La maison vide

( Edition intégrale )

Fiction & Literature, Action Suspense, Literary, Mystery & Suspense
Cover of the book La maison vide by Jules Claretie, Paris : E. Dentu, 1878
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Author: Jules Claretie ISBN: 1230002442891
Publisher: Paris : E. Dentu, 1878 Publication: July 24, 2018
Imprint: Language: French
Author: Jules Claretie
ISBN: 1230002442891
Publisher: Paris : E. Dentu, 1878
Publication: July 24, 2018
Imprint:
Language: French

Extrait: Le déjeuner avant la chasse touchait à sa fin.
De bon appétit et de grand cœur, avec cette gaieté pleine d’espoir qui précède toutes les expéditions de ce genre, les convives avaient fait honneur à la cuisine de Me Herblay, le député, à son sherry et à son vieux sauterne. On avait beaucoup causé et beaucoup ri. M. Bernard Herblay, bâtonnier de l’ordre des avocats de Paris et représentant à la Chambre le département de Seine-et-Oise, n’avait invité à cette partie de chasse en battue que des amis intimes, le docteur Vernier, le sous-préfet de Rambouillet, un de ses collègues à l’Assemblée, des voisins, grands propriétaires des environs, et le contre-amiral de Reynière, son ami d’enfance.
En tout dix ou douze chasseurs, tireurs excellents et dont chaque coup de fusil valait une pièce de gibier.
Hors du château, les chiens attendaient, couchés, vautrés au soleil, sur le sable, tandis que les gardes-chasse et les porte-carniers donnaient un dernier coup d’œil aux armes dont les crosses brunes et les canons luisants lançaient des étincelles et des rayons. A travers la glace sans tain et les fenêtres de la salle à manger, les invités de Me Herblay pouvaient apercevoir, au-dessus de la pelouse verte et des massifs d’arbres, un ciel bleu magnifique, le ciel d’une après-midi de septembre aussi brûlant qu’un mois d’août. La chaleur du dehors n’arrivait pas jusqu’en cette salle à manger, fraîche et vaste, d’où les chasseurs semblaient fort peu empressés de sortir, prenant leur café lentement et dégustant leur kummel ou leur marasquin tout en contant de ces éternelles histoires de chasse où les chevreuils partent sans qu’on s’en doute, ’où les perdreaux tombent abattus comme par enchantement, où un lièvre manqué amène dix lièvres massacrés, où tantôt le conteur maudit, après des années, sa mauvaise chance d’un jour, ou célèbre, sans modestie, ses merveilleux exploits d’une heure.
– Ma foi, dit M. de Reynière, qui avait écouté le récit des hécatombes de perdrix et de cailles faites par le sous-préfet, j’avoue que je suis moins effrayant que vous pour le gibier de mon vieil ami Herblay. Je tue fort peu. Il me répugne d’abattre quoi que ce soit à une portée trop rapprochée, et je donne un tel champ aux faisans ou aux lapins que je brûle assez souvent ma poudre au vent.
– Oui, oui, mon cher Jean, oui, va, fais le modeste, répondit M. Herblay. C’est une façon de nous humilier tous. Je vous présente, messieurs, dit-il en posant sur la soucoupe sa tasse de café et en tendant les deux mains vers M. de Reynière, un homme qui a chassé l’éléphant et tué des tigres !
Il y eut, parmi les convives, un murmure d’autant plus flatteur pour le contre-amiral qu’il ne fut mélangé d’aucun étonnement. M. de Reynière était un de ces hommes dont les exploits, fussent-ils incroyables, paraîtraient encore tout simples, l’énergie la plus virile et les résolutions les plus héroïques étant évidemment naturelles à certains êtres.

LA MAISON VIDE
I. UNE LETTRE ANONYME
II. - DEUX COUPS DE FEU
III. - ARTICLE 324
IV. - L'AMANT
V. - LE MARI
VI. - LA MAISON VIDE
VII. - ANGÈLE FERRAND
VIII. – VALENTINE
IX. - SAISON D'ÉTÉ
X. - LE BUSTE
XI. - PROJETS D'UNION
XII. - MONTECLAIR
XIII. - LA COMÉDIENNE
XIV. - AFFAIRE D'HONNEUR
XV. - CHEZ BLANCHE

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Extrait: Le déjeuner avant la chasse touchait à sa fin.
De bon appétit et de grand cœur, avec cette gaieté pleine d’espoir qui précède toutes les expéditions de ce genre, les convives avaient fait honneur à la cuisine de Me Herblay, le député, à son sherry et à son vieux sauterne. On avait beaucoup causé et beaucoup ri. M. Bernard Herblay, bâtonnier de l’ordre des avocats de Paris et représentant à la Chambre le département de Seine-et-Oise, n’avait invité à cette partie de chasse en battue que des amis intimes, le docteur Vernier, le sous-préfet de Rambouillet, un de ses collègues à l’Assemblée, des voisins, grands propriétaires des environs, et le contre-amiral de Reynière, son ami d’enfance.
En tout dix ou douze chasseurs, tireurs excellents et dont chaque coup de fusil valait une pièce de gibier.
Hors du château, les chiens attendaient, couchés, vautrés au soleil, sur le sable, tandis que les gardes-chasse et les porte-carniers donnaient un dernier coup d’œil aux armes dont les crosses brunes et les canons luisants lançaient des étincelles et des rayons. A travers la glace sans tain et les fenêtres de la salle à manger, les invités de Me Herblay pouvaient apercevoir, au-dessus de la pelouse verte et des massifs d’arbres, un ciel bleu magnifique, le ciel d’une après-midi de septembre aussi brûlant qu’un mois d’août. La chaleur du dehors n’arrivait pas jusqu’en cette salle à manger, fraîche et vaste, d’où les chasseurs semblaient fort peu empressés de sortir, prenant leur café lentement et dégustant leur kummel ou leur marasquin tout en contant de ces éternelles histoires de chasse où les chevreuils partent sans qu’on s’en doute, ’où les perdreaux tombent abattus comme par enchantement, où un lièvre manqué amène dix lièvres massacrés, où tantôt le conteur maudit, après des années, sa mauvaise chance d’un jour, ou célèbre, sans modestie, ses merveilleux exploits d’une heure.
– Ma foi, dit M. de Reynière, qui avait écouté le récit des hécatombes de perdrix et de cailles faites par le sous-préfet, j’avoue que je suis moins effrayant que vous pour le gibier de mon vieil ami Herblay. Je tue fort peu. Il me répugne d’abattre quoi que ce soit à une portée trop rapprochée, et je donne un tel champ aux faisans ou aux lapins que je brûle assez souvent ma poudre au vent.
– Oui, oui, mon cher Jean, oui, va, fais le modeste, répondit M. Herblay. C’est une façon de nous humilier tous. Je vous présente, messieurs, dit-il en posant sur la soucoupe sa tasse de café et en tendant les deux mains vers M. de Reynière, un homme qui a chassé l’éléphant et tué des tigres !
Il y eut, parmi les convives, un murmure d’autant plus flatteur pour le contre-amiral qu’il ne fut mélangé d’aucun étonnement. M. de Reynière était un de ces hommes dont les exploits, fussent-ils incroyables, paraîtraient encore tout simples, l’énergie la plus virile et les résolutions les plus héroïques étant évidemment naturelles à certains êtres.

LA MAISON VIDE
I. UNE LETTRE ANONYME
II. - DEUX COUPS DE FEU
III. - ARTICLE 324
IV. - L'AMANT
V. - LE MARI
VI. - LA MAISON VIDE
VII. - ANGÈLE FERRAND
VIII. – VALENTINE
IX. - SAISON D'ÉTÉ
X. - LE BUSTE
XI. - PROJETS D'UNION
XII. - MONTECLAIR
XIII. - LA COMÉDIENNE
XIV. - AFFAIRE D'HONNEUR
XV. - CHEZ BLANCHE

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