Outrepas

Journal 2002

Fiction & Literature, Literary
Cover of the book Outrepas by Renaud Camus, Fayard
View on Amazon View on AbeBooks View on Kobo View on B.Depository View on eBay View on Walmart
Author: Renaud Camus ISBN: 9782213648941
Publisher: Fayard Publication: June 8, 2005
Imprint: Fayard Language: French
Author: Renaud Camus
ISBN: 9782213648941
Publisher: Fayard
Publication: June 8, 2005
Imprint: Fayard
Language: French

Dimanche 21 juillet midi.

(...) ll faut un peu plus de temps, dites-vous. Mais il y a trente ans et plus que vous répétez cela, avec vos amis les Amis du Désastre. Et depuis le temps les choses n'ont pas l'air de s'arranger, malgré les assurances florides et solidement argumentées de vos experts organiques, sociologues de cour et présidents d'associations subventionnées, futurs députés et ministres, carriéristes de (antiracisme. Au contraire, elles vont plutôt de mal en pis.

Le pays a perdu tout prestige avec tout caractère, sa littérature ni son art n'intéressent plus personne, l'Éducation nationale est une garderie qui ne sait même pas garder, la violence croît, les H communautés » se tapent dessus et s'envoient au diable, tout le monde se méfie de tout le monde, nous vivons tous barricadés et sommes chaque soir endoctrinés avec méthode dans (imbécillité festive et dans (aveuglement militant. La langue, elle, est de plus en plus arthritique, de plus en plus paresseuse, de plus en plus récalcitrante au détour syntaxique, c'est-à-dire à la médiation, à (altérité de (autre et du sens, à la sortie de soi pour y revenir changé : comme si elle aussi elle avait reçu pour mission tacite de ne pas voir et surtout de ne pas dire, malgré son vacarme gâteux. Et pourquoi sortirait-on de soi, puisque ailleurs est de plus en plus pareil, pareil au même a Il n'y a plus d'ailleurs, personne n'est étranger, pas même nous.

(...) Tenons pour acquis qu'il ne se passe rien, même si c'est encore un peu prématuré. Dans la mesure où ce serait acquis, et cette fois définitivement, il y aurait là quelque chose d'assez satisfaisant pour l'esprit, pour l'« âme », pour la volonté : un socle offert à ce qui me reste à vivre. Sans doute n'est-ce pas celui que j'eusse préféré et choisi, mais je devrais pouvoir m'accommoder de lui. Pas de public, pas d'écoute, aucune «réception», comme on dit drôlement (et en effet, tu parles d'une fête !) : non seulement il n'y faut plus penser, mais - contrepartie autrement positive - on est libre de ne plus y penser. Outrepas.

View on Amazon View on AbeBooks View on Kobo View on B.Depository View on eBay View on Walmart

Dimanche 21 juillet midi.

(...) ll faut un peu plus de temps, dites-vous. Mais il y a trente ans et plus que vous répétez cela, avec vos amis les Amis du Désastre. Et depuis le temps les choses n'ont pas l'air de s'arranger, malgré les assurances florides et solidement argumentées de vos experts organiques, sociologues de cour et présidents d'associations subventionnées, futurs députés et ministres, carriéristes de (antiracisme. Au contraire, elles vont plutôt de mal en pis.

Le pays a perdu tout prestige avec tout caractère, sa littérature ni son art n'intéressent plus personne, l'Éducation nationale est une garderie qui ne sait même pas garder, la violence croît, les H communautés » se tapent dessus et s'envoient au diable, tout le monde se méfie de tout le monde, nous vivons tous barricadés et sommes chaque soir endoctrinés avec méthode dans (imbécillité festive et dans (aveuglement militant. La langue, elle, est de plus en plus arthritique, de plus en plus paresseuse, de plus en plus récalcitrante au détour syntaxique, c'est-à-dire à la médiation, à (altérité de (autre et du sens, à la sortie de soi pour y revenir changé : comme si elle aussi elle avait reçu pour mission tacite de ne pas voir et surtout de ne pas dire, malgré son vacarme gâteux. Et pourquoi sortirait-on de soi, puisque ailleurs est de plus en plus pareil, pareil au même a Il n'y a plus d'ailleurs, personne n'est étranger, pas même nous.

(...) Tenons pour acquis qu'il ne se passe rien, même si c'est encore un peu prématuré. Dans la mesure où ce serait acquis, et cette fois définitivement, il y aurait là quelque chose d'assez satisfaisant pour l'esprit, pour l'« âme », pour la volonté : un socle offert à ce qui me reste à vivre. Sans doute n'est-ce pas celui que j'eusse préféré et choisi, mais je devrais pouvoir m'accommoder de lui. Pas de public, pas d'écoute, aucune «réception», comme on dit drôlement (et en effet, tu parles d'une fête !) : non seulement il n'y faut plus penser, mais - contrepartie autrement positive - on est libre de ne plus y penser. Outrepas.

More books from Fayard

Cover of the book La musique en France depuis 1870 by Renaud Camus
Cover of the book Les nouvelles aventures de San-Antonio. Arrête ton char, Béru! by Renaud Camus
Cover of the book Moi, Pauline, L'esprit de famille by Renaud Camus
Cover of the book Traité de la vie élégante by Renaud Camus
Cover of the book L'Edda poétique by Renaud Camus
Cover of the book Lady Day by Renaud Camus
Cover of the book La Société automatique by Renaud Camus
Cover of the book Un défi de civilisation by Renaud Camus
Cover of the book Morts pour la France, tome 1 by Renaud Camus
Cover of the book Mon Paris, ma mémoire by Renaud Camus
Cover of the book Serge Gainsbourg en dix leçons by Renaud Camus
Cover of the book L'Abolition by Renaud Camus
Cover of the book Le Meilleur de la bêtise by Renaud Camus
Cover of the book Charlotte Delbo by Renaud Camus
Cover of the book La Troisième République by Renaud Camus
We use our own "cookies" and third party cookies to improve services and to see statistical information. By using this website, you agree to our Privacy Policy