Paula Monti

Fiction & Literature, Literary
Cover of the book Paula Monti by EUGÈNE SUE, GILBERT TEROL
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Author: EUGÈNE SUE ISBN: 1230000545457
Publisher: GILBERT TEROL Publication: July 11, 2015
Imprint: Language: French
Author: EUGÈNE SUE
ISBN: 1230000545457
Publisher: GILBERT TEROL
Publication: July 11, 2015
Imprint:
Language: French

M. de Morville ne pouvait en croire ses yeux.

Ce n’était pas une illusion… il se trouvait en présence de madame de Hansfeld.

Il faudrait le talent d’un grand artiste pour rendre le caractère énergique, sévère de ce visage impérial, pâle et beau comme un masque de marbre antique, pour peindre ce regard noir, profond, impénétrable, que les traditions du Nord prêtent aux mauvais esprits.

Qu’on excuse notre ambitieuse comparaison, mais en évoquant la qualité poétique de Cléopâtre et de lady Macbeth, on se figurerait peut-être le mélange de séduction dominatrice et de grandeur sombre empreint sur la physionomie de la Vénitienne Paula Monti, princesse de Hansfeld.

Madame de Hansfeld avait arraché son masque.

Son capuchon abattu projetait une ombre vigoureuse sur son front, tandis que le reste de son visage était vivement éclairé ; ses yeux brillaient d’un nouvel éclat au milieu du clair-obscur où se trouvait la partie supérieure de la figure.

A l’exception du rayonnement de ce regard scintillant comme une étoile dans les ténèbres, le reste de la physionomie de madame de Hansfeld était impassible.

La princesse dit à M. de Morville d’une voix mâle et grave :

— Je confie sans crainte le secret de cette entrevue à votre honneur, monsieur….

— Je serai digne de votre confiance, madame.

— Je le sais, j’ai eu besoin de cette certitude pour risquer une démarche… qu’à votre insu… vous avez provoquée….

— Moi, madame ?…

— Vos procédés seuls me forcent de venir ici, monsieur.

— Madame, expliquez-vous ? de grâce.

— Il y a environ deux mois, monsieur, vous aviez prié madame de Lormoy votre tante, que je vois assez fréquemment, de vous présenter à moi ; j’avais accédé à sa demande. Quelque jour après, vous avez annoncé à madame de Lormoy que vous ne pouviez plus vous résoudre à cette présentation.

M. de Morville baissa la tête et répondit :

— Cela est vrai, madame.

— De ce moment, monsieur, vous avez affecté de fuir tous les endroits où vous pouviez me rencontrer….

— Je ne le nie pas, madame — répondit tristement M. de Morville.

Madame de Hansfeld reprit :

— Ainsi il y a quelque temps, ignorant que madame de Senneterre m’avait donné une place dans sa loge, vous y êtes venu ; au bout d’un quart d’heure vous êtes sorti sous un vain prétexte qui n’a trompé personne….

— Cela est encore vrai, madame.

— Enfin, madame de Sémur vous ayant invité, ainsi qu’un très petit nombre de personnes, à une lecture intéressante que vous désiriez beaucoup d’entendre, vous avez accepté avec un vif plaisir. Mais madame de Sémur ayant ajouté que j’assisterais à cette réunion, vous n’y avez pas paru.

— Cela est encore vrai, madame.

— Enfin, monsieur, vous avez mis à m’éviter, une telle persistance, je devrais dire une telle affectation, qu’elle a été remarquée par bien d’autres que par moi.

— Madame… croyez….

— On vante, monsieur, la loyauté de votre caractère, on cite votre parfaite urbanité ; il vous faut donc de sérieux motifs pour afficher à mon égard des procédés si étranges…. Je me hâte de vous dire qu’ils m’eussent été très indifférents… sans une circonstance dont je dois vous entretenir….

— Madame, je sais combien ma conduite doit vous paraître bizarre, grossière, pourtant….

Madame de Hansfeld interrompit M. de Morville, avec un sourire amer :

— Encore une fois, monsieur, je ne vous ai pas demandé ce rendez-vous pour me plaindre de votre éloignement…. J’ai lieu de croire que votre résolution de m’éviter est dictée par des motifs si graves… que s’ils étaient pénétrés, le repos… la vie peut-être de deux personnes seraient compromis.

Et la princesse jeta un regard perçant sur M. de Morville.

Celui-ci répondit en rougissant :

— Je vous assure, madame, que si vous saviez….

— Je sais, monsieur — dit vivement la princesse — qu’il y a un secret entre vous et moi…. Vous avez appris ce secret dans l’intervalle du jour où vous aviez demandé à m’être présenté, et le jour fixé pour cette présentation… de ce moment a daté votre résolution de m’éviter…. Vous êtes homme d’honneur… dites-moi si je me trompe… jurez-moi que vous n’avez eu aucun motif de manifester l’éloignement dont je vous parle, jurez-moi que cet éloignement a été causé par le hasard, le caprice… je vous croirai, monsieur… et dès lors, grâce à Dieu ! cet entretien n’aura plus de but.

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M. de Morville ne pouvait en croire ses yeux.

Ce n’était pas une illusion… il se trouvait en présence de madame de Hansfeld.

Il faudrait le talent d’un grand artiste pour rendre le caractère énergique, sévère de ce visage impérial, pâle et beau comme un masque de marbre antique, pour peindre ce regard noir, profond, impénétrable, que les traditions du Nord prêtent aux mauvais esprits.

Qu’on excuse notre ambitieuse comparaison, mais en évoquant la qualité poétique de Cléopâtre et de lady Macbeth, on se figurerait peut-être le mélange de séduction dominatrice et de grandeur sombre empreint sur la physionomie de la Vénitienne Paula Monti, princesse de Hansfeld.

Madame de Hansfeld avait arraché son masque.

Son capuchon abattu projetait une ombre vigoureuse sur son front, tandis que le reste de son visage était vivement éclairé ; ses yeux brillaient d’un nouvel éclat au milieu du clair-obscur où se trouvait la partie supérieure de la figure.

A l’exception du rayonnement de ce regard scintillant comme une étoile dans les ténèbres, le reste de la physionomie de madame de Hansfeld était impassible.

La princesse dit à M. de Morville d’une voix mâle et grave :

— Je confie sans crainte le secret de cette entrevue à votre honneur, monsieur….

— Je serai digne de votre confiance, madame.

— Je le sais, j’ai eu besoin de cette certitude pour risquer une démarche… qu’à votre insu… vous avez provoquée….

— Moi, madame ?…

— Vos procédés seuls me forcent de venir ici, monsieur.

— Madame, expliquez-vous ? de grâce.

— Il y a environ deux mois, monsieur, vous aviez prié madame de Lormoy votre tante, que je vois assez fréquemment, de vous présenter à moi ; j’avais accédé à sa demande. Quelque jour après, vous avez annoncé à madame de Lormoy que vous ne pouviez plus vous résoudre à cette présentation.

M. de Morville baissa la tête et répondit :

— Cela est vrai, madame.

— De ce moment, monsieur, vous avez affecté de fuir tous les endroits où vous pouviez me rencontrer….

— Je ne le nie pas, madame — répondit tristement M. de Morville.

Madame de Hansfeld reprit :

— Ainsi il y a quelque temps, ignorant que madame de Senneterre m’avait donné une place dans sa loge, vous y êtes venu ; au bout d’un quart d’heure vous êtes sorti sous un vain prétexte qui n’a trompé personne….

— Cela est encore vrai, madame.

— Enfin, madame de Sémur vous ayant invité, ainsi qu’un très petit nombre de personnes, à une lecture intéressante que vous désiriez beaucoup d’entendre, vous avez accepté avec un vif plaisir. Mais madame de Sémur ayant ajouté que j’assisterais à cette réunion, vous n’y avez pas paru.

— Cela est encore vrai, madame.

— Enfin, monsieur, vous avez mis à m’éviter, une telle persistance, je devrais dire une telle affectation, qu’elle a été remarquée par bien d’autres que par moi.

— Madame… croyez….

— On vante, monsieur, la loyauté de votre caractère, on cite votre parfaite urbanité ; il vous faut donc de sérieux motifs pour afficher à mon égard des procédés si étranges…. Je me hâte de vous dire qu’ils m’eussent été très indifférents… sans une circonstance dont je dois vous entretenir….

— Madame, je sais combien ma conduite doit vous paraître bizarre, grossière, pourtant….

Madame de Hansfeld interrompit M. de Morville, avec un sourire amer :

— Encore une fois, monsieur, je ne vous ai pas demandé ce rendez-vous pour me plaindre de votre éloignement…. J’ai lieu de croire que votre résolution de m’éviter est dictée par des motifs si graves… que s’ils étaient pénétrés, le repos… la vie peut-être de deux personnes seraient compromis.

Et la princesse jeta un regard perçant sur M. de Morville.

Celui-ci répondit en rougissant :

— Je vous assure, madame, que si vous saviez….

— Je sais, monsieur — dit vivement la princesse — qu’il y a un secret entre vous et moi…. Vous avez appris ce secret dans l’intervalle du jour où vous aviez demandé à m’être présenté, et le jour fixé pour cette présentation… de ce moment a daté votre résolution de m’éviter…. Vous êtes homme d’honneur… dites-moi si je me trompe… jurez-moi que vous n’avez eu aucun motif de manifester l’éloignement dont je vous parle, jurez-moi que cet éloignement a été causé par le hasard, le caprice… je vous croirai, monsieur… et dès lors, grâce à Dieu ! cet entretien n’aura plus de but.

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