Author: | Alfred De Musset | ISBN: | 1230000229542 |
Publisher: | Alfred De Musset | Publication: | March 31, 2014 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Alfred De Musset |
ISBN: | 1230000229542 |
Publisher: | Alfred De Musset |
Publication: | March 31, 2014 |
Imprint: | |
Language: | French |
EXTRAIT:
ACTE PREMIER
SCENE PREMIERE
Une place devant le château.
MAITRE BLAZIUS, DAME PLUCHE, LE CHOEUR
Doucement bercé sur sa mule fringante, messer Blazius s’avance dans
les bleuets fleuris, vêtu de neuf, l’écritoire au côté. Comme un
poupon sur l’oreiller, il se ballotte sur son ventre rebondi, et les
yeux à demi fermés, il marmotte un Pater noster dans son triple
menton. Salut, maître Blazius; vous arrivez au temps de la vendange,
pareil à une amphore antique.
MAITRE BLAZIUS
Que ceux qui veulent apprendre une nouvelle d’importance m’apportent
ici premièrement un verre de vin frais.
LE CHOEUR
Voilà notre plus grande écuelle; buvez, maître Blazius; le vin est
bon; vous parlerez après.
MAITRE BLAZIUS
Vous saurez, mes enfants, que Lejeune Perdican, fils de notre
seigneur, vient d’atteindre à sa majorité, et qu’il est reçu docteur à
Paris. Il revient aujourd’hui même au château, la bouche toute pleine
de façons de parler si belles et si fleuries, qu’on ne sait que lui
répondre les trois quarts du temps. Toute sa gracieuse personne est un
livre d’or; il ne voit pas un brin d’herbe à terre, qu’il ne vous dise
comment cela s’appelle en latin; et quand il fait du vent ou qu’il
pleut, il vous dit tout clairement pourquoi. Vous ouvririez des yeux
grands comme la porte que voilà, de le voir dérouler un des parchemins
qu’il a coloriés d’encres de toutes couleurs, de ses propres mains et
sans rien en dire à personne. Enfin c’est un diamant fin des pieds à
la tête, et voilà ce que je viens annoncer à M. le baron. Vous sentez
que cela me fait quelque honneur, à moi, qui suis son gouverneur
depuis l’âge de quatre ans; ainsi donc, mes bons amis, apportez une
chaise, que je descende un peu de cette mule-ci sans me casser le cou;
la bête est tant soit peu rétive, et je ne serais pas fâché de boire
encore une gorgée avant d’entrer.
LE CHOEUR
Buvez, maître Blazius, et reprenez vos esprits. Nous avons vu naître
le petit Perdican, et il n’était pas besoin, du moment qu’il arrive,
de nous en dire si long. Puissions-nous retrouver l’enfant dans le
coeur de l’homme!
EXTRAIT:
ACTE PREMIER
SCENE PREMIERE
Une place devant le château.
MAITRE BLAZIUS, DAME PLUCHE, LE CHOEUR
Doucement bercé sur sa mule fringante, messer Blazius s’avance dans
les bleuets fleuris, vêtu de neuf, l’écritoire au côté. Comme un
poupon sur l’oreiller, il se ballotte sur son ventre rebondi, et les
yeux à demi fermés, il marmotte un Pater noster dans son triple
menton. Salut, maître Blazius; vous arrivez au temps de la vendange,
pareil à une amphore antique.
MAITRE BLAZIUS
Que ceux qui veulent apprendre une nouvelle d’importance m’apportent
ici premièrement un verre de vin frais.
LE CHOEUR
Voilà notre plus grande écuelle; buvez, maître Blazius; le vin est
bon; vous parlerez après.
MAITRE BLAZIUS
Vous saurez, mes enfants, que Lejeune Perdican, fils de notre
seigneur, vient d’atteindre à sa majorité, et qu’il est reçu docteur à
Paris. Il revient aujourd’hui même au château, la bouche toute pleine
de façons de parler si belles et si fleuries, qu’on ne sait que lui
répondre les trois quarts du temps. Toute sa gracieuse personne est un
livre d’or; il ne voit pas un brin d’herbe à terre, qu’il ne vous dise
comment cela s’appelle en latin; et quand il fait du vent ou qu’il
pleut, il vous dit tout clairement pourquoi. Vous ouvririez des yeux
grands comme la porte que voilà, de le voir dérouler un des parchemins
qu’il a coloriés d’encres de toutes couleurs, de ses propres mains et
sans rien en dire à personne. Enfin c’est un diamant fin des pieds à
la tête, et voilà ce que je viens annoncer à M. le baron. Vous sentez
que cela me fait quelque honneur, à moi, qui suis son gouverneur
depuis l’âge de quatre ans; ainsi donc, mes bons amis, apportez une
chaise, que je descende un peu de cette mule-ci sans me casser le cou;
la bête est tant soit peu rétive, et je ne serais pas fâché de boire
encore une gorgée avant d’entrer.
LE CHOEUR
Buvez, maître Blazius, et reprenez vos esprits. Nous avons vu naître
le petit Perdican, et il n’était pas besoin, du moment qu’il arrive,
de nous en dire si long. Puissions-nous retrouver l’enfant dans le
coeur de l’homme!