Les Derniers Jours de Henri Heine

Biography & Memoir
Cover of the book Les Derniers Jours de Henri Heine by Camille Selden, CP
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Author: Camille Selden ISBN: 1230001577181
Publisher: CP Publication: March 5, 2017
Imprint: Language: French
Author: Camille Selden
ISBN: 1230001577181
Publisher: CP
Publication: March 5, 2017
Imprint:
Language: French

« J’ai connu Heine, sur la fin de sa vie, et je le connaissais depuis longtemps, comme écrivain et comme poète, quand, pour la première fois, je vis sa figure. Je revenais de Vienne, chargée d’un envoi pour lui : quelques feuillets de musique qu’un de ses admirateurs lui adressait. Pour plus de sûreté, j’allai moi-même les remettre à domicile, et, la commission faite, je m’en revenais, lorsqu’un coup de sonnette assez brusque résonna dans l’autre chambre. La servante rentra, je fus frappée par le timbre un peu impérieux d’une voix qui défendait de me laisser partir. Une porte s’ouvrit, et je pénétrai dans une chambre fort sombre, où je trébuchai contre un paravent recouvert de papier peint, imitant la laque. Derrière ce paravent, étendu sur une couche assez basse, gisait un homme malade et à demi aveugle. Il paraissait encore jeune, bien qu’il fût loin de l’être, et il avait dû être beau. Imaginez le sourire de Méphistophélès passant sur la figure du Christ, un Christ achevant de boire son calice. Il se souleva sur les oreillers et me tendit la main, ajoutant qu’il était bien aise de parler à quelqu’un qui revenait de là-bas. Un soupir accompagna ce là-bas, parole touchante et qui expira sur ses lèvres comme l’écho d’une mélodie lointaine et bien connue. On va vite en amitié, lorsque les sympathies s’échangent devant une couche de malade et dans le voisinage de la mort. Comme je partais, il me donna un livre et me pria de revenir. Je pensai que c’était là une formule de politesse, et je restai chez moi, craignant d’importuner un malade. Il m’écrivit et me gronda. Le reproche me flatta autant qu’il m’émut, et mes visites, dès lors, ne cessèrent plus qu’avec le jour où, par une sombre matinée de février, nous le menâmes à sa dernière demeure. »

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« J’ai connu Heine, sur la fin de sa vie, et je le connaissais depuis longtemps, comme écrivain et comme poète, quand, pour la première fois, je vis sa figure. Je revenais de Vienne, chargée d’un envoi pour lui : quelques feuillets de musique qu’un de ses admirateurs lui adressait. Pour plus de sûreté, j’allai moi-même les remettre à domicile, et, la commission faite, je m’en revenais, lorsqu’un coup de sonnette assez brusque résonna dans l’autre chambre. La servante rentra, je fus frappée par le timbre un peu impérieux d’une voix qui défendait de me laisser partir. Une porte s’ouvrit, et je pénétrai dans une chambre fort sombre, où je trébuchai contre un paravent recouvert de papier peint, imitant la laque. Derrière ce paravent, étendu sur une couche assez basse, gisait un homme malade et à demi aveugle. Il paraissait encore jeune, bien qu’il fût loin de l’être, et il avait dû être beau. Imaginez le sourire de Méphistophélès passant sur la figure du Christ, un Christ achevant de boire son calice. Il se souleva sur les oreillers et me tendit la main, ajoutant qu’il était bien aise de parler à quelqu’un qui revenait de là-bas. Un soupir accompagna ce là-bas, parole touchante et qui expira sur ses lèvres comme l’écho d’une mélodie lointaine et bien connue. On va vite en amitié, lorsque les sympathies s’échangent devant une couche de malade et dans le voisinage de la mort. Comme je partais, il me donna un livre et me pria de revenir. Je pensai que c’était là une formule de politesse, et je restai chez moi, craignant d’importuner un malade. Il m’écrivit et me gronda. Le reproche me flatta autant qu’il m’émut, et mes visites, dès lors, ne cessèrent plus qu’avec le jour où, par une sombre matinée de février, nous le menâmes à sa dernière demeure. »

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