Author: | Eugène Sue | ISBN: | 1230000251807 |
Publisher: | Largau | Publication: | July 12, 2014 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Eugène Sue |
ISBN: | 1230000251807 |
Publisher: | Largau |
Publication: | July 12, 2014 |
Imprint: | |
Language: | French |
Extrait di livre :
L'église et le presbytère de Bouqueval s'élevaient à mi-côte au milieu d'une châtaigneraie, d'où l'on dominait le village.
Fleur-de-Marie et l'abbé gagnèrent un sentier sinueux qui conduisait à la maison curiale, en traversant le chemin creux dont cette colline était diagonalement coupée.
La Chouette, le Maître d'école et Tortillard, tapis dans une des anfractuosités de ce chemin, virent le prêtre et Fleur-de-Marie descendre dans la ravine et en sortir par une pente escarpée. Les traits de la jeune fille étant cachés sous le capuchon de sa mante, la borgnesse ne reconnut pas son ancienne victime.
—Silence, mon homme ! dit la vieille au Maître d'école, la gosseline [La jeune fille.] et le sanglier [Le prêtre.] viennent de passer la traviole [Le chemin creux.] ; c'est bien elle, d'après le signalement que nous a donné le grand homme en deuil : tenue campagnarde, taille moyenne, jupe rayée de brun, mante de laine à bordure noire. Elle reconduit comme ça tous les jours le sanglier à sa cassine, et elle revient toute seule. Quand elle va repasser tout à l'heure, là, au bout du chemin, il faudra tomber dessus, l'enlever pour la porter dans la voiture.
—Et si elle crie au secours ? reprit le Maître d'école, on l'entendra à la ferme, puisque vous dites que l'on en voit les bâtiments d'ici ; car vous voyez... vous autres, ajouta-t-il d'une voix sourde.
—Bien sûr que d'ici on voit les bâtiments tout proche, dit Tortillard. Il y a un instant, j'ai grimpé au haut du talus en me traînant sur le ventre. J'ai entendu un charretier qui parlait à ses chevaux dans cette cour là-bas...
—Alors voilà ce qu'il faut faire, reprit le Maître d'école après un moment de silence : Tortillard va se mettre au guet à l'entrée du sentier.
Quand il verra la petite venir de loin, il ira au-devant d'elle en criant qu'il est fils d'une pauvre vieille femme qui s'est blessée en tombant dans le chemin creux, et il suppliera la jeune fille de venir à son secours.
—J'y suis, Fourline. La pauvre vieille, ça sera ta Chouette. Bien sorbonné [Bien raisonné.]. Mon homme, tu es toujours le roi des têtards [Des hommes de tête.] ! Et après, qu'est-ce que je ferai ?
—Tu t'enfonceras bien dans le chemin creux du côté où attend Barbillon avec le fiacre... Je me cacherai tout près. Quand Tortillard t'aura amené la petite au milieu de la ravine, cesse de geindre et saute dessus, une main autour de son colas [Du cou.], et l'autre dans sa bavarde pour lui arquepincer le chiffon rouge [L'autre dans la bouche, pour lui prendre la langue.] et l'empêcher de crier...
Extrait di livre :
L'église et le presbytère de Bouqueval s'élevaient à mi-côte au milieu d'une châtaigneraie, d'où l'on dominait le village.
Fleur-de-Marie et l'abbé gagnèrent un sentier sinueux qui conduisait à la maison curiale, en traversant le chemin creux dont cette colline était diagonalement coupée.
La Chouette, le Maître d'école et Tortillard, tapis dans une des anfractuosités de ce chemin, virent le prêtre et Fleur-de-Marie descendre dans la ravine et en sortir par une pente escarpée. Les traits de la jeune fille étant cachés sous le capuchon de sa mante, la borgnesse ne reconnut pas son ancienne victime.
—Silence, mon homme ! dit la vieille au Maître d'école, la gosseline [La jeune fille.] et le sanglier [Le prêtre.] viennent de passer la traviole [Le chemin creux.] ; c'est bien elle, d'après le signalement que nous a donné le grand homme en deuil : tenue campagnarde, taille moyenne, jupe rayée de brun, mante de laine à bordure noire. Elle reconduit comme ça tous les jours le sanglier à sa cassine, et elle revient toute seule. Quand elle va repasser tout à l'heure, là, au bout du chemin, il faudra tomber dessus, l'enlever pour la porter dans la voiture.
—Et si elle crie au secours ? reprit le Maître d'école, on l'entendra à la ferme, puisque vous dites que l'on en voit les bâtiments d'ici ; car vous voyez... vous autres, ajouta-t-il d'une voix sourde.
—Bien sûr que d'ici on voit les bâtiments tout proche, dit Tortillard. Il y a un instant, j'ai grimpé au haut du talus en me traînant sur le ventre. J'ai entendu un charretier qui parlait à ses chevaux dans cette cour là-bas...
—Alors voilà ce qu'il faut faire, reprit le Maître d'école après un moment de silence : Tortillard va se mettre au guet à l'entrée du sentier.
Quand il verra la petite venir de loin, il ira au-devant d'elle en criant qu'il est fils d'une pauvre vieille femme qui s'est blessée en tombant dans le chemin creux, et il suppliera la jeune fille de venir à son secours.
—J'y suis, Fourline. La pauvre vieille, ça sera ta Chouette. Bien sorbonné [Bien raisonné.]. Mon homme, tu es toujours le roi des têtards [Des hommes de tête.] ! Et après, qu'est-ce que je ferai ?
—Tu t'enfonceras bien dans le chemin creux du côté où attend Barbillon avec le fiacre... Je me cacherai tout près. Quand Tortillard t'aura amené la petite au milieu de la ravine, cesse de geindre et saute dessus, une main autour de son colas [Du cou.], et l'autre dans sa bavarde pour lui arquepincer le chiffon rouge [L'autre dans la bouche, pour lui prendre la langue.] et l'empêcher de crier...