Parce que cet homme illustre a laissé des pamphlets, tout remplis de la curiosité, de la grâce et de l'intérêt du roman, nous aurions tort de le priver de son vrai titre, et de ne pas le mettre au premier rang des hommes politiques de l'Angleterre.—Il est l'auteur du fameux Conte du Tonneau.—Il écrivait en se jouant, d'une plume acérée et moqueuse, les Voyages de Gulliver, la plus amusante et la plus populaire des satires, devenue un jouet d'enfant... Ceux-là cependant se tromperaient... (tant les hommes les plus distingués connaissent peu leurs vrais mérites!) qui placeraient le doyen de Saint-Patrick, Jonathan Swift, parmi les poëtes et les romanciers de la nation qui produisit, à la même heure et le même jour, Samuel Richardson et Fielding, Clarisse Harlowe et Tom Jones. Swift, armé d'ironie, et robuste écrivain, alerte à toutes les questions, prompt à l'attaque, habile à la défense, eût été bien étonné, j'ai presque dit humilié, si quelque esprit, bon critique, eût affirmé à ce rude jouteur que, tous les hommes qu'il attaquait ou qu'il défendait étant morts; que toutes ces questions brûlantes, qui le tenaient en si grand éveil, étant oubliées; que ces pamphlets dont il faisait sa gloire étant retombés dans le néant, Jonathan Swift, honoré d'un titre populaire (on dit le doyen, en Irlande, comme à Rome on disait le poëte, en parlant de Virgile) échapperait à ce naufrage éternel, grâce à certains côtés, voisins de la comédie. Ah! que de fois elle reste où l'histoire a passé!
Parce que cet homme illustre a laissé des pamphlets, tout remplis de la curiosité, de la grâce et de l'intérêt du roman, nous aurions tort de le priver de son vrai titre, et de ne pas le mettre au premier rang des hommes politiques de l'Angleterre.—Il est l'auteur du fameux Conte du Tonneau.—Il écrivait en se jouant, d'une plume acérée et moqueuse, les Voyages de Gulliver, la plus amusante et la plus populaire des satires, devenue un jouet d'enfant... Ceux-là cependant se tromperaient... (tant les hommes les plus distingués connaissent peu leurs vrais mérites!) qui placeraient le doyen de Saint-Patrick, Jonathan Swift, parmi les poëtes et les romanciers de la nation qui produisit, à la même heure et le même jour, Samuel Richardson et Fielding, Clarisse Harlowe et Tom Jones. Swift, armé d'ironie, et robuste écrivain, alerte à toutes les questions, prompt à l'attaque, habile à la défense, eût été bien étonné, j'ai presque dit humilié, si quelque esprit, bon critique, eût affirmé à ce rude jouteur que, tous les hommes qu'il attaquait ou qu'il défendait étant morts; que toutes ces questions brûlantes, qui le tenaient en si grand éveil, étant oubliées; que ces pamphlets dont il faisait sa gloire étant retombés dans le néant, Jonathan Swift, honoré d'un titre populaire (on dit le doyen, en Irlande, comme à Rome on disait le poëte, en parlant de Virgile) échapperait à ce naufrage éternel, grâce à certains côtés, voisins de la comédie. Ah! que de fois elle reste où l'histoire a passé!