Tondi

incursion dans la peinture de J-M. Scanreigh

Nonfiction, Art & Architecture, General Art, Criticism, Individual Artist
Cover of the book Tondi by Armand Dupuy, J.-M.Scanreigh, publie.net
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Author: Armand Dupuy, J.-M.Scanreigh ISBN: 9782814553170
Publisher: publie.net Publication: April 20, 2010
Imprint: publie.net Language: French
Author: Armand Dupuy, J.-M.Scanreigh
ISBN: 9782814553170
Publisher: publie.net
Publication: April 20, 2010
Imprint: publie.net
Language: French

On se demande d’où vient le tondo. On en a peu en tête : la vierge à la chaise de Raphaël avec ses manières, un triple autoportrait de Johannes Gumpp, un Michel-Ange. On pense aux oculus perçant aux rotondes un morceau de ciel infini et à ces décors peints imitant ces mêmes percées dans des raccourcis audacieux. La chambre des époux de Mantegna, à Mantoue. On pense à ces miroirs flamands courbant le monde dans leurs reflets. Et incidemment au visage de Méduse dans le poli du bouclier de Persée.

Sans doute les tondi de Scanreigh conservent-ils ces échos multiples puisés dans cette histoire subjective dont les peintres accompagnent leurs audaces. Autant qu’ils évoquent plus prosaïquement quelque chose d’un siphon ou de ces plaques ou coupelles dans lesquelles frayent les bactéries à l’aplomb des lentilles du chercheur.

Quand Armand Dupuy évoque à propos de la peinture de Scanreigh un « dos », « fatras sans nom, boule marécageuse, falaise ou bête féroce », on est tenté de bricoler pour soi une image de méduse, une face qui grouille prise dans la confusion du reflet courbe d’un bouclier à l’image du monde qu’il clos sur lui-même : Une image pétrifiante, aveuglante, excédant les mots que l’on voudrait tendre pour s’en saisir.

J. Liron


Si sur les cartes anciennes, la représentation du monde prend la forme circulaire d’un tondo, c’est peut-être parce que tel était le point de vue évident de la totalité : le réel dans sa nudité offerte, coupe latérale d’une terre exposée dans un déroulé circulaire ; aujourd’hui, ce que nous propose le globe vise moins une objectivité qu’une suppression du point de vue...

Et quand on retrouve le geste du tondo, qu’est ce qui décape tant le regard ? Qu’est ce qui change dans l’appréhension qu’on a de cette forme, et du monde en regard ?

Dans le tondo, on embrasse immédiatement le point de vue d’une verticalité supérieure, englobante ; perspective en surplomb qui ne peut être que celle d’une transcendance irradiante. Malgré moi, cela m’évoque les vers de Manset, pour Bashung : « À voir le monde de si haut / Comme un damier, comme un légo / Comme un imputrescible légo / Comme un insecte mais sur le dos ».

Cette vision retournée, ce dos exposé et mouvant, surpris presque dans ses déplacements, c’est précisément celle de ces tondi — mais le coup de force de Scanreigh résiderait précisément dans cette volonté de neutraliser l’objectivité : en contournant la figuration totalisante, on assiste à une sorte d’immanence sans origine, sans...

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On se demande d’où vient le tondo. On en a peu en tête : la vierge à la chaise de Raphaël avec ses manières, un triple autoportrait de Johannes Gumpp, un Michel-Ange. On pense aux oculus perçant aux rotondes un morceau de ciel infini et à ces décors peints imitant ces mêmes percées dans des raccourcis audacieux. La chambre des époux de Mantegna, à Mantoue. On pense à ces miroirs flamands courbant le monde dans leurs reflets. Et incidemment au visage de Méduse dans le poli du bouclier de Persée.

Sans doute les tondi de Scanreigh conservent-ils ces échos multiples puisés dans cette histoire subjective dont les peintres accompagnent leurs audaces. Autant qu’ils évoquent plus prosaïquement quelque chose d’un siphon ou de ces plaques ou coupelles dans lesquelles frayent les bactéries à l’aplomb des lentilles du chercheur.

Quand Armand Dupuy évoque à propos de la peinture de Scanreigh un « dos », « fatras sans nom, boule marécageuse, falaise ou bête féroce », on est tenté de bricoler pour soi une image de méduse, une face qui grouille prise dans la confusion du reflet courbe d’un bouclier à l’image du monde qu’il clos sur lui-même : Une image pétrifiante, aveuglante, excédant les mots que l’on voudrait tendre pour s’en saisir.

J. Liron


Si sur les cartes anciennes, la représentation du monde prend la forme circulaire d’un tondo, c’est peut-être parce que tel était le point de vue évident de la totalité : le réel dans sa nudité offerte, coupe latérale d’une terre exposée dans un déroulé circulaire ; aujourd’hui, ce que nous propose le globe vise moins une objectivité qu’une suppression du point de vue...

Et quand on retrouve le geste du tondo, qu’est ce qui décape tant le regard ? Qu’est ce qui change dans l’appréhension qu’on a de cette forme, et du monde en regard ?

Dans le tondo, on embrasse immédiatement le point de vue d’une verticalité supérieure, englobante ; perspective en surplomb qui ne peut être que celle d’une transcendance irradiante. Malgré moi, cela m’évoque les vers de Manset, pour Bashung : « À voir le monde de si haut / Comme un damier, comme un légo / Comme un imputrescible légo / Comme un insecte mais sur le dos ».

Cette vision retournée, ce dos exposé et mouvant, surpris presque dans ses déplacements, c’est précisément celle de ces tondi — mais le coup de force de Scanreigh résiderait précisément dans cette volonté de neutraliser l’objectivité : en contournant la figuration totalisante, on assiste à une sorte d’immanence sans origine, sans...

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