Author: | Alexandre Dumas | ISBN: | 1230000673457 |
Publisher: | Consumer Oriented Ebooks Publisher | Publication: | September 20, 2015 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Alexandre Dumas |
ISBN: | 1230000673457 |
Publisher: | Consumer Oriented Ebooks Publisher |
Publication: | September 20, 2015 |
Imprint: | |
Language: | French |
Les événements que je vais raconter sont si étranges, les personnages
que je vais mettre en scène sont si extraordinaires, que je crois
devoir, avant de leur livrer le premier chapitre de mon livre, causer
pendant quelques minutes de ces événements et de ces personnages avec
mes futurs lecteurs.
Les événements appartiennent à cette période du Directoire comprise
entre l'année 1798 et 1800. Les deux faits dominants sont la conquête du
royaume de Naples par Championnet, et la restauration du roi Ferdinand
par le cardinal Ruffo;--deux faits aussi incroyables l'un que l'autre,
puisque Championnet, avec 10,000 républicains, bat une armée de 65,000
soldats, et s'empare, après trois jours de siége, d'une capitale de
500,000 habitants, et que Ruffo, parti de Messine avec cinq personnes,
fait la boule de neige, traverse toute la péninsule, de Reggio au pont
de la Madeleine, arrive à Naples avec 40,000 sanfédistes et rétablit sur
le trône le roi déchu.
Il faut Naples, son peuple ignorant, mobile et superstitieux pour que de
pareilles impossibilités deviennent des faits historiques.
Donc, voici le cadre:
L'invasion des Français, la proclamation de la république
parthénopéenne, le développement des grandes individualités qui ont fait
la gloire de Naples pendant les quatre mois que dura cette république,
la réaction sanfédiste de Ruffo, le rétablissement de Ferdinand sur le
trône et les massacres qui furent la suite de cette restauration.
Quant aux personnages, comme dans tous les livres de ce genre que
nous avons écrits, ils se divisent en personnages historiques et en
personnages d'imagination.
Une chose qui va paraître singulière à nos lecteurs, c'est que nous leur
livrons, sans plaider aucunement leur cause, les personnages de notre
imagination qui forment la partie romanesque de ce livre; ces lecteurs
ont été pendant plus d'un quart de siècle assez indulgents à notre
égard, pour que, reparaissant après sept ou huit ans de silence, nous
ne croyions pas avoir besoin de faire appel à leur ancienne sympathie.
Qu'ils soient pour nous ce qu'ils ont toujours été, et nous nous
regarderons comme trop heureux.
Mais c'est de quelques-uns des personnages historiques, au contraire,
qu'il nous paraît de première nécessité de les entretenir; sans quoi,
nous pourrions courir ce risque qu'ils soient pris, sinon pour des
créations de fantaisie, du moins pour des masques costumés à notre
guise, tant ces personnages historiques, dans leur excentricité
bouffonne ou dans leur bestiale férocité, sont en dehors non-seulement
de ce qui se passe sous nos yeux, mais encore de ce que nous pouvons
imaginer.
Ainsi, nous n'avons nul exemple d'une royauté qui nous donne
pour spécimen _Ferdinand_, d'un peuple qui nous donne pour type
_Mammone_.--Vous le voyez, je prends les deux extrémités de l'échelle
sociale: le roi, _chef d'État_; le paysan, _chef de bande_.
Commençons par le roi, et, pour ne pas faire crier les consciences
royalistes à l'impiété monarchique, interrogeons un homme qui a fait
deux voyages à Naples, et qui a vu et étudié le roi Ferdinand à l'époque
où les nécessités de notre plan nous forcent à le mettre en scène.
Cet homme est Joseph Gorani, _citoyen français_, comme il s'intitule
lui-même, auteur des _Mémoires secrets et critiques des cours et
gouvernements et des moeurs des principaux États de l'Italie_.
Citons trois fragments de ce livre, et montrons le roi de Naples
écolier, le roi de Naples chasseur, le roi de Naples pêcheur.
Les événements que je vais raconter sont si étranges, les personnages
que je vais mettre en scène sont si extraordinaires, que je crois
devoir, avant de leur livrer le premier chapitre de mon livre, causer
pendant quelques minutes de ces événements et de ces personnages avec
mes futurs lecteurs.
Les événements appartiennent à cette période du Directoire comprise
entre l'année 1798 et 1800. Les deux faits dominants sont la conquête du
royaume de Naples par Championnet, et la restauration du roi Ferdinand
par le cardinal Ruffo;--deux faits aussi incroyables l'un que l'autre,
puisque Championnet, avec 10,000 républicains, bat une armée de 65,000
soldats, et s'empare, après trois jours de siége, d'une capitale de
500,000 habitants, et que Ruffo, parti de Messine avec cinq personnes,
fait la boule de neige, traverse toute la péninsule, de Reggio au pont
de la Madeleine, arrive à Naples avec 40,000 sanfédistes et rétablit sur
le trône le roi déchu.
Il faut Naples, son peuple ignorant, mobile et superstitieux pour que de
pareilles impossibilités deviennent des faits historiques.
Donc, voici le cadre:
L'invasion des Français, la proclamation de la république
parthénopéenne, le développement des grandes individualités qui ont fait
la gloire de Naples pendant les quatre mois que dura cette république,
la réaction sanfédiste de Ruffo, le rétablissement de Ferdinand sur le
trône et les massacres qui furent la suite de cette restauration.
Quant aux personnages, comme dans tous les livres de ce genre que
nous avons écrits, ils se divisent en personnages historiques et en
personnages d'imagination.
Une chose qui va paraître singulière à nos lecteurs, c'est que nous leur
livrons, sans plaider aucunement leur cause, les personnages de notre
imagination qui forment la partie romanesque de ce livre; ces lecteurs
ont été pendant plus d'un quart de siècle assez indulgents à notre
égard, pour que, reparaissant après sept ou huit ans de silence, nous
ne croyions pas avoir besoin de faire appel à leur ancienne sympathie.
Qu'ils soient pour nous ce qu'ils ont toujours été, et nous nous
regarderons comme trop heureux.
Mais c'est de quelques-uns des personnages historiques, au contraire,
qu'il nous paraît de première nécessité de les entretenir; sans quoi,
nous pourrions courir ce risque qu'ils soient pris, sinon pour des
créations de fantaisie, du moins pour des masques costumés à notre
guise, tant ces personnages historiques, dans leur excentricité
bouffonne ou dans leur bestiale férocité, sont en dehors non-seulement
de ce qui se passe sous nos yeux, mais encore de ce que nous pouvons
imaginer.
Ainsi, nous n'avons nul exemple d'une royauté qui nous donne
pour spécimen _Ferdinand_, d'un peuple qui nous donne pour type
_Mammone_.--Vous le voyez, je prends les deux extrémités de l'échelle
sociale: le roi, _chef d'État_; le paysan, _chef de bande_.
Commençons par le roi, et, pour ne pas faire crier les consciences
royalistes à l'impiété monarchique, interrogeons un homme qui a fait
deux voyages à Naples, et qui a vu et étudié le roi Ferdinand à l'époque
où les nécessités de notre plan nous forcent à le mettre en scène.
Cet homme est Joseph Gorani, _citoyen français_, comme il s'intitule
lui-même, auteur des _Mémoires secrets et critiques des cours et
gouvernements et des moeurs des principaux États de l'Italie_.
Citons trois fragments de ce livre, et montrons le roi de Naples
écolier, le roi de Naples chasseur, le roi de Naples pêcheur.