Author: | Eugène Scribe | ISBN: | 1230000660990 |
Publisher: | Genevieve LECOINTE | Publication: | September 13, 2015 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Eugène Scribe |
ISBN: | 1230000660990 |
Publisher: | Genevieve LECOINTE |
Publication: | September 13, 2015 |
Imprint: | |
Language: | French |
Lorsqu’on gravit les sommités de la rue Saint-Jacques et qu’on est arrivé à pied jusqu’à la place Cambrai (je dis à pied, car les fiacres s’élèvent rarement à cette hauteur), on s’arrête d’ordinaire, ne fût-ce que pour reprendre haleine, et inspiré par l’air du pays latin, air épais, scientifique et imprégné de citations, on est tenté de s’écrier :
Hic tandem stetimus nobis ubi defuit orbis ?
Que si cependant le voyageur essoufflé ne perd pas courage et se dirige à l’est, vers l’endroit où la place Cambrai va toujours en se rétrécissant ; qu’il laisse à sa gauche la rue des Sept-Voies, rue obscure et boueuse, où les balayeurs et le gaz n’ont pas encore pénétré ; qu’il gravisse intrépidement la rue Charretière, espèce d’escalier sans rampe et à pic, il arrivera, après quelques minutes d’ascension, en face d’un vieux portique que je n’ai jamais pu voir sans émotion : c’est l’entrée du collège de Sainte-Barbe, état constitutionnel placé entre deux gouvernements absolus, Henri IV et Louis-le-Grand[1], borné au nord par la rue de Reims, et au midi par les bâtiments de Montaigu et la rue Jean-Hubert. Jean-Hubert ! ce nom fut celui d’un bon curé de Saint-Jean-de-Latran, qui, dans le mois de mai 1430, fonda en la ville de Paris, au haut de la montagne Sainte-Geneviève, un collège qu’il mit sous le nom et la protection de Sainte-Barbe, patronne de sa mère ; collège bientôt célèbre, et qui, pour soutenir sa gloire, ne s’est pas contenté, comme tant d’illustres maisons, de sa haute antiquité et de ses quatre cents ans de noblesse. Il a conservé intacte d’âge en âge la haute réputation de ses études et de sa discipline classique.
Lorsqu’on gravit les sommités de la rue Saint-Jacques et qu’on est arrivé à pied jusqu’à la place Cambrai (je dis à pied, car les fiacres s’élèvent rarement à cette hauteur), on s’arrête d’ordinaire, ne fût-ce que pour reprendre haleine, et inspiré par l’air du pays latin, air épais, scientifique et imprégné de citations, on est tenté de s’écrier :
Hic tandem stetimus nobis ubi defuit orbis ?
Que si cependant le voyageur essoufflé ne perd pas courage et se dirige à l’est, vers l’endroit où la place Cambrai va toujours en se rétrécissant ; qu’il laisse à sa gauche la rue des Sept-Voies, rue obscure et boueuse, où les balayeurs et le gaz n’ont pas encore pénétré ; qu’il gravisse intrépidement la rue Charretière, espèce d’escalier sans rampe et à pic, il arrivera, après quelques minutes d’ascension, en face d’un vieux portique que je n’ai jamais pu voir sans émotion : c’est l’entrée du collège de Sainte-Barbe, état constitutionnel placé entre deux gouvernements absolus, Henri IV et Louis-le-Grand[1], borné au nord par la rue de Reims, et au midi par les bâtiments de Montaigu et la rue Jean-Hubert. Jean-Hubert ! ce nom fut celui d’un bon curé de Saint-Jean-de-Latran, qui, dans le mois de mai 1430, fonda en la ville de Paris, au haut de la montagne Sainte-Geneviève, un collège qu’il mit sous le nom et la protection de Sainte-Barbe, patronne de sa mère ; collège bientôt célèbre, et qui, pour soutenir sa gloire, ne s’est pas contenté, comme tant d’illustres maisons, de sa haute antiquité et de ses quatre cents ans de noblesse. Il a conservé intacte d’âge en âge la haute réputation de ses études et de sa discipline classique.