Le Phare du bout du monde

Fiction & Literature, Classics
Cover of the book Le Phare du bout du monde by Jules Verne, Go&Co
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Author: Jules Verne ISBN: 1230000243645
Publisher: Go&Co Publication: May 31, 2014
Imprint: Language: French
Author: Jules Verne
ISBN: 1230000243645
Publisher: Go&Co
Publication: May 31, 2014
Imprint:
Language: French

En 1859-1860, à l'extrême sud de l'Amérique du Sud, afin d'éviter unnaufrage aux voiliers qui passent par là, le gouvernement argentin fait construire un phare appelé "Le Phare du bout du monde" sur l'île des États, située à l'est de la Terre de Feu, là où le Pacifique et l'Atlantique se rencontrent. Trois gardiens sont chargés de veiller au bon fonctionnement de ce phare, construit sur une terre inhabitée et inhospitalière.

EXTRAIT

Le soleil allait disparaître derrière les collines qui limitaient la vue à l’ouest. Le temps était beau. À l’opposé, au-dessus de la mer qui se confondait avec le ciel dans le nord-est et dans l’est, quelques petits nuages réfléchissaient les derniers rayons, qui ne tarderaient pas à s’éteindre dans les ombres du crépuscule, d’assez longue durée sous cette haute latitude du cinquante-cinquième degré de l’hémisphère austral.

 

Au moment où le disque solaire ne montrait plus que sa partie supérieure, un coup de canon retentit à bord de l’aviso Santa-Fé, et le pavillon de la République Argentine, se déroulant à la brise, fut hissé à la corne de brigantine.

 

Au même instant jaillit une vive lumière au sommet du phare construit à une portée de fusil en arrière de la baie d’Elgor, dans laquelle le Santa-Fé avait pris son mouillage. Deux des gardiens, les ouvriers réunis sur la grève, l’équipage rassemblé à l’avant du navire, saluaient de longues acclamations le premier feu allumé sur cette côte lointaine.

 

Deux autres coups de canon leur répondirent, plusieurs fois répercutés par les bruyants échos du voisinage. Les couleurs de l’aviso furent alors amenées, conformément aux règles des bâtiments de guerre, et le silence reprit cette Île des États, située au point où se rencontrent les eaux de l’Atlantique et du Pacifique.

 

Les ouvriers embarquèrent aussitôt à bord du Santa-Fé, et il ne resta à terre que les trois gardiens.

 

L’un étant à son poste, dans la chambre de quart, les deux autres ne regagnèrent pas tout de suite leur logement et se promenèrent en causant le long du rivage.

« Eh bien ! Vasquez, dit le plus jeune des deux, c’est demain que l’aviso va prendre la mer…

– Oui, Felipe, répondit Vasquez, et j’espère qu’il n’aura pas une mauvaise traversée pour rentrer au port…

– Il y a loin, Vasquez !…

– Pas plus quand on en vient que quand on y retourne, Felipe.

 

– Je m’en doute un peu, répliqua Felipe en riant.

 

– Et même, mon garçon, reprit Vasquez, on met quelquefois plus de temps à aller qu’à revenir, à moins que le vent ne soit bien établi !… Après tout, quinze cents milles, ce n’est pas une affaire, lorsque le bâtiment possède une bonne machine et porte bien la toile.

– Et puis, Vasquez, le commandant Lafayate connaît bien la route…

– Qui est toute droite, mon garçon. Il a mis cap au sud pour venir, il mettra cap au nord pour s’en retourner, et, si la brise continue à souffler de terre, il aura l’abri de la côte et naviguera comme sur un fleuve.

 

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En 1859-1860, à l'extrême sud de l'Amérique du Sud, afin d'éviter unnaufrage aux voiliers qui passent par là, le gouvernement argentin fait construire un phare appelé "Le Phare du bout du monde" sur l'île des États, située à l'est de la Terre de Feu, là où le Pacifique et l'Atlantique se rencontrent. Trois gardiens sont chargés de veiller au bon fonctionnement de ce phare, construit sur une terre inhabitée et inhospitalière.

EXTRAIT

Le soleil allait disparaître derrière les collines qui limitaient la vue à l’ouest. Le temps était beau. À l’opposé, au-dessus de la mer qui se confondait avec le ciel dans le nord-est et dans l’est, quelques petits nuages réfléchissaient les derniers rayons, qui ne tarderaient pas à s’éteindre dans les ombres du crépuscule, d’assez longue durée sous cette haute latitude du cinquante-cinquième degré de l’hémisphère austral.

 

Au moment où le disque solaire ne montrait plus que sa partie supérieure, un coup de canon retentit à bord de l’aviso Santa-Fé, et le pavillon de la République Argentine, se déroulant à la brise, fut hissé à la corne de brigantine.

 

Au même instant jaillit une vive lumière au sommet du phare construit à une portée de fusil en arrière de la baie d’Elgor, dans laquelle le Santa-Fé avait pris son mouillage. Deux des gardiens, les ouvriers réunis sur la grève, l’équipage rassemblé à l’avant du navire, saluaient de longues acclamations le premier feu allumé sur cette côte lointaine.

 

Deux autres coups de canon leur répondirent, plusieurs fois répercutés par les bruyants échos du voisinage. Les couleurs de l’aviso furent alors amenées, conformément aux règles des bâtiments de guerre, et le silence reprit cette Île des États, située au point où se rencontrent les eaux de l’Atlantique et du Pacifique.

 

Les ouvriers embarquèrent aussitôt à bord du Santa-Fé, et il ne resta à terre que les trois gardiens.

 

L’un étant à son poste, dans la chambre de quart, les deux autres ne regagnèrent pas tout de suite leur logement et se promenèrent en causant le long du rivage.

« Eh bien ! Vasquez, dit le plus jeune des deux, c’est demain que l’aviso va prendre la mer…

– Oui, Felipe, répondit Vasquez, et j’espère qu’il n’aura pas une mauvaise traversée pour rentrer au port…

– Il y a loin, Vasquez !…

– Pas plus quand on en vient que quand on y retourne, Felipe.

 

– Je m’en doute un peu, répliqua Felipe en riant.

 

– Et même, mon garçon, reprit Vasquez, on met quelquefois plus de temps à aller qu’à revenir, à moins que le vent ne soit bien établi !… Après tout, quinze cents milles, ce n’est pas une affaire, lorsque le bâtiment possède une bonne machine et porte bien la toile.

– Et puis, Vasquez, le commandant Lafayate connaît bien la route…

– Qui est toute droite, mon garçon. Il a mis cap au sud pour venir, il mettra cap au nord pour s’en retourner, et, si la brise continue à souffler de terre, il aura l’abri de la côte et naviguera comme sur un fleuve.

 

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