Author: | Tacite, Jean-Louis Burnouf | ISBN: | 1230000308449 |
Publisher: | AML | Publication: | February 28, 2015 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Tacite, Jean-Louis Burnouf |
ISBN: | 1230000308449 |
Publisher: | AML |
Publication: | February 28, 2015 |
Imprint: | |
Language: | French |
Extrait :
Je commencerai mon ouvrage au deuxième consulat de Servius Galba, qui eut pour collègue T. Vinius1 Les huit cent
vingt ans écoulés depuis la fondation de Rome jusqu’à cette époque n’ont pas manqué d’historiens ; et, tant que
l’histoire fut celle du peuple romain, elle fut écrite avec autant d’éloquence que de liberté. Mais après la
bataille d’Actium, quand le pouvoir d’un seul devint une condition de la paix, ces grands génies disparurent.
Plusieurs causes d’ailleurs altérèrent la vérité : d’abord l’ignorance d’intérêts politiques où l’on n’avait
plus de part ; ensuite l’esprit d’adulation ; quelquefois aussi la haine du pouvoir. Ou esclaves ou ennemis,
tous oubliaient également la postérité. Mais l’écrivain qui fait sa cour éveille assez la défiance, tandis que
la détraction et l’envie trouvent des oreilles toujours ouvertes. C’est que la flatterie porte le honteux caractère
de la servitude ; la malignité plaît par un faux air d’indépendance. Pour moi, Galba, Othon, Vitellius, ne me sont
connus ni par le bienfait ni par l’injure. Vespasien commença mes honneurs ; Titus y ajouta, Domitien les accrut
encore, j’en conviens ; mais un historien qui se consacre à la vérité doit parler de chacun sans amour et sans haine.
Que s’il me reste assez de vie, j’ai réservé pour ma vieillesse un sujet plus riche et plus paisible, le règne de Nerva
et l’empire de Trajan, rares et heureux temps, où il est permis de penser ce qu’on veut, et de dire ce qu’on pense...
Extrait :
Je commencerai mon ouvrage au deuxième consulat de Servius Galba, qui eut pour collègue T. Vinius1 Les huit cent
vingt ans écoulés depuis la fondation de Rome jusqu’à cette époque n’ont pas manqué d’historiens ; et, tant que
l’histoire fut celle du peuple romain, elle fut écrite avec autant d’éloquence que de liberté. Mais après la
bataille d’Actium, quand le pouvoir d’un seul devint une condition de la paix, ces grands génies disparurent.
Plusieurs causes d’ailleurs altérèrent la vérité : d’abord l’ignorance d’intérêts politiques où l’on n’avait
plus de part ; ensuite l’esprit d’adulation ; quelquefois aussi la haine du pouvoir. Ou esclaves ou ennemis,
tous oubliaient également la postérité. Mais l’écrivain qui fait sa cour éveille assez la défiance, tandis que
la détraction et l’envie trouvent des oreilles toujours ouvertes. C’est que la flatterie porte le honteux caractère
de la servitude ; la malignité plaît par un faux air d’indépendance. Pour moi, Galba, Othon, Vitellius, ne me sont
connus ni par le bienfait ni par l’injure. Vespasien commença mes honneurs ; Titus y ajouta, Domitien les accrut
encore, j’en conviens ; mais un historien qui se consacre à la vérité doit parler de chacun sans amour et sans haine.
Que s’il me reste assez de vie, j’ai réservé pour ma vieillesse un sujet plus riche et plus paisible, le règne de Nerva
et l’empire de Trajan, rares et heureux temps, où il est permis de penser ce qu’on veut, et de dire ce qu’on pense...