Author: | Jules Barbey d'Aurevilly | ISBN: | 1230000293124 |
Publisher: | JCA | Publication: | October 15, 2014 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Jules Barbey d'Aurevilly |
ISBN: | 1230000293124 |
Publisher: | JCA |
Publication: | October 15, 2014 |
Imprint: | |
Language: | French |
QUAND TU FUS PARTIE…
I
HIER soir (car ce sera hier soir et non plus aujourd’hui quand tu liras ces lignes tracées avec un cœur plein de toi) ; hier soir, quand tu fus partie, je te suivis longtemps dans ma pensée. Je te vis, passant de toute la vitesse de tes chevaux à travers les champs de colza que j’aime ; — le ciel était criblé d’étoiles qui commençaient à babiller entre elles comme des fées joyeuses, le vent roulait dans les vagues de nacre d’un air pur la senteur du trèfle et des violettes écloses sur la lisière des fossés.
II
Mais tu ne songeais pas à regarder les étoiles ni à respirer l’air embaumé du soir ; car il y avait dans ton cœur affligé plus beau que ces étoiles scintillantes, et dans ton sein un bouquet plus doux que les parfums de la violette, c’étaient les regards qui t’avaient dit : « Je t’aime ! » toute la journée de ce jour passé trop vite, et le souvenir de celui que tu laissais derrière toi.
III
Et voilà pourquoi, bonheur passé, chose sacrée ! ces regards doivent te poursuivre dans tous tes rêves. Que ce souvenir s’ancre au plus profond de ton cœur ! Avant que tu les oublies, qu’il n’y ait plus pour ton souffle de parfums à aspirer dans la nature, ni pour ton œil d’étoiles à contempler au ciel !
QUAND TU FUS PARTIE…
I
HIER soir (car ce sera hier soir et non plus aujourd’hui quand tu liras ces lignes tracées avec un cœur plein de toi) ; hier soir, quand tu fus partie, je te suivis longtemps dans ma pensée. Je te vis, passant de toute la vitesse de tes chevaux à travers les champs de colza que j’aime ; — le ciel était criblé d’étoiles qui commençaient à babiller entre elles comme des fées joyeuses, le vent roulait dans les vagues de nacre d’un air pur la senteur du trèfle et des violettes écloses sur la lisière des fossés.
II
Mais tu ne songeais pas à regarder les étoiles ni à respirer l’air embaumé du soir ; car il y avait dans ton cœur affligé plus beau que ces étoiles scintillantes, et dans ton sein un bouquet plus doux que les parfums de la violette, c’étaient les regards qui t’avaient dit : « Je t’aime ! » toute la journée de ce jour passé trop vite, et le souvenir de celui que tu laissais derrière toi.
III
Et voilà pourquoi, bonheur passé, chose sacrée ! ces regards doivent te poursuivre dans tous tes rêves. Que ce souvenir s’ancre au plus profond de ton cœur ! Avant que tu les oublies, qu’il n’y ait plus pour ton souffle de parfums à aspirer dans la nature, ni pour ton œil d’étoiles à contempler au ciel !