vertus réelles et ses qualités éminentes : elle avait la passion des animaux ; passion malheureuse s’il en fut, puisque tous ceux qu’elle avait possédés étaient morts entre ses bras. Le premier en date dans son affection avait été un perroquet vert, qui, pour avoir eu l’imprudence de manger du persil, avait succombé à d’effroyables coliques. Une indigestion de croquignoles avait enlevé à madame de La Grenouillère un carlin de la plus belle espérance. Un troisième favori, singe de l’intéressante famille des ouistitis, ayant un soir rompu sa chaîne, alla rôder sur les arbres du jardin, y reçut une averse et gagna un rhume de cerveau qui le conduisit à la tombe. La comtesse avait eu ensuite des oiseaux de diverses espèces ; mais les uns s’étaient envolés, les autres étaient morts de la pépie. Accablée de tant de désastres, madame de La Grenouillère versa beaucoup de larmes. Ses amis, la voyant inconsolable, lui proposèrent successivement des écureuils, des serins savants, des souris blanches, des kakatoès ; mais elle ne voulut rien entendre : elle refusa même un superbe caniche qui jouait aux dominos, dansait la gavotte, mangeait de la salade et faisait des versions grecques. « Non, non, disait-elle, je ne veux plus de bêtes chez moi ; l’air de ma maison leur est funeste ! » Elle avait fini par croire à la fatalité.
Un jour qu’elle sortait de l’église, elle vit passer une bande d’enfants qui se bousculaient à l’envi en poussant de joyeux éclats de rire. Lorsque, installée dans son carrosse, elle put dominer la multitude, elle reconnut que la cause de ce vacarme était un pauvre chat à la queue duquel des malveillants avaient attaché une casserole. L’infortuné courait depuis longtemps, sans doute, car il paraissait accablé de fatigue. Voyant qu’il ralentissait sa marche, ses persécuteurs formèrent un cercle autour de lui et commencèrent à lui jeter des pierres. Le malheureux chat courbait la tête ; certain de 

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Ce livre comporte une table des matières dynamique, a été relu et corrigé. 

Extrait:
Comment la mère Michel fît la connaissance de son chat.

Il y avait à Paris, sous le règne du feu roi Louis XV, une vieille comtesse qu’on appelait Yolande de La Grenouillère, femme riche en terres et en argent comptant : c’était une respectable dame qui distribuait volontiers des aumônes aux pauvres de Saint-Germain-l’Auxerrois, sa paroisse, et même à ceux des autres quartiers. Son mari, Roch-Eustache-Jérémie, comte de La Grenouillère, était mort glorieusement à la bataille de Fontenoy, le 11 mai 1745. La noble veuve l’avait longtemps pleuré, et le pleurait encore plusieurs fois par semaine. Restée sans enfants, dans un isolement presque complet, elle s’était abandonnée à une bizarre manie, qui ne déparait en rien, il est vrai, ses vertus réelles et ses qualités éminentes : elle avait la passion des animaux ; passion malheureuse s’il en fut, puisque tous ceux qu’elle avait possédés étaient morts entre ses bras. Le premier en date dans son affection avait été un perroquet vert, qui, pour avoir eu l’imprudence de manger du persil, avait succombé à d’effroyables coliques. Une indigestion de croquignoles avait enlevé à madame de La Grenouillère un carlin de la plus belle espérance. Un troisième favori, singe de l’intéressante famille des ouistitis, ayant un soir rompu sa chaîne, alla rôder sur les arbres du jardin, y reçut une averse et gagna un rhume de cerveau qui le conduisit à la tombe. La comtesse avait eu ensuite des oiseaux de diverses espèces ; mais les uns s’étaient envolés, les autres étaient morts de la pépie. Accablée de tant de désastres, madame de La Grenouillère versa beaucoup de larmes. Ses amis, la voyant inconsolable, lui proposèrent successivement des écureuils, des serins savants, des souris blanches, des kakatoès ; mais elle ne voulut rien entendre : elle refusa même un superbe caniche qui jouait aux dominos, dansait la gavotte, mangeait de la salade et faisait des versions grecques. « Non, non, disait-elle, je ne veux plus de bêtes chez moi ; l’air de ma maison leur est funeste ! » Elle avait fini par croire à la fatalité.
Un jour qu’elle sortait de l’église, elle vit passer une bande d’enfants qui se bousculaient à l’envi en poussant de joyeux éclats de rire. Lorsque, installée dans son carrosse, elle put dominer la multitude, elle reconnut que la cause de ce vacarme était un pauvre chat à la queue duquel des malveillants avaient attaché une casserole. L’infortuné courait depuis longtemps, sans doute, car il paraissait accablé de fatigue. Voyant qu’il ralentissait sa marche, ses persécuteurs formèrent un cercle autour de lui et commencèrent à lui jeter des pierres. Le malheureux chat courbait la tête ; certain de 

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