Author: | Émile Senart | ISBN: | 1230000997669 |
Publisher: | E H | Publication: | March 12, 2016 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Émile Senart |
ISBN: | 1230000997669 |
Publisher: | E H |
Publication: | March 12, 2016 |
Imprint: | |
Language: | French |
Nous sommes enclins à considérer, hors de chez nous et de notre civilisation, les faits sociaux sous le même jour où ils nous apparaissent dans notre civilisation et parmi nous. C’est une habitude dont il faut se défaire en se transportant dans l’Inde.
Notre monde occidental est enfermé dans un réseau d’institutions, de lois fixes, qui laissent le moins de marge possible à l’imprévu, à la variété, aux conflits. L’Inde est essentiellement gouvernée par la coutume, autorité tenace à la fois et capricieuse, soumise à des influences locales infiniment changeantes, très puissante dans son action prochaine, fort insoucieuse des vues lointaines et de l’ordonnance des ensembles. C’est le règne de la complexité opposé au goût de la simplification, l’enchevêtrement hasardeux des organismes indépendans en face de la structure, plus ou moins heureuse, mais réfléchie et coordonnée, d’organes soigneusement distingués et contenus chacun dans une action définie. C’est que la société hindoue, en dépit de son long passé, a, jusqu’à nosjours, conservé un type très primitif. Il ne s’y est point développé un état politique comparable, je ne dis pas à notre état moderne, mais même au régime plus étroit des cités antiques. En l’absence de toute loi politique proprement dite, l’influence à la fois religieuse et sociale des brahmanes a bien pu, par son impulsion séculaire et incessante, mais lente, successive, imprimer à l’ensemble une physionomie commune, réduire sous un certain niveau les antinomies les plus choquantes ; elle n’a pas fait l’unité, moins encore l’uniformité. Elle n’a même pas pu faire l’unité nationale ; lacune capitale et significative...
Nous sommes enclins à considérer, hors de chez nous et de notre civilisation, les faits sociaux sous le même jour où ils nous apparaissent dans notre civilisation et parmi nous. C’est une habitude dont il faut se défaire en se transportant dans l’Inde.
Notre monde occidental est enfermé dans un réseau d’institutions, de lois fixes, qui laissent le moins de marge possible à l’imprévu, à la variété, aux conflits. L’Inde est essentiellement gouvernée par la coutume, autorité tenace à la fois et capricieuse, soumise à des influences locales infiniment changeantes, très puissante dans son action prochaine, fort insoucieuse des vues lointaines et de l’ordonnance des ensembles. C’est le règne de la complexité opposé au goût de la simplification, l’enchevêtrement hasardeux des organismes indépendans en face de la structure, plus ou moins heureuse, mais réfléchie et coordonnée, d’organes soigneusement distingués et contenus chacun dans une action définie. C’est que la société hindoue, en dépit de son long passé, a, jusqu’à nosjours, conservé un type très primitif. Il ne s’y est point développé un état politique comparable, je ne dis pas à notre état moderne, mais même au régime plus étroit des cités antiques. En l’absence de toute loi politique proprement dite, l’influence à la fois religieuse et sociale des brahmanes a bien pu, par son impulsion séculaire et incessante, mais lente, successive, imprimer à l’ensemble une physionomie commune, réduire sous un certain niveau les antinomies les plus choquantes ; elle n’a pas fait l’unité, moins encore l’uniformité. Elle n’a même pas pu faire l’unité nationale ; lacune capitale et significative...