La Petite fille aux grand’mères

( Edition intégrale ) illustré

Fiction & Literature, Classics, Literary, Romance
Cover of the book La Petite fille aux grand’mères by Henriette de Witt, M. BEAU, Paris : Hachette, 1874
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Author: Henriette de Witt, M. BEAU ISBN: 1230002865744
Publisher: Paris : Hachette, 1874 Publication: November 16, 2018
Imprint: Language: French
Author: Henriette de Witt, M. BEAU
ISBN: 1230002865744
Publisher: Paris : Hachette, 1874
Publication: November 16, 2018
Imprint:
Language: French

« Réveille-toi, Marie, réveille-toi, mon enfant chérie, » disait Mme Derville, penchée sur un lit étroit, enveloppé encore de ses rideaux blancs. La petite fille dormait toujours, ses cheveux hoirs bouclés épars sur l’oreiller, ses bras potelés étendus au-dessus de sa tête. La mère se baissa et la prit dans ses bras ; Marie ouvrit un instant des yeux effarés ; puis, reconnaissant sa mère, elle poussa un soupir de satisfaction et, cachant son visage sur l’épaule de Mme Derville, elle s’endormit de nouveau.
Que faire ? La mère hésitait, mais un regard jeté sur son mari la décida. Assis au coin de la cheminée, la tête dans ses mains, le robuste marin, au visage bronzé, aux larges épaules, pleurait comme un enfant. Relevant tout à coup les yeux, il vit Marie dans les bras de sa mère et tendit les mains pour recevoir à son tour la petite fille. Mme Derville traversa la chambre et lui donna Marie. L’enfant se réveilla tout à fait, elle regardait son père avec étonnement. « Pourquoi pleurez-vous ? » disait-elle. Puis, rassemblant ses souvenirs plus rapidement que ne font d’ordinaire les enfants de son âge, elle s’écria : « Ah ! c’est que vous allez partir ! » et elle se mit aussi à pleurer.
Mme Derville ne pleurait pas ; elle avait épuisé ses larmes, et il fallait soutenir le courage défaillant de son mari. Depuis huit ans, le capitaine Derville n’avait pas navigué. Après une carrière aventureuse, beaucoup de fatigues et de bons services, il s’était marié. Dieu lui avait donné trois enfants, mais il avait bientôt repris à lui un petit garçon et une petite fille, laissant seulement Marie, l’aînée de tous, qui venait d’avoir six ans lorsque son père, occupé longtemps dans un port, puis dans les bureaux du ministère de la guerre, avait été séduit par le commandement d’une belle frégate toute neuve qui partait pour la station des mers de Chine. Dans ses nombreux voyages, le capitaine n’avait jamais visité la Chine et le Japon ; il rentra chez lui tout rêveur.

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« Réveille-toi, Marie, réveille-toi, mon enfant chérie, » disait Mme Derville, penchée sur un lit étroit, enveloppé encore de ses rideaux blancs. La petite fille dormait toujours, ses cheveux hoirs bouclés épars sur l’oreiller, ses bras potelés étendus au-dessus de sa tête. La mère se baissa et la prit dans ses bras ; Marie ouvrit un instant des yeux effarés ; puis, reconnaissant sa mère, elle poussa un soupir de satisfaction et, cachant son visage sur l’épaule de Mme Derville, elle s’endormit de nouveau.
Que faire ? La mère hésitait, mais un regard jeté sur son mari la décida. Assis au coin de la cheminée, la tête dans ses mains, le robuste marin, au visage bronzé, aux larges épaules, pleurait comme un enfant. Relevant tout à coup les yeux, il vit Marie dans les bras de sa mère et tendit les mains pour recevoir à son tour la petite fille. Mme Derville traversa la chambre et lui donna Marie. L’enfant se réveilla tout à fait, elle regardait son père avec étonnement. « Pourquoi pleurez-vous ? » disait-elle. Puis, rassemblant ses souvenirs plus rapidement que ne font d’ordinaire les enfants de son âge, elle s’écria : « Ah ! c’est que vous allez partir ! » et elle se mit aussi à pleurer.
Mme Derville ne pleurait pas ; elle avait épuisé ses larmes, et il fallait soutenir le courage défaillant de son mari. Depuis huit ans, le capitaine Derville n’avait pas navigué. Après une carrière aventureuse, beaucoup de fatigues et de bons services, il s’était marié. Dieu lui avait donné trois enfants, mais il avait bientôt repris à lui un petit garçon et une petite fille, laissant seulement Marie, l’aînée de tous, qui venait d’avoir six ans lorsque son père, occupé longtemps dans un port, puis dans les bureaux du ministère de la guerre, avait été séduit par le commandement d’une belle frégate toute neuve qui partait pour la station des mers de Chine. Dans ses nombreux voyages, le capitaine n’avait jamais visité la Chine et le Japon ; il rentra chez lui tout rêveur.

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