Author: | Théophile Gautier, A. Ferroud | ISBN: | 1230001338546 |
Publisher: | MC | Publication: | September 8, 2016 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Théophile Gautier, A. Ferroud |
ISBN: | 1230001338546 |
Publisher: | MC |
Publication: | September 8, 2016 |
Imprint: | |
Language: | French |
Cléopâtre n’était pas très belle. Elle ne l’emportait ni en beauté ni en jeunesse sur cette chaste Octavie à qui elle prit Antoine pour la vie et la mort. « Sa beauté, dit Amyot, qui traduit Plutarque agréablement, sa beauté seule n’étoit point si incomparable qu’il n’y en eust pû bien avoir d’aussi belles comme elle, ni telle qu’elle ravît incontinent ceux qui la regardoient ; mais sa conversation, à la hanter, étoit si aimable qu’il étoit impossible d’en éviter la prise, et avec sa beauté la bonne grâce qu’elle avoit à deviser, la douceur et la gentillesse de son naturel, qui assaisonnoit tout ce qu’elle disoit ou faisoit, étoit un aiguillon qui poignoit au vif ; et il y avoit outre cela grand plaisir au son de sa voix seulement et à sa prononciation, parce que sa langue étoit comme un instrument de musique à plusieurs jeux et registres, qu’elle tournoit aisément un tel langage comme il lui plaisoit, tellement qu’elle parloit à peu de nations barbares par truchement, mais leur rendoit par elle-même réponse, au moins à la plus grande partie, comme aux Égyptiens, Arabes, Troglodytes, Hébreux, Syriens, Médois et Parthes, et à beaucoup d’autres dont elle avoit appris les langues. »
Cléopâtre n’était pas très belle. Elle ne l’emportait ni en beauté ni en jeunesse sur cette chaste Octavie à qui elle prit Antoine pour la vie et la mort. « Sa beauté, dit Amyot, qui traduit Plutarque agréablement, sa beauté seule n’étoit point si incomparable qu’il n’y en eust pû bien avoir d’aussi belles comme elle, ni telle qu’elle ravît incontinent ceux qui la regardoient ; mais sa conversation, à la hanter, étoit si aimable qu’il étoit impossible d’en éviter la prise, et avec sa beauté la bonne grâce qu’elle avoit à deviser, la douceur et la gentillesse de son naturel, qui assaisonnoit tout ce qu’elle disoit ou faisoit, étoit un aiguillon qui poignoit au vif ; et il y avoit outre cela grand plaisir au son de sa voix seulement et à sa prononciation, parce que sa langue étoit comme un instrument de musique à plusieurs jeux et registres, qu’elle tournoit aisément un tel langage comme il lui plaisoit, tellement qu’elle parloit à peu de nations barbares par truchement, mais leur rendoit par elle-même réponse, au moins à la plus grande partie, comme aux Égyptiens, Arabes, Troglodytes, Hébreux, Syriens, Médois et Parthes, et à beaucoup d’autres dont elle avoit appris les langues. »