Force ennemie

Science Fiction & Fantasy, Science Fiction, Adventure
Cover of the book Force ennemie by JOHN-ANTOINE NAU, GILBERT TEROL
View on Amazon View on AbeBooks View on Kobo View on B.Depository View on eBay View on Walmart
Author: JOHN-ANTOINE NAU ISBN: 1230000212564
Publisher: GILBERT TEROL Publication: January 24, 2014
Imprint: Language: French
Author: JOHN-ANTOINE NAU
ISBN: 1230000212564
Publisher: GILBERT TEROL
Publication: January 24, 2014
Imprint:
Language: French

Quel étrange réveil ! Certes, je connais cette chambre, mais il me semble bien qu’il y a des mois, peut-être des années que je ne l’ai vue !

Ces parois de planches jaunes, cirées, m’ont été jadis assez familières ; mais pourquoi les avoir capitonnées depuis le parquet jusqu’à hauteur d’homme avec d’épais, d’énormes matelas recouverts de drap gris, — de « drap de wagon » ?

La lumière dorée du matin flue par une large fenêtre grillée aux barreaux médiocrement serrés.

Voyons : en me levant, en allant regarder par une vitre, je suis sûr que je vais apercevoir un grand bâtiment blanc, luisant, comme stuqué, un vaste jardin raidement dessiné par un sous-Lenôtre contemporain et une sorte de tour en bois[1] toute plissée de lamelles de jalousies.

Eh oui ! c’est bien cela ! Et je reconnais, là-bas, cette colline frisée de bosquets ; plus près, ce petit clocher frêle d’un gris doux que rosit un peu la verdure ; et, sur cette butte rougeâtre, l’orme solitaire qui paraît géant. Comment tout ce paysage peut-il m’affecter à la même minute — et comme un spectacle habituel et comme une vision perdue dans le vague des temps ? Singulière contradiction qui me trouble d’une bizarre inquiétude : serais-je devenu très vieux sans le savoir ? Aurais-je sommeillé des lustres ou un siècle ? Suis-je une espèce de très ridicule, de très vilain « Beau au bois dormant » ?

Ces sottes idées m’écrasent d’une si lourde tristesse, d’une si oppressante « pesadumbre », — diraient les Espagnols, — que je veux tout oublier, de nouveau.

Je me recouche, laisse tomber ma tête sur l’oreiller et ferme les yeux… À moi les bons menteurs de songes ou la divine inconscience !

… Cllacc — fffrrr… Ce bruit dur, — autoritaire et menaçant, dirait-on, — me terrifie au point de me paralyser. C’est à peine si j’ose entr’ouvrir les paupières et ce que j’aperçois ne me rassure nullement : un guichet bée dans la boiserie,; deux yeux bleus très pâles me dévisagent, — avec férocité, me figuré-je. Mais bientôt j’ai honte de ma couardise, je me dresse sur mon séant et crie d’une voix aussi formidable que possible :

— Qu’est-ce que vous f…ichez là ? Voulez-vous bien me laisser dormir et aller espionner ailleurs !

L’ouverture du guichet est de belles dimensions. Une tête en sort qui fait une grimace de pitié, — une tête trouée des étranges yeux pâles, — ornée d’un mince nez en bec de perroquet et de longues moustaches tombantes, plus jaunes que la paroi. Elle ouvre une bouche que tord un assez laid rictus exhibant une dentition mordorée, — à petits créneaux — et profère des sons :

— Il n’y a pas d’offense de ma part et je suis heureux de voir que ça va mieux « de la vôtre ». Si « Monsieur » veut « kekchose », je vais « vous » le sercher.

— Donnez-moi à manger… n’importe quoi ! Mais auparavant… pourriez-vous me dire ce que je fais ici ?

— Dans un estant… je vais vous ezpliquer…

L’homme referme son « guignol » et le voilà parti.

Dix minutes plus tard j’entends des grincements de verrous et le lourd clapotis d’une grosse serrure.

Le possesseur des yeux pâles et de la moustache jaune entre, agite des clefs géantes, repousse la porte et s’approche de mon lit, un plateau à la main.

— Voilà l’artique demandé.

— Merci. Mais, maintenant, allez-vous répondre à ma question de tout-à-l’heure ?

— Tout de suite… D’abord, que « Monsieur » mange.

— Bon, je ne demande pas mieux… Voyez ! Parlez à présent ! où m’a-t-on fourré ? Je vois que je ne suis pas en prison : il y a bien les verrous, mais…

— Non ! « Monsieur » n’est pas « dans la honte ». Il s’est trouvé « dans le malheur » tout simplement. « Vous » avez été malade, très malade…

— Alors je suis dans… un hôpital ?

— C’est ça, sans l’être…

— Enfin, quoi ?

— C’est une maison pour les personnes souffrantes… comme Monsieur.

— Une maison de… santé ?

— On appelle ça comme ça, des fois, — si on veut.

J’ai un frisson si violent que j’en éprouve comme une douleur dans la nuque, puis tout le long de la colonne vertébrale :

View on Amazon View on AbeBooks View on Kobo View on B.Depository View on eBay View on Walmart

Quel étrange réveil ! Certes, je connais cette chambre, mais il me semble bien qu’il y a des mois, peut-être des années que je ne l’ai vue !

Ces parois de planches jaunes, cirées, m’ont été jadis assez familières ; mais pourquoi les avoir capitonnées depuis le parquet jusqu’à hauteur d’homme avec d’épais, d’énormes matelas recouverts de drap gris, — de « drap de wagon » ?

La lumière dorée du matin flue par une large fenêtre grillée aux barreaux médiocrement serrés.

Voyons : en me levant, en allant regarder par une vitre, je suis sûr que je vais apercevoir un grand bâtiment blanc, luisant, comme stuqué, un vaste jardin raidement dessiné par un sous-Lenôtre contemporain et une sorte de tour en bois[1] toute plissée de lamelles de jalousies.

Eh oui ! c’est bien cela ! Et je reconnais, là-bas, cette colline frisée de bosquets ; plus près, ce petit clocher frêle d’un gris doux que rosit un peu la verdure ; et, sur cette butte rougeâtre, l’orme solitaire qui paraît géant. Comment tout ce paysage peut-il m’affecter à la même minute — et comme un spectacle habituel et comme une vision perdue dans le vague des temps ? Singulière contradiction qui me trouble d’une bizarre inquiétude : serais-je devenu très vieux sans le savoir ? Aurais-je sommeillé des lustres ou un siècle ? Suis-je une espèce de très ridicule, de très vilain « Beau au bois dormant » ?

Ces sottes idées m’écrasent d’une si lourde tristesse, d’une si oppressante « pesadumbre », — diraient les Espagnols, — que je veux tout oublier, de nouveau.

Je me recouche, laisse tomber ma tête sur l’oreiller et ferme les yeux… À moi les bons menteurs de songes ou la divine inconscience !

… Cllacc — fffrrr… Ce bruit dur, — autoritaire et menaçant, dirait-on, — me terrifie au point de me paralyser. C’est à peine si j’ose entr’ouvrir les paupières et ce que j’aperçois ne me rassure nullement : un guichet bée dans la boiserie,; deux yeux bleus très pâles me dévisagent, — avec férocité, me figuré-je. Mais bientôt j’ai honte de ma couardise, je me dresse sur mon séant et crie d’une voix aussi formidable que possible :

— Qu’est-ce que vous f…ichez là ? Voulez-vous bien me laisser dormir et aller espionner ailleurs !

L’ouverture du guichet est de belles dimensions. Une tête en sort qui fait une grimace de pitié, — une tête trouée des étranges yeux pâles, — ornée d’un mince nez en bec de perroquet et de longues moustaches tombantes, plus jaunes que la paroi. Elle ouvre une bouche que tord un assez laid rictus exhibant une dentition mordorée, — à petits créneaux — et profère des sons :

— Il n’y a pas d’offense de ma part et je suis heureux de voir que ça va mieux « de la vôtre ». Si « Monsieur » veut « kekchose », je vais « vous » le sercher.

— Donnez-moi à manger… n’importe quoi ! Mais auparavant… pourriez-vous me dire ce que je fais ici ?

— Dans un estant… je vais vous ezpliquer…

L’homme referme son « guignol » et le voilà parti.

Dix minutes plus tard j’entends des grincements de verrous et le lourd clapotis d’une grosse serrure.

Le possesseur des yeux pâles et de la moustache jaune entre, agite des clefs géantes, repousse la porte et s’approche de mon lit, un plateau à la main.

— Voilà l’artique demandé.

— Merci. Mais, maintenant, allez-vous répondre à ma question de tout-à-l’heure ?

— Tout de suite… D’abord, que « Monsieur » mange.

— Bon, je ne demande pas mieux… Voyez ! Parlez à présent ! où m’a-t-on fourré ? Je vois que je ne suis pas en prison : il y a bien les verrous, mais…

— Non ! « Monsieur » n’est pas « dans la honte ». Il s’est trouvé « dans le malheur » tout simplement. « Vous » avez été malade, très malade…

— Alors je suis dans… un hôpital ?

— C’est ça, sans l’être…

— Enfin, quoi ?

— C’est une maison pour les personnes souffrantes… comme Monsieur.

— Une maison de… santé ?

— On appelle ça comme ça, des fois, — si on veut.

J’ai un frisson si violent que j’en éprouve comme une douleur dans la nuque, puis tout le long de la colonne vertébrale :

More books from GILBERT TEROL

Cover of the book Enlevé ! Les aventures de David Balfour by JOHN-ANTOINE NAU
Cover of the book L'ECOLE DES ROBINSONS ANNOTE by JOHN-ANTOINE NAU
Cover of the book À la recherche du temps perdu La prisonnière Tome I et II by JOHN-ANTOINE NAU
Cover of the book Les Mémoires de Footit et Chocolat by JOHN-ANTOINE NAU
Cover of the book Sueur de Sang by JOHN-ANTOINE NAU
Cover of the book CES COQUINS AGENTS DE CHANGE by JOHN-ANTOINE NAU
Cover of the book L’Éternel Mari by JOHN-ANTOINE NAU
Cover of the book LES FRERES CORSES by JOHN-ANTOINE NAU
Cover of the book La Recherche de l’Absolu by JOHN-ANTOINE NAU
Cover of the book Les Employés by JOHN-ANTOINE NAU
Cover of the book Moi quelque part by JOHN-ANTOINE NAU
Cover of the book Le Formidable Événement by JOHN-ANTOINE NAU
Cover of the book Le Pays des fourrures by JOHN-ANTOINE NAU
Cover of the book Sac au dos Annoté by JOHN-ANTOINE NAU
Cover of the book La Gueuse parfumé by JOHN-ANTOINE NAU
We use our own "cookies" and third party cookies to improve services and to see statistical information. By using this website, you agree to our Privacy Policy