Phédon

Biography & Memoir, Philosophers, Fiction & Literature, Literary
Cover of the book Phédon by Platon, NA
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Author: Platon ISBN: 1230000248008
Publisher: NA Publication: June 23, 2014
Imprint: Language: French
Author: Platon
ISBN: 1230000248008
Publisher: NA
Publication: June 23, 2014
Imprint:
Language: French

Ce livre comporte une table des matières dynamique, a été relu et corrigé.

Extrait: Nous sommes à Phliunte, ville du Péloponnèse, où il y avait, comme à Thèbes, un petit groupe de Pythagoriciens, très sympathiques au cercle socratique d’Athènes. Phédon d’Élis, qui avait assisté à la mort de Socrate, étant de passage à Phliunte, s’est rendu au synédrion (cercle) pythagoricien, où il a des amis. L’un d’eux, Échécrate, l’interroge sur les derniers moments de Socrate. Tout ce que nous en savons, dit-il, c’est qu’il a été condamné à mort, et qu’il est resté longtemps en prison. Pourquoi ? – C’est que, dit Phédon, la veille du jugement, on avait couronné la poupe du vaisseau que les Athéniens envoient tous les ans à Délos, pour commémorer la victoire de Thésée sur le Minotaure. Or, jusqu’au retour du vaisseau, la loi défend d’exécuter un condamné. – Dis-nous maintenant, reprit Échécrate, quels furent ceux qui assistèrent à son dernier jour. – C’étaient Apollodore, Criton et son fils Critobule, Hermogène, Épigène, Eschine, Antisthène, Ctèsippe et Ménexène, tous Athéniens, et, parmi les étrangers, Simmias de Thèbes, Cébès et Phaidondès, enfin Euclide et Terpsion de Mégare. Platon était malade et Aristippe et Cléombrote se trouvaient à Égine.
Nous nous rassemblions tous les jours dans la prison de Socrate ; mais, ayant appris l’arrivée du vaisseau, nous y vînmes le lendemain de grand matin. Socrate était avec sa femme Xanthippe, qui, à notre vue, se mit à pousser des cris et des plaintes. Socrate la fit reconduire et l’entretien commença. On venait de lui ôter ses fers. Le plaisir qu’il en ressentait lui inspira cette réflexion que le plaisir et son contraire, la douleur, se suivent comme s’ils étaient attachés ensemble. Si Ésope avait remarqué cela, dit-il, il en aurait composé une fable. – Cela me fait souvenir, dit Cébès, qu’Évènos m’a demandé quelle idée tu as eue de mettre en vers des fables d’Ésope. – Réponds-lui, repartit Socrate, que je l’ai fait sur l’ordre d’un songe ; salue-le de ma part, et dis-lui de me suivre le plus vite possible. Il y consentira s’il est philosophe ; cependant il ne se fera pas violence à lui-même. – Comment, demanda Cébès, accordes-tu ces deux assertions qu’il n’est pas permis de se faire violence à soi-même et d’autre part que le philosophe est disposé à suivre celui qui meurt ? – C’est que, dit Socrate, nous sommes ici-bas comme dans un poste d’où il n’est pas permis de s’évader sans le congé des dieux qui nous y ont placés. Mais, quand le moment de mourir est venu, le philosophe n’en est point fâché, parce qu’il espère trouver dans l’autre monde d’autres dieux également bons et des hommes meilleurs que ceux d’ici.
À ce moment, Criton intervint et avertit Socrate de ne point parler, s’il ne voulait pas s’échauffer et contrarier ainsi l’action du poison. Socrate ne tint aucun compte de cet avertissement. Mais cette interruption de l’entretien est un petit intermède destiné à marquer que la vraie discussion va commencer.
Quel est le but du philosophe ? Se détacher du corps autant que possible ; car les distractions que donne le corps gênent l’âme dans sa poursuite de la vérité. Pour voir le bon en soi, le beau en soi et toutes les essences, le corps est un obstacle ; on ne les saisit qu’avec la pensée seule et toute pure, en sorte qu’il faut attendre la mort pour que l’âme, séparée de lui, puisse atteindre pleinement la vérité. Le philosophe aurait donc tort de craindre la mort, après s’être exercé toute sa vie à s’abstraire de son corps, c’est-à-dire en somme après s’être exercé à mourir. – Ce que tu dis, reprit Cébès, est exact. Mais la plupart des gens ne croient pas que l’âme existe encore, une fois séparée du corps. La grande et belle espérance dont tu parles demande à être fondée sur des preuves solides.
– Examinons à fond la question, dit Socrate. Une ancienne tradition veut que les âmes qui ont quitté ce monde existent dans l’Hadès et que de là elles reviennent ici. Si nous étendons notre

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Ce livre comporte une table des matières dynamique, a été relu et corrigé.

Extrait: Nous sommes à Phliunte, ville du Péloponnèse, où il y avait, comme à Thèbes, un petit groupe de Pythagoriciens, très sympathiques au cercle socratique d’Athènes. Phédon d’Élis, qui avait assisté à la mort de Socrate, étant de passage à Phliunte, s’est rendu au synédrion (cercle) pythagoricien, où il a des amis. L’un d’eux, Échécrate, l’interroge sur les derniers moments de Socrate. Tout ce que nous en savons, dit-il, c’est qu’il a été condamné à mort, et qu’il est resté longtemps en prison. Pourquoi ? – C’est que, dit Phédon, la veille du jugement, on avait couronné la poupe du vaisseau que les Athéniens envoient tous les ans à Délos, pour commémorer la victoire de Thésée sur le Minotaure. Or, jusqu’au retour du vaisseau, la loi défend d’exécuter un condamné. – Dis-nous maintenant, reprit Échécrate, quels furent ceux qui assistèrent à son dernier jour. – C’étaient Apollodore, Criton et son fils Critobule, Hermogène, Épigène, Eschine, Antisthène, Ctèsippe et Ménexène, tous Athéniens, et, parmi les étrangers, Simmias de Thèbes, Cébès et Phaidondès, enfin Euclide et Terpsion de Mégare. Platon était malade et Aristippe et Cléombrote se trouvaient à Égine.
Nous nous rassemblions tous les jours dans la prison de Socrate ; mais, ayant appris l’arrivée du vaisseau, nous y vînmes le lendemain de grand matin. Socrate était avec sa femme Xanthippe, qui, à notre vue, se mit à pousser des cris et des plaintes. Socrate la fit reconduire et l’entretien commença. On venait de lui ôter ses fers. Le plaisir qu’il en ressentait lui inspira cette réflexion que le plaisir et son contraire, la douleur, se suivent comme s’ils étaient attachés ensemble. Si Ésope avait remarqué cela, dit-il, il en aurait composé une fable. – Cela me fait souvenir, dit Cébès, qu’Évènos m’a demandé quelle idée tu as eue de mettre en vers des fables d’Ésope. – Réponds-lui, repartit Socrate, que je l’ai fait sur l’ordre d’un songe ; salue-le de ma part, et dis-lui de me suivre le plus vite possible. Il y consentira s’il est philosophe ; cependant il ne se fera pas violence à lui-même. – Comment, demanda Cébès, accordes-tu ces deux assertions qu’il n’est pas permis de se faire violence à soi-même et d’autre part que le philosophe est disposé à suivre celui qui meurt ? – C’est que, dit Socrate, nous sommes ici-bas comme dans un poste d’où il n’est pas permis de s’évader sans le congé des dieux qui nous y ont placés. Mais, quand le moment de mourir est venu, le philosophe n’en est point fâché, parce qu’il espère trouver dans l’autre monde d’autres dieux également bons et des hommes meilleurs que ceux d’ici.
À ce moment, Criton intervint et avertit Socrate de ne point parler, s’il ne voulait pas s’échauffer et contrarier ainsi l’action du poison. Socrate ne tint aucun compte de cet avertissement. Mais cette interruption de l’entretien est un petit intermède destiné à marquer que la vraie discussion va commencer.
Quel est le but du philosophe ? Se détacher du corps autant que possible ; car les distractions que donne le corps gênent l’âme dans sa poursuite de la vérité. Pour voir le bon en soi, le beau en soi et toutes les essences, le corps est un obstacle ; on ne les saisit qu’avec la pensée seule et toute pure, en sorte qu’il faut attendre la mort pour que l’âme, séparée de lui, puisse atteindre pleinement la vérité. Le philosophe aurait donc tort de craindre la mort, après s’être exercé toute sa vie à s’abstraire de son corps, c’est-à-dire en somme après s’être exercé à mourir. – Ce que tu dis, reprit Cébès, est exact. Mais la plupart des gens ne croient pas que l’âme existe encore, une fois séparée du corps. La grande et belle espérance dont tu parles demande à être fondée sur des preuves solides.
– Examinons à fond la question, dit Socrate. Une ancienne tradition veut que les âmes qui ont quitté ce monde existent dans l’Hadès et que de là elles reviennent ici. Si nous étendons notre

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