Dictionnaire Érotique moderne

Romance, Erotica
Cover of the book Dictionnaire Érotique moderne by ALFRED DELVAU, GILBERT TEROL
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Author: ALFRED DELVAU ISBN: 1230001790818
Publisher: GILBERT TEROL Publication: August 8, 2017
Imprint: Language: French
Author: ALFRED DELVAU
ISBN: 1230001790818
Publisher: GILBERT TEROL
Publication: August 8, 2017
Imprint:
Language: French

Présentation de l’éditeur :

Ce livre comporte une table des matières dynamique, a été relue et corrigé.

Il est parfaitement mis en page pour une lecture sur liseuse électronique.

Extrait :

Aucun écrivain, jusqu’à ce jour, ne s’est senti assez franc du collier ni assez ferme des rognons pour entreprendre la publication d’un Dictionnaire érotique complet ; publication jugée nécessaire cependant par tout le monde, par les gourmets aussi bien que par les goinfres, par les lettrés aussi bien que par les simples curieux.

Ce que nous avons sur la matière est bien peu de chose : le Glossarium eroticum linguæ latinæ de Pierrugues, le Dictionnaire Francois contenant les mots et les choses de Richelet, le Dictionnaire d'amour de Dreux du Radier, celui de Sylvain Maréchal, celui de Girard de Propiac, et en fin le Glossaire érotique de la langue française de M.*** (dit Louis De Landes). En apprenant, il y a trois ans, la publication de ce dernier ouvrage, j’allais renoncer à continuer le mien, que je supposais dès lors inutile ; une rapide lecture me détrompa : le Glossaire érotique de M.*** n’est autre chose que les Erotica verba du 3e volume de Rabelais, édition Desoer, — avec cette différence que les Erotica verba tiennent dans une trentaine de pages et que M.*** les a délayés dans un fort volume in-12. Mais les expressions modernes, mais les mots pittoresques, nés d’hier, qui servent d’étiquettes aux choses de la coucherie, de l’amour et de la polissonnerie, qui a eu la patience de les colliger et le courage de les nomenclaturer? Personne. La littérature contemporaine compte assurément nombre d’excellents esprits très dignes de mener à heureuse fin une œuvre de l’importance et de la nature de celle-ci : il n’en est pas un seul qui ait osé emboucher le clairon de l’émancipation, pas un qui soit parvenu à se démailloter, à se débarrasser de ses langes et de ses lisières. Ce sont en effet de si grands seigneurs que les préjugés ! de si grandes dames, les conventions ! Songez donc : appeler les choses par leur nom, — la grosse affaire !

Pour moi, qui n’ai pas la vaine superstition du langage, et qui, au contraire, possède au suprême degré la haine, presque le dégoût de la feuille de vigne que les hypocrites placent sur leurs discours — comme les vieilles femmes un couvercle sur leur pot de chambre, — j’aborde résolûment le taureau par les cornes, et j’essaie de faire, à mes risques et périls, ce que personne jusqu’ici n’a eu le courage de tenter. Car il est bien entendu que je compte pour rien le prétendu Glossaire érotique de la langue française de M.***, à qui une pudeur inexplicable a fait prendre la précaution — inutile — de s’abriter derrière un pseudonyme.

Ce qui m’a guidé dans cette intéressante besogne, à laquelle j’ai consacré de nombreuses veilles et pour laquelle je ne demande aucune récompense, — m’en étant déjà décerné une à moi-même, — ce n’a pas été de donner satisfaction aux curiosités malsaines des libertins, vieux ou jeunes, qui se jettent sur les livres obscènes comme les mouches sur des rayons de miel : j’ai trop le respect de moi-même pour descendre a une aussi puérile infamie, quelque haut prix qu’elle rapporte à son auteur. Le métier de masturbateur intellectuel peut avoir des avantages précieux pour les gens qui croient, avec Vespasien, que l’argent ne pue point ; mais comme je ne ne me sens pas le moins du monde porté à l’exercer, je ne l’exerce pas. Mes visées sont plus hautes et mes habitudes d’esprit moins malpropres. J’ai le style gaillard, mais l’intelligence chaste.

La langue française étant, de l’avis de Voltaire, « une gueuse fière à qui il faut faire l’aumône malgré elle, » j’ai voulu essayer de glisser dans la poche de son Dictionnaire légal, si pauvre, la plupart des expressions du Dictionnaire interlope, si riche, que je publie aujourd’hui, malgré ses imperfections involontaires et ses omissions inévitables. Je me suis fait le saint Vincent de Paul des nombreux mots orphelins qui grouillent dans le ruisseau, des nombreuses expressions vagabondes qui se morfondent depuis si longtemps à la porte du Dictionnaire de l’Académie, et je leur ai construit, à mes frais, un petit hospice en attendant qu’on songe à les admettre dans le grand.

Ce qui se parle doit s’écrire, et tout doit se parler — même devant les jeunes filles. Les mots ne sont pas ordres, ce sont les pensées qui sont sales. La lecture de l’Arétin et la vue des priapées du Musée secret de Naples sont moins corruptrices que beaucoup de romans que je pourrais citer, et je serais même disposé à absoudre le marquis de Sade (assuré que je suis de la parfaite innocuité de sa Justine) si ce misérable avait écrit en meilleur français : les livres dangereux sont les livres mal faits. Le libre langage de nos pères, qui effarouche tant de ridicules pudeurs, vaut cent fois mieux que notre phraséologie bégueule — et en même temps embrenée d’équivoques obscènes — dont ils se seraient si justement crevés de rire. Langue châtrée, peuple castrat. Où sont nos couilles du temps jadis ? Qu’a-t-on fait du français médullaire, si substantiel et si savoureux, de Mathurin Régnier, d’Agrippa d’Aubigné, d’Amyot, de Rabelais, de Montaigne, de Brantôme, et de tant d’autres écrivains qui besognaient fort et dru ? On l’a remplacé par le petit français d’un tas de petits écrivassiers, les uns membres — émasculés — de l’Académie, les autres dignes de le devenir. Et voilà pourquoi notre langue est muette, d’éloquente qu’elle était autrefois !

C’est à ne s’y pas reconnaître dans cette tour de Babel moderne, où l’on est arrivé, par le bégueulisme, à la confusion du langage. Jamais on n’a aussi mat écrit, ni aussi mal parlé. L’hôtel de Rambouillet, qu'on pouvait croire exproprié et démoli pour cause de clarté publique, existe avec plus de locataires que du temps de la Guirlande de Julie ; il y en a depuis le sous-sol jusqu’aux combles, maîtres et domestiques mêlés, Houssaye sur Lamartine, Musset sur Murger, Mérimée sur Aubryet, Janin sur Sainte-Beuve. Ces Précieuses mâles — du moins du sexe masculin, car mâles emporte avec soi une idée de vigueur que je ne veux pas attacher au nom de ces péronnelles en culottes, — ces Précieuses, à l’exemple de leurs aînées en jupons fessées à tour de bras par Molière, ont frappé de proscription tous les mots virils de notre langue, toutes les expressions bien bâties, qui avaient jadis droit au respect général et qui en sont réduites aujourd’hui à faire le trottoir, comme de vulgaires prostituées.

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Présentation de l’éditeur :

Ce livre comporte une table des matières dynamique, a été relue et corrigé.

Il est parfaitement mis en page pour une lecture sur liseuse électronique.

Extrait :

Aucun écrivain, jusqu’à ce jour, ne s’est senti assez franc du collier ni assez ferme des rognons pour entreprendre la publication d’un Dictionnaire érotique complet ; publication jugée nécessaire cependant par tout le monde, par les gourmets aussi bien que par les goinfres, par les lettrés aussi bien que par les simples curieux.

Ce que nous avons sur la matière est bien peu de chose : le Glossarium eroticum linguæ latinæ de Pierrugues, le Dictionnaire Francois contenant les mots et les choses de Richelet, le Dictionnaire d'amour de Dreux du Radier, celui de Sylvain Maréchal, celui de Girard de Propiac, et en fin le Glossaire érotique de la langue française de M.*** (dit Louis De Landes). En apprenant, il y a trois ans, la publication de ce dernier ouvrage, j’allais renoncer à continuer le mien, que je supposais dès lors inutile ; une rapide lecture me détrompa : le Glossaire érotique de M.*** n’est autre chose que les Erotica verba du 3e volume de Rabelais, édition Desoer, — avec cette différence que les Erotica verba tiennent dans une trentaine de pages et que M.*** les a délayés dans un fort volume in-12. Mais les expressions modernes, mais les mots pittoresques, nés d’hier, qui servent d’étiquettes aux choses de la coucherie, de l’amour et de la polissonnerie, qui a eu la patience de les colliger et le courage de les nomenclaturer? Personne. La littérature contemporaine compte assurément nombre d’excellents esprits très dignes de mener à heureuse fin une œuvre de l’importance et de la nature de celle-ci : il n’en est pas un seul qui ait osé emboucher le clairon de l’émancipation, pas un qui soit parvenu à se démailloter, à se débarrasser de ses langes et de ses lisières. Ce sont en effet de si grands seigneurs que les préjugés ! de si grandes dames, les conventions ! Songez donc : appeler les choses par leur nom, — la grosse affaire !

Pour moi, qui n’ai pas la vaine superstition du langage, et qui, au contraire, possède au suprême degré la haine, presque le dégoût de la feuille de vigne que les hypocrites placent sur leurs discours — comme les vieilles femmes un couvercle sur leur pot de chambre, — j’aborde résolûment le taureau par les cornes, et j’essaie de faire, à mes risques et périls, ce que personne jusqu’ici n’a eu le courage de tenter. Car il est bien entendu que je compte pour rien le prétendu Glossaire érotique de la langue française de M.***, à qui une pudeur inexplicable a fait prendre la précaution — inutile — de s’abriter derrière un pseudonyme.

Ce qui m’a guidé dans cette intéressante besogne, à laquelle j’ai consacré de nombreuses veilles et pour laquelle je ne demande aucune récompense, — m’en étant déjà décerné une à moi-même, — ce n’a pas été de donner satisfaction aux curiosités malsaines des libertins, vieux ou jeunes, qui se jettent sur les livres obscènes comme les mouches sur des rayons de miel : j’ai trop le respect de moi-même pour descendre a une aussi puérile infamie, quelque haut prix qu’elle rapporte à son auteur. Le métier de masturbateur intellectuel peut avoir des avantages précieux pour les gens qui croient, avec Vespasien, que l’argent ne pue point ; mais comme je ne ne me sens pas le moins du monde porté à l’exercer, je ne l’exerce pas. Mes visées sont plus hautes et mes habitudes d’esprit moins malpropres. J’ai le style gaillard, mais l’intelligence chaste.

La langue française étant, de l’avis de Voltaire, « une gueuse fière à qui il faut faire l’aumône malgré elle, » j’ai voulu essayer de glisser dans la poche de son Dictionnaire légal, si pauvre, la plupart des expressions du Dictionnaire interlope, si riche, que je publie aujourd’hui, malgré ses imperfections involontaires et ses omissions inévitables. Je me suis fait le saint Vincent de Paul des nombreux mots orphelins qui grouillent dans le ruisseau, des nombreuses expressions vagabondes qui se morfondent depuis si longtemps à la porte du Dictionnaire de l’Académie, et je leur ai construit, à mes frais, un petit hospice en attendant qu’on songe à les admettre dans le grand.

Ce qui se parle doit s’écrire, et tout doit se parler — même devant les jeunes filles. Les mots ne sont pas ordres, ce sont les pensées qui sont sales. La lecture de l’Arétin et la vue des priapées du Musée secret de Naples sont moins corruptrices que beaucoup de romans que je pourrais citer, et je serais même disposé à absoudre le marquis de Sade (assuré que je suis de la parfaite innocuité de sa Justine) si ce misérable avait écrit en meilleur français : les livres dangereux sont les livres mal faits. Le libre langage de nos pères, qui effarouche tant de ridicules pudeurs, vaut cent fois mieux que notre phraséologie bégueule — et en même temps embrenée d’équivoques obscènes — dont ils se seraient si justement crevés de rire. Langue châtrée, peuple castrat. Où sont nos couilles du temps jadis ? Qu’a-t-on fait du français médullaire, si substantiel et si savoureux, de Mathurin Régnier, d’Agrippa d’Aubigné, d’Amyot, de Rabelais, de Montaigne, de Brantôme, et de tant d’autres écrivains qui besognaient fort et dru ? On l’a remplacé par le petit français d’un tas de petits écrivassiers, les uns membres — émasculés — de l’Académie, les autres dignes de le devenir. Et voilà pourquoi notre langue est muette, d’éloquente qu’elle était autrefois !

C’est à ne s’y pas reconnaître dans cette tour de Babel moderne, où l’on est arrivé, par le bégueulisme, à la confusion du langage. Jamais on n’a aussi mat écrit, ni aussi mal parlé. L’hôtel de Rambouillet, qu'on pouvait croire exproprié et démoli pour cause de clarté publique, existe avec plus de locataires que du temps de la Guirlande de Julie ; il y en a depuis le sous-sol jusqu’aux combles, maîtres et domestiques mêlés, Houssaye sur Lamartine, Musset sur Murger, Mérimée sur Aubryet, Janin sur Sainte-Beuve. Ces Précieuses mâles — du moins du sexe masculin, car mâles emporte avec soi une idée de vigueur que je ne veux pas attacher au nom de ces péronnelles en culottes, — ces Précieuses, à l’exemple de leurs aînées en jupons fessées à tour de bras par Molière, ont frappé de proscription tous les mots virils de notre langue, toutes les expressions bien bâties, qui avaient jadis droit au respect général et qui en sont réduites aujourd’hui à faire le trottoir, comme de vulgaires prostituées.

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