Malheurs, malédictions et légendes sont les ingrédients respectifs de ces trois récits de Flaubert !
Trois contes est la dernière œuvre achevée de Gustave Flaubert. Publiée en 1877, elle réunit trois contes de nature et inspiration totalement différentes. Enfant de la maturité, elle donne un panorama sans égal de l'art de Flaubert, tant du point de vue du style que des sujets abordés.
C'est un vitrail de la cathédrale de Rouen qui inspire La légende de saint Julien l'Hospitalier, premier conte publié. L'idée émerge en 1844 mais l'œuvre sera publiée en 1876. Nous voilà plongés dans un temps empreint de violence et de mysticisme. Jeune noble, Julien reçoit de ses parents la plus belle enfance qui se puisse rêver ; il est vigoureux et ardent ; il aime passionnément la chasse. Après avoir massacré une horde de cerfs, il est maudit par un grand mâle. Il passe sa vie à tenter d'échapper à la malédiction et trouver le salut… Un conte exalté et puissant !
La Légende à peine terminée, Flaubert entreprend l'écriture d'Un cœur simple. Ruiné, il doit d'urgence publier un texte. Il retourne alors sur les lieux des vacances de son enfance, Pont-l'Évêque et Trouville, qui serviront de décor, minutieusement reconstitué, à ce conte. Félicité, jeune paysanne trahie par son fiancé, se place comme servante chez Madame Aubain, chez qui elle demeure jusqu'à son trépas. Condamnée à vie par la société et le destin, elle endure chaque jour, chaque malheur, avec la grâce d'un cœur simple… Un conte poignant, délicat et juste.
Inspiré d'un épisode biblique, Hérodias est pour Flaubert une épreuve. Il accumule lectures et documentation, consulte des experts et craint qu'Hérodias ressemble à Salammbô. Il termine le conte qui mêle données historiques et fables romanesques juste avant sa publication au printemps 1877. Hérode Antipas, tétrarque de Galilée, veule et superstitieux détient dans ses geôles Iaokanann, pour les chrétiens, saint Jean le Baptiste, à qui la visite du proconsul romain Vitellius offre l'ultime occasion de vilipender Hérode et sa seconde épouse, Hérodias. Elle ourdit une mortelle vengeance ; son instrument sera une jeune et lascive danseuse, Salomé, sa fille… Un conte fascinant et vénéneux.
Les Trois Contes connaissent un succès critique retentissant. Théodore de Banville parle alors de « chefs-d’œuvre absolus et parfaits » ! Ce qui unit ces trois histoires, c'est la richesse de l'inspiration et la perfection du style. D'un conte à l'autre, Flaubert nous fait partager un lieu, une époque, il brosse avec précision le portrait de ses personnages, il invite chaque lecteur, non pas dans le public, mais sur la scène, au sein même de l'action.
S'il est une œuvre de Flaubert que tout amateur ou profane doit connaître, c'est bien ce recueil. Acceptez l'invitation !
EXTRAIT D'UN COEUR SIMPLE
Il s'appelait Loulou. Son corps était vert, le bout de ses ailes rose, son front bleu, et sa gorge dorée. Mais il avait la fatigante manie de mordre son bâton, s'arrachait les plumes, éparpillait ses ordures, répandait l'eau de sa baignoire ; Mme Aubain, qu'il ennuyait, le donna pour toujours à Félicité.
Elle entreprit de l'instruire ; bientôt il répéta : « Charmant garçon ! Serviteur, monsieur ! Je vous salue, Marie ! » Il était placé auprès de la porte, dans l'angle du perron ; et plusieurs s'étonnaient qu'il ne répondît pas au nom de Jacquot, puisque tous les perroquets s'appellent Jacquot. On le comparait à une dinde, à une bûche ! autant de coups de poignard pour Félicité ! Étrange obstination de Loulou, ne parlant plus du moment qu'on le regardait !
Malheurs, malédictions et légendes sont les ingrédients respectifs de ces trois récits de Flaubert !
Trois contes est la dernière œuvre achevée de Gustave Flaubert. Publiée en 1877, elle réunit trois contes de nature et inspiration totalement différentes. Enfant de la maturité, elle donne un panorama sans égal de l'art de Flaubert, tant du point de vue du style que des sujets abordés.
C'est un vitrail de la cathédrale de Rouen qui inspire La légende de saint Julien l'Hospitalier, premier conte publié. L'idée émerge en 1844 mais l'œuvre sera publiée en 1876. Nous voilà plongés dans un temps empreint de violence et de mysticisme. Jeune noble, Julien reçoit de ses parents la plus belle enfance qui se puisse rêver ; il est vigoureux et ardent ; il aime passionnément la chasse. Après avoir massacré une horde de cerfs, il est maudit par un grand mâle. Il passe sa vie à tenter d'échapper à la malédiction et trouver le salut… Un conte exalté et puissant !
La Légende à peine terminée, Flaubert entreprend l'écriture d'Un cœur simple. Ruiné, il doit d'urgence publier un texte. Il retourne alors sur les lieux des vacances de son enfance, Pont-l'Évêque et Trouville, qui serviront de décor, minutieusement reconstitué, à ce conte. Félicité, jeune paysanne trahie par son fiancé, se place comme servante chez Madame Aubain, chez qui elle demeure jusqu'à son trépas. Condamnée à vie par la société et le destin, elle endure chaque jour, chaque malheur, avec la grâce d'un cœur simple… Un conte poignant, délicat et juste.
Inspiré d'un épisode biblique, Hérodias est pour Flaubert une épreuve. Il accumule lectures et documentation, consulte des experts et craint qu'Hérodias ressemble à Salammbô. Il termine le conte qui mêle données historiques et fables romanesques juste avant sa publication au printemps 1877. Hérode Antipas, tétrarque de Galilée, veule et superstitieux détient dans ses geôles Iaokanann, pour les chrétiens, saint Jean le Baptiste, à qui la visite du proconsul romain Vitellius offre l'ultime occasion de vilipender Hérode et sa seconde épouse, Hérodias. Elle ourdit une mortelle vengeance ; son instrument sera une jeune et lascive danseuse, Salomé, sa fille… Un conte fascinant et vénéneux.
Les Trois Contes connaissent un succès critique retentissant. Théodore de Banville parle alors de « chefs-d’œuvre absolus et parfaits » ! Ce qui unit ces trois histoires, c'est la richesse de l'inspiration et la perfection du style. D'un conte à l'autre, Flaubert nous fait partager un lieu, une époque, il brosse avec précision le portrait de ses personnages, il invite chaque lecteur, non pas dans le public, mais sur la scène, au sein même de l'action.
S'il est une œuvre de Flaubert que tout amateur ou profane doit connaître, c'est bien ce recueil. Acceptez l'invitation !
EXTRAIT D'UN COEUR SIMPLE
Il s'appelait Loulou. Son corps était vert, le bout de ses ailes rose, son front bleu, et sa gorge dorée. Mais il avait la fatigante manie de mordre son bâton, s'arrachait les plumes, éparpillait ses ordures, répandait l'eau de sa baignoire ; Mme Aubain, qu'il ennuyait, le donna pour toujours à Félicité.
Elle entreprit de l'instruire ; bientôt il répéta : « Charmant garçon ! Serviteur, monsieur ! Je vous salue, Marie ! » Il était placé auprès de la porte, dans l'angle du perron ; et plusieurs s'étonnaient qu'il ne répondît pas au nom de Jacquot, puisque tous les perroquets s'appellent Jacquot. On le comparait à une dinde, à une bûche ! autant de coups de poignard pour Félicité ! Étrange obstination de Loulou, ne parlant plus du moment qu'on le regardait !