Author: | Jules Laforgue | ISBN: | 1230000251677 |
Publisher: | PRB | Publication: | July 11, 2014 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Jules Laforgue |
ISBN: | 1230000251677 |
Publisher: | PRB |
Publication: | July 11, 2014 |
Imprint: | |
Language: | French |
Moralités Légendaires - Jules Laforgue
Ce livre comporte une table des matières dynamique.
Il est parfaitement mis en page pour une lecture sur liseuse électronique.
Jules Laforgue (1860 - 1887) est un poète français. Connu pour être un des inventeurs du vers libre, il mêle en une vision pessimiste du monde mélancolie, humour et familiarité du style parlé.
Moralités Légendaires est sont des contes en prose publié en 1887.
Extrait :
De sa fenêtre préférée, si chevrotante à s’ouvrir avec ses grêles vitres jaunes losangées de mailles de plomb, Hamlet, personnage étrange, pouvait, quand ça le prenait, faire des ronds dans l’eau, dans l’eau, autant dire dans le ciel. Voilà quel fut le point de départ de ses méditations et de ses aberrations. La tour où, depuis l’irrégulier décès de son père, le jeune prince s’est décidément arrangé pour vivre, se dresse en lépreuse sentinelle oubliée, au bout du parc royal, au bord de la mer qui est à tous.
Ce coin de parc est le cloaque où l’on jette les détritus des serres, les décatis bouquets des galas éphémères. La mer est le Sund, aux flots sur qui on ne peut faire fonds, avec la côte de Norwège en vue ou la ville d’Helsingborg, ce nid de l’indigent et positif prince Fortimbras.
L’assise de la tour où le jeune et infortuné prince s’est décidément arrangé pour vivre, croupit au bord d’une anse stagnante où le Sund s’arrange aussi pour envoyer moisir le moins clair de l’écume d’épave de ses quotidiens et impersonnels travaux.
Ô pauvre anse stagnante ! Les flottilles des cygnes royaux à l’œil narquois n’y font guère escale. Du fond vaseux de paquets d’herbages, là, montent, aux pluvieux crépuscules, vers la fenêtre de ce prince si humain, les chœurs d’antiques ménages de crapauds, râles glaireux expectorés par de catarrheux vieillards dont un rien de variation atmosphérique dérange les rhumatismes ou les gluantes pontes. Et les derniers remous des bateaux laborieux viennent troubler à peine, non plus que les perpétuelles averses, la maladie de peau de ce coin d’eau mûre, oxydée d’une bave de fiel balayée (comme de la malachite liquide), cataplasmée çà et là de groupes de feuilles plates en forme de cœur autour de rudimentaires tulipes jaunes, hérissée çà
et là de maigres bouquets de joncs fleuris, de frêles ombelles semblables, entre parenthèses, à la fleur de la carotte dans nos climats...
Table des Matières :
- HAMLET OU LES SUITES DE LA PIÉTÉ FILIALE
- LE MIRACLE DES ROSES
- LOHENGRIN, FILS DE PARSIFAL
- SALOMÉ
- PAN ET LA SYRINX OU L’INVENTION DE LA FLÛTE À SEPT TUYAUX
- PERSÉE ET ANDROMÈDE OU LE PLUS HEUREUX DES TROIS
Moralités Légendaires - Jules Laforgue
Ce livre comporte une table des matières dynamique.
Il est parfaitement mis en page pour une lecture sur liseuse électronique.
Jules Laforgue (1860 - 1887) est un poète français. Connu pour être un des inventeurs du vers libre, il mêle en une vision pessimiste du monde mélancolie, humour et familiarité du style parlé.
Moralités Légendaires est sont des contes en prose publié en 1887.
Extrait :
De sa fenêtre préférée, si chevrotante à s’ouvrir avec ses grêles vitres jaunes losangées de mailles de plomb, Hamlet, personnage étrange, pouvait, quand ça le prenait, faire des ronds dans l’eau, dans l’eau, autant dire dans le ciel. Voilà quel fut le point de départ de ses méditations et de ses aberrations. La tour où, depuis l’irrégulier décès de son père, le jeune prince s’est décidément arrangé pour vivre, se dresse en lépreuse sentinelle oubliée, au bout du parc royal, au bord de la mer qui est à tous.
Ce coin de parc est le cloaque où l’on jette les détritus des serres, les décatis bouquets des galas éphémères. La mer est le Sund, aux flots sur qui on ne peut faire fonds, avec la côte de Norwège en vue ou la ville d’Helsingborg, ce nid de l’indigent et positif prince Fortimbras.
L’assise de la tour où le jeune et infortuné prince s’est décidément arrangé pour vivre, croupit au bord d’une anse stagnante où le Sund s’arrange aussi pour envoyer moisir le moins clair de l’écume d’épave de ses quotidiens et impersonnels travaux.
Ô pauvre anse stagnante ! Les flottilles des cygnes royaux à l’œil narquois n’y font guère escale. Du fond vaseux de paquets d’herbages, là, montent, aux pluvieux crépuscules, vers la fenêtre de ce prince si humain, les chœurs d’antiques ménages de crapauds, râles glaireux expectorés par de catarrheux vieillards dont un rien de variation atmosphérique dérange les rhumatismes ou les gluantes pontes. Et les derniers remous des bateaux laborieux viennent troubler à peine, non plus que les perpétuelles averses, la maladie de peau de ce coin d’eau mûre, oxydée d’une bave de fiel balayée (comme de la malachite liquide), cataplasmée çà et là de groupes de feuilles plates en forme de cœur autour de rudimentaires tulipes jaunes, hérissée çà
et là de maigres bouquets de joncs fleuris, de frêles ombelles semblables, entre parenthèses, à la fleur de la carotte dans nos climats...
Table des Matières :
- HAMLET OU LES SUITES DE LA PIÉTÉ FILIALE
- LE MIRACLE DES ROSES
- LOHENGRIN, FILS DE PARSIFAL
- SALOMÉ
- PAN ET LA SYRINX OU L’INVENTION DE LA FLÛTE À SEPT TUYAUX
- PERSÉE ET ANDROMÈDE OU LE PLUS HEUREUX DES TROIS