Nina-42 (Partie A)

            Nina aborde et traverse sa quarante-deuxième année dans une soudaine inaptitude au monde professionnel, et avec une habituelle et envahissante méfiance envers les Autres et l’Autre en elle. Parasitée par l’omniprésence d’un traumatisme plus que trentenaire, elle passe les années, les lustres et les décennies sans voir les rides se creuser sur son visage, sans vivre pleinement les facettes qui font d’elle un Homme, agueusique de la vie, toute occupée qu’elle est à déprécier ce qui est vivifiant. Fier-à-bras et matamore, elle est un parangon de la palabre et du verbiage, persuadée de la justesse de son bras de fer quotidien contre les plaisirs qui font la vie, mais qui sont assurément à elle inadaptés, irrévocable victime et humain coupé de lui -même.

Lasse, elle condescend à s’orienter vers un nouveau chemin : celui qui la mènera à la connaissance de son essence et de son existence pour enfin se défaire de ce comportement bizarre consistant à piétiner tout en elle. Une dynamique vitale la conduit à se construire telle qu’elle aurait dû être sans la violence du viol, des tortures et des mensonges.

Ainsi, par les mots, les rêves et environs 80 dessins, elle retrace la façon dont elle tente de reconquérir une place dans le monde des uns et des autres, elle reclasse son corps déclassé, elle prend la mesure des symboles signifiants qui jalonnent son quotidien, elle cesse de considérer comme déshonorant l’accomplissement de la femme en elle. Bref, elle va à la rencontre d’elle-même, dans l’espoir d’abord inavoué d’un triomphe : celui de l’amour de soi qui mène à l’amour des autres.