AUX AMIS INCONNUS Ces vers, je les dédie aux amis inconnus, A vous, les étrangers en qui je sens des proches, Rivaux de ceux que j’aime et qui m’aiment le plus, Frères envers qui seuls mon coeur est sans reproches Et dont les coeurs au mien sont librement venus. Comme on voit les ramiers sevrés de leurs volières Rapporter sans faillir, par les cieux infinis, Un cher message aux mains qui leur sont familières, Nos poëmes parfois nous reviennent bénis, Chauds d’un accueil lointain d’âmes hospitalières. Et quel triomphe alors! quelle félicité Orgueilleuse, mais tendre et pure nous inonde, Quand répond à nos voix leur écho suscité Par delà le vulgaire en l’invisible monde Où les fiers et les doux se sont fait leur cité! Et nous la méritons, cette ivresse suprême, Car si l’humanité tolère encor nos chants, C’est que notre élégie est son propre poëme, Et que seuls nous savons, sur des rhythmes touchants, En lui parlant de nous lui parler d’elle-même
AUX AMIS INCONNUS Ces vers, je les dédie aux amis inconnus, A vous, les étrangers en qui je sens des proches, Rivaux de ceux que j’aime et qui m’aiment le plus, Frères envers qui seuls mon coeur est sans reproches Et dont les coeurs au mien sont librement venus. Comme on voit les ramiers sevrés de leurs volières Rapporter sans faillir, par les cieux infinis, Un cher message aux mains qui leur sont familières, Nos poëmes parfois nous reviennent bénis, Chauds d’un accueil lointain d’âmes hospitalières. Et quel triomphe alors! quelle félicité Orgueilleuse, mais tendre et pure nous inonde, Quand répond à nos voix leur écho suscité Par delà le vulgaire en l’invisible monde Où les fiers et les doux se sont fait leur cité! Et nous la méritons, cette ivresse suprême, Car si l’humanité tolère encor nos chants, C’est que notre élégie est son propre poëme, Et que seuls nous savons, sur des rhythmes touchants, En lui parlant de nous lui parler d’elle-même