Le Crépuscule des nymphes

Romance, Erotica
Cover of the book Le Crépuscule des nymphes by PIERRE LOUYS, GILBERT TEROL
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Author: PIERRE LOUYS ISBN: 1230002783567
Publisher: GILBERT TEROL Publication: November 3, 2018
Imprint: Language: French
Author: PIERRE LOUYS
ISBN: 1230002783567
Publisher: GILBERT TEROL
Publication: November 3, 2018
Imprint:
Language: French

En ce temps-là, il n’y avait pas de tombeaux sur les routes, ni de temples sur les collines.

Les hommes n’existaient guère : on n’en parlait pas. La terre se livrait à la joie des dieux, et favorisait la naissance des divinités monstrueuses. C’est le temps où l’Echidna enfanta la Chimère, et Pasiphaé le Minotaure. Les petits enfants pâlissaient dans les bois, sous l’effroi du vol des dragons.

Or, sur les bords humides du fleuve Eurotas, où les bois sont tellement épais qu’on n’y voit jamais la lumière, vivait une jeune fille extraordinaire, qui était bleuâtre comme la nuit, mystérieuse comme la lune mince, et douce comme la voie lactée. C’est pourquoi on la nommait Lêda.

Elle était vraiment presque bleue, car le sang des iris coulait dans ses veines, et non comme aux vôtres le sang des roses. Ses ongles étaient plus bleus que ses mains, ses papilles plus bleues que sa poitrine, ses coudes et ses genoux tout à fait azurés. Ses lèvres brillaient de la couleur de ses yeux, qui étaient bleus comme l’eau profonde. Quant à ses cheveux en liberté, ils étaient sombres et bleus autant que le ciel nocturne et vivaient le long de ses bras, si bien qu’elle paraissait ailée.

Elle n’aimait que l’eau et la nuit.

Son plaisir était de marcher sur les spongieuses prairies des rives, où l’on sentait l’eau sans la voir, et ses pieds nus avaient des frissons de bonheur à se mouiller obscurément.

Car elle ne se baignait pas dans la rivière, de peur des jalouses naïades, et d’ailleurs elle n’eût pas voulu se livrer à l’eau tout entière. Mais qu’elle aimait se mouiller ! Elle mêlait au courant rapide l’extrême boucle de sa chevelure et la collait sur sa peau pâle avec des dessins lentement recourbés. Ou bien elle prenait dans le creux de sa main un peu de la fraîcheur du fleuve qu’elle faisait couler entre ses jeunes seins jusqu’au pli de ses jambes rondes où il se perdait. Ou encore elle se couchait en avant sur la mousse trempée pour boire doucement à la surface de l’eau, comme une biche silencieuse.

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En ce temps-là, il n’y avait pas de tombeaux sur les routes, ni de temples sur les collines.

Les hommes n’existaient guère : on n’en parlait pas. La terre se livrait à la joie des dieux, et favorisait la naissance des divinités monstrueuses. C’est le temps où l’Echidna enfanta la Chimère, et Pasiphaé le Minotaure. Les petits enfants pâlissaient dans les bois, sous l’effroi du vol des dragons.

Or, sur les bords humides du fleuve Eurotas, où les bois sont tellement épais qu’on n’y voit jamais la lumière, vivait une jeune fille extraordinaire, qui était bleuâtre comme la nuit, mystérieuse comme la lune mince, et douce comme la voie lactée. C’est pourquoi on la nommait Lêda.

Elle était vraiment presque bleue, car le sang des iris coulait dans ses veines, et non comme aux vôtres le sang des roses. Ses ongles étaient plus bleus que ses mains, ses papilles plus bleues que sa poitrine, ses coudes et ses genoux tout à fait azurés. Ses lèvres brillaient de la couleur de ses yeux, qui étaient bleus comme l’eau profonde. Quant à ses cheveux en liberté, ils étaient sombres et bleus autant que le ciel nocturne et vivaient le long de ses bras, si bien qu’elle paraissait ailée.

Elle n’aimait que l’eau et la nuit.

Son plaisir était de marcher sur les spongieuses prairies des rives, où l’on sentait l’eau sans la voir, et ses pieds nus avaient des frissons de bonheur à se mouiller obscurément.

Car elle ne se baignait pas dans la rivière, de peur des jalouses naïades, et d’ailleurs elle n’eût pas voulu se livrer à l’eau tout entière. Mais qu’elle aimait se mouiller ! Elle mêlait au courant rapide l’extrême boucle de sa chevelure et la collait sur sa peau pâle avec des dessins lentement recourbés. Ou bien elle prenait dans le creux de sa main un peu de la fraîcheur du fleuve qu’elle faisait couler entre ses jeunes seins jusqu’au pli de ses jambes rondes où il se perdait. Ou encore elle se couchait en avant sur la mousse trempée pour boire doucement à la surface de l’eau, comme une biche silencieuse.

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