Tite Et Bérénice

Fiction & Literature, Drama, Nonfiction, Entertainment
Cover of the book Tite Et Bérénice by Pierre Corneille, Pierre Corneille
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Author: Pierre Corneille ISBN: 1230000229317
Publisher: Pierre Corneille Publication: March 30, 2014
Imprint: Language: French
Author: Pierre Corneille
ISBN: 1230000229317
Publisher: Pierre Corneille
Publication: March 30, 2014
Imprint:
Language: French

EXTRAIT:

ACTE I

Scène première

 

Domitie.

Laisse-moi mon chagrin, tout injuste qu'il est:

Je le chasse, il revient; je l'étouffe, il renaît;

Et plus nous approchons de ce grand hyménée,

Plus en dépit de moi je m'en trouve gênée.

Il fait toute ma gloire, il fait tous mes désirs:

Ne devrait-il pas faire aussi tous mes plaisirs?

Depuis plus de six mois la pompe s'en apprête,

Rome s'en fait d'avance en l'esprit une fête,

Et tandis qu'à l'envi tout l'empire l'attend,

Mon coeur dans tout l'empire est le seul mécontent.

 

Plautine.

Que trouvez-vous, madame, ou d'amer ou de rude

À voir qu'un tel bonheur n'ait plus d'incertitude?

Et quand dans quatre jours vous devez y monter,

Quel importun chagrin pouvez-vous écouter?

Si vous n'en êtes pas tout à fait la maîtresse,

Du moins à l'empereur cachez cette tristesse:

Le dangereux soupçon de n'être pas aimé

Peut le rendre à l'objet dont il fut trop charmé.

Avant qu'il vous aimât, il aimait Bérénice;

Et s'il n'en put alors faire une impératrice,

À présent il est maître, et son père au tombeau

Ne peut plus le forcer d'éteindre un feu si beau.

 

Domitie.

C'est là ce qui me gêne, et l'image importune

Qui trouble les douceurs de toute ma fortune:

J'ambitionne et crains l'hymen d'un empereur

Dont j'ai lieu de douter si j'aurai tout le coeur.

Ce pompeux appareil, où sans cesse il ajoute,

Recule chaque jour un noeud qui le dégoûte.

Il souffre chaque jour que le gouvernement

Vole ce qu'à me plaire il doit d'attachement;

Et ce qu'il en étale agit d'une manière

Qui ne m'assure point d'une âme toute entière.

Souvent même, au milieu des offres de sa foi,

Il semble tout à coup qu'il n'est pas avec moi,

Qu'il a quelque plus douce ou noble inquiétude.

Son feu de sa raison est l'effet et l'étude;

Il s'en fait un plaisir bien moins qu'un embarras,

Et s'efforce à m'aimer; mais il ne m'aime pas.

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EXTRAIT:

ACTE I

Scène première

 

Domitie.

Laisse-moi mon chagrin, tout injuste qu'il est:

Je le chasse, il revient; je l'étouffe, il renaît;

Et plus nous approchons de ce grand hyménée,

Plus en dépit de moi je m'en trouve gênée.

Il fait toute ma gloire, il fait tous mes désirs:

Ne devrait-il pas faire aussi tous mes plaisirs?

Depuis plus de six mois la pompe s'en apprête,

Rome s'en fait d'avance en l'esprit une fête,

Et tandis qu'à l'envi tout l'empire l'attend,

Mon coeur dans tout l'empire est le seul mécontent.

 

Plautine.

Que trouvez-vous, madame, ou d'amer ou de rude

À voir qu'un tel bonheur n'ait plus d'incertitude?

Et quand dans quatre jours vous devez y monter,

Quel importun chagrin pouvez-vous écouter?

Si vous n'en êtes pas tout à fait la maîtresse,

Du moins à l'empereur cachez cette tristesse:

Le dangereux soupçon de n'être pas aimé

Peut le rendre à l'objet dont il fut trop charmé.

Avant qu'il vous aimât, il aimait Bérénice;

Et s'il n'en put alors faire une impératrice,

À présent il est maître, et son père au tombeau

Ne peut plus le forcer d'éteindre un feu si beau.

 

Domitie.

C'est là ce qui me gêne, et l'image importune

Qui trouble les douceurs de toute ma fortune:

J'ambitionne et crains l'hymen d'un empereur

Dont j'ai lieu de douter si j'aurai tout le coeur.

Ce pompeux appareil, où sans cesse il ajoute,

Recule chaque jour un noeud qui le dégoûte.

Il souffre chaque jour que le gouvernement

Vole ce qu'à me plaire il doit d'attachement;

Et ce qu'il en étale agit d'une manière

Qui ne m'assure point d'une âme toute entière.

Souvent même, au milieu des offres de sa foi,

Il semble tout à coup qu'il n'est pas avec moi,

Qu'il a quelque plus douce ou noble inquiétude.

Son feu de sa raison est l'effet et l'étude;

Il s'en fait un plaisir bien moins qu'un embarras,

Et s'efforce à m'aimer; mais il ne m'aime pas.

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