Le barbier de Séville; ou, la précaution inutile

Nonfiction, Religion & Spirituality, New Age, History, Fiction & Literature
Cover of the book Le barbier de Séville; ou, la précaution inutile by Pierre Augustin Caron de Beaumarchais, Library of Alexandria
View on Amazon View on AbeBooks View on Kobo View on B.Depository View on eBay View on Walmart
Author: Pierre Augustin Caron de Beaumarchais ISBN: 9781465611703
Publisher: Library of Alexandria Publication: March 8, 2015
Imprint: Language: French
Author: Pierre Augustin Caron de Beaumarchais
ISBN: 9781465611703
Publisher: Library of Alexandria
Publication: March 8, 2015
Imprint:
Language: French
J'ai l'honneur de vous offrir un nouvel Opuscule de ma façon. Je souhaite vous rencontrer dans un de ces momens heureux où, dégagé de soins, content de votre santé, de vos affaires, de votre Maîtresse, de votre dîner, de votre estomac, vous puissiez vous plaire un moment à la lecture de mon Barbier de Séville, car il faut tout cela pour être homme amusable et Lecteur indulgent. Mais si quelque accident a dérangé votre santé, si votre état est compromis, si votre Belle a forfait à ses sermens, si votre dîner fut mauvais ou votre digestion laborieuse, ah! laissez mon Barbier; ce n'est pas là l'instant; examinez l'état de vos dépenses, étudiez leFactum de votre Adversaire, relisez ce traître billet surpris à Rose, ou parcourez les chef-d'œuvres de Tissot sur la tempérance, et faites des réflexions politiques, économiques, diététiques, philosophiques ou morales. Ou si votre état est tel qu'il vous faille absolument l'oublier, enfoncez-vous dans une Bergère, ouvrez le Journal établi dans Bouillon avec Encyclopédie, Approbation et Privilége, et dormez vîte une heure ou deux. Quel charme auroit une production légère au milieu des plus noires vapeurs, et que vous importe, en effet, si Figaro le Barbier s'est bien moqué de Bartholo le Médecin en aidant un Rival à lui souffler sa Maîtresse? On rit peu de la gaieté d'autrui, quand on a de l'humeur pour son propre compte. Que vous fait encore si ce Barbier Espagnol, en arrivant dans Paris, essuya quelques traverses, et si la prohibition de ses exercices a donné trop d'importance aux rêveries de mon bonnet? On ne s'intéresse guères aux affaires des autres que lorsqu'on est sans inquiétude sur les siennes. Mais enfin, tout va-t-il bien pour vous? Avez-vous à souhait double estomac, bon Cuisinier, Maîtresse honnête et repos imperturbable? Ah! parlons, parlons; donnez audience à mon Barbier. Je sens trop, Monsieur, que ce n'est plus le temps où, tenant mon manuscrit en réserve, et semblable à la Coquette qui refuse souvent ce qu'elle brûle toujours d'accorder, j'en faisois quelque avare lecture à des Gens préférés, qui croyoient devoir payer ma complaisance par un éloge pompeux de mon Ouvrage. O jours heureux! Le lieu, le temps, l'auditoire à ma dévotion et la magie d'une lecture adroite assurant mon succès, je glissois sur le morceau foible en appuyant les bons endroits; puis, recueillant les suffrages du coin de l'œil, avec une orgueilleuse modestie, je jouissois d'un triomphe d'autant plus doux que le jeu d'un fripon d'Acteur ne m'en déroboit pas les trois quarts pour son compte. Que reste-t-il, hélas! de toute cette gibeciere? A l'instant qu'il faudroit des miracles pour vous subjuguer, quand la verge de Moïse y suffiroit à peine, je n'ai plus même la ressource du bâton de Jacob; plus d'escamotage, de tricherie, de coquetterie, d'inflexions de voix, d'illusion théâtrale, rien. C'est ma vertu toute nue que vous allez juger.
View on Amazon View on AbeBooks View on Kobo View on B.Depository View on eBay View on Walmart
J'ai l'honneur de vous offrir un nouvel Opuscule de ma façon. Je souhaite vous rencontrer dans un de ces momens heureux où, dégagé de soins, content de votre santé, de vos affaires, de votre Maîtresse, de votre dîner, de votre estomac, vous puissiez vous plaire un moment à la lecture de mon Barbier de Séville, car il faut tout cela pour être homme amusable et Lecteur indulgent. Mais si quelque accident a dérangé votre santé, si votre état est compromis, si votre Belle a forfait à ses sermens, si votre dîner fut mauvais ou votre digestion laborieuse, ah! laissez mon Barbier; ce n'est pas là l'instant; examinez l'état de vos dépenses, étudiez leFactum de votre Adversaire, relisez ce traître billet surpris à Rose, ou parcourez les chef-d'œuvres de Tissot sur la tempérance, et faites des réflexions politiques, économiques, diététiques, philosophiques ou morales. Ou si votre état est tel qu'il vous faille absolument l'oublier, enfoncez-vous dans une Bergère, ouvrez le Journal établi dans Bouillon avec Encyclopédie, Approbation et Privilége, et dormez vîte une heure ou deux. Quel charme auroit une production légère au milieu des plus noires vapeurs, et que vous importe, en effet, si Figaro le Barbier s'est bien moqué de Bartholo le Médecin en aidant un Rival à lui souffler sa Maîtresse? On rit peu de la gaieté d'autrui, quand on a de l'humeur pour son propre compte. Que vous fait encore si ce Barbier Espagnol, en arrivant dans Paris, essuya quelques traverses, et si la prohibition de ses exercices a donné trop d'importance aux rêveries de mon bonnet? On ne s'intéresse guères aux affaires des autres que lorsqu'on est sans inquiétude sur les siennes. Mais enfin, tout va-t-il bien pour vous? Avez-vous à souhait double estomac, bon Cuisinier, Maîtresse honnête et repos imperturbable? Ah! parlons, parlons; donnez audience à mon Barbier. Je sens trop, Monsieur, que ce n'est plus le temps où, tenant mon manuscrit en réserve, et semblable à la Coquette qui refuse souvent ce qu'elle brûle toujours d'accorder, j'en faisois quelque avare lecture à des Gens préférés, qui croyoient devoir payer ma complaisance par un éloge pompeux de mon Ouvrage. O jours heureux! Le lieu, le temps, l'auditoire à ma dévotion et la magie d'une lecture adroite assurant mon succès, je glissois sur le morceau foible en appuyant les bons endroits; puis, recueillant les suffrages du coin de l'œil, avec une orgueilleuse modestie, je jouissois d'un triomphe d'autant plus doux que le jeu d'un fripon d'Acteur ne m'en déroboit pas les trois quarts pour son compte. Que reste-t-il, hélas! de toute cette gibeciere? A l'instant qu'il faudroit des miracles pour vous subjuguer, quand la verge de Moïse y suffiroit à peine, je n'ai plus même la ressource du bâton de Jacob; plus d'escamotage, de tricherie, de coquetterie, d'inflexions de voix, d'illusion théâtrale, rien. C'est ma vertu toute nue que vous allez juger.

More books from Library of Alexandria

Cover of the book Historic Waterways: Six Hundred Miles of Canoeing Down the Rock, Fox, and Wisconsin Rivers by Pierre Augustin Caron de Beaumarchais
Cover of the book On the Study and Difficulties of Mathematics by Pierre Augustin Caron de Beaumarchais
Cover of the book The King's Esquires: The Jewel of France by Pierre Augustin Caron de Beaumarchais
Cover of the book Superstition in Medicine by Pierre Augustin Caron de Beaumarchais
Cover of the book Rookwood by Pierre Augustin Caron de Beaumarchais
Cover of the book A History of Parliamentary Elections and Electioneering in the Old Days Showing the State of Political Parties and Party Warfare at the Hustings and in the House of Commons from the Stuarts to Queen Victoria by Pierre Augustin Caron de Beaumarchais
Cover of the book Sant of the Secret Service: Some Revelations of Spies and Spying by Pierre Augustin Caron de Beaumarchais
Cover of the book Prehistoric Britain by Pierre Augustin Caron de Beaumarchais
Cover of the book Akbar: An Eastern Romance by Pierre Augustin Caron de Beaumarchais
Cover of the book The Mermaid: A Love Tale by Pierre Augustin Caron de Beaumarchais
Cover of the book The Homilies of The Anglo-Saxon Church: Containing The Sermones Catholici or Homilies of Ælfric in The Original Anglo-Saxon With an English Version, Volume I. by Pierre Augustin Caron de Beaumarchais
Cover of the book By the Christmas Fire by Pierre Augustin Caron de Beaumarchais
Cover of the book A Record of Buddhistic Kingdoms: Being an Account by the Chinese Monk Fa-Hsien of Travels in India and Ceylon (A.D. 399-414) in Search of the Buddhist Books of Discipline by Pierre Augustin Caron de Beaumarchais
Cover of the book The Roman Poets of the Republic by Pierre Augustin Caron de Beaumarchais
Cover of the book The Princess Pocahontas by Pierre Augustin Caron de Beaumarchais
We use our own "cookies" and third party cookies to improve services and to see statistical information. By using this website, you agree to our Privacy Policy