Author: | Anonyme | ISBN: | 1230000310831 |
Publisher: | GMDT | Publication: | March 12, 2015 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Anonyme |
ISBN: | 1230000310831 |
Publisher: | GMDT |
Publication: | March 12, 2015 |
Imprint: | |
Language: | French |
Extrait : « J’eus dernièrement l’insigne faveur, comme ami intime d’un photographe — assez renté pour n’être un professionnel qu’à ses heures et qui, du reste, ne le devenait que dans le genre, d’être admis à une de ses séances. Il n’opérait que pour des groupes érotiques que lui commandaient des amateurs de haut parage que ses relations du monde le mettaient à même de connaître. — Inutile de dire qu’il n’avait pas d’enseigne. Il opérait dans un atelier de peintre où, en artiste qu’il était, il faisait rivaliser son pinceau et ses crayons avec son appareil dans de charmantes compositions lubriques que des amateurs se disputaient.
Toutes les femmes qui l’honoraient de leurs faveurs gratuites ou payées, femmes honnêtes ou cocottes, il les avait réunies en un album, les dernières dans des postures à faire bander un mort, les premières… également, mais parfois avec un loup sur la figure. Les portraits des cocottes, que n’offusquait nullement ce mode de réclame, étaient livrés aux amateurs ; les autres… aussi, ce qui était peut-être indélicat ; mais il savait que toute femme bien faite n’est pas trop fâchée de voir l’image de son corps inspirer des désirs anonymes…
J’avais obtenu des épreuves de cet album ; plusieurs des originaux avaient même mis à ma disposition le corps charmant dont l’image avait excité mes désirs, car mon ami n’était nullement jaloux et me renseignait sur la façon de les posséder. Mais je n’avais encore assisté à la confection d’aucun cliché.
J’allai un jour lui rendre visite. Son atelier était précédé d’un salon d’attente et d’un vestibule s’ouvrant directement sur la rue, ce qui évitait bien des indiscrétions.
– Sapristi, me dit-il, vous tombez à point ; vous qui vouliez voir ça, vous allez être satisfait.
– Suis-je indiscret ?
– Non, si votre pudeur ne s’alarme pas.
Ma pudeur n’avait rien à redouter. Mais les modèles volontaires ou payés sont assez farouches et toute femme posant à poil, et à plus forte raison en attitude indécente, ne souffre guère la présence d’un tiers en ce moment-là. Que serait-ce, même pour celles du métier, s’il s’agissait d’être vue posant enlacée avec une femme ou avec un homme ? Elle sait bien que son image sera contemplée ainsi par des centaines de regards, mais ce n’est pas la même chose que d’exhiber l’original. — Aussi mon ami me fit-il revêtir une blouse pleine de taches et me présenta-t-il comme son aide.
– Du reste, dit-il, vous pourrez m’être utile ; vous vous y connaissez un peu en photo. J’ai une forte commande pour le prince de Z… ; des femmes, des groupes… un de mes modèles est déjà arrivé.
J’entrai dans l’atelier. Une jolie jeune femme s’y trouvait, encore habillée et vêtue d’une toilette très élégante. Elle parut un peu décontenancée à ma vue, mais après présentations elle reprit son aplomb. De plus, mon ami lui dit que j’avais déjà fait connaissance avec elle, c’est-à-dire avec son portrait ; en effet, dans l’album souvent feuilleté par moi, je pus constater sa présence en une attitude qui la dispensait de faire la prude avec moi. Mais son image ne m’avait pas autrement frappé et je vis avec plaisir que l’original valait cent fois mieux que la photographie, ce qui me procura l’occasion d’un compliment à son adresse. »
Extrait : « J’eus dernièrement l’insigne faveur, comme ami intime d’un photographe — assez renté pour n’être un professionnel qu’à ses heures et qui, du reste, ne le devenait que dans le genre, d’être admis à une de ses séances. Il n’opérait que pour des groupes érotiques que lui commandaient des amateurs de haut parage que ses relations du monde le mettaient à même de connaître. — Inutile de dire qu’il n’avait pas d’enseigne. Il opérait dans un atelier de peintre où, en artiste qu’il était, il faisait rivaliser son pinceau et ses crayons avec son appareil dans de charmantes compositions lubriques que des amateurs se disputaient.
Toutes les femmes qui l’honoraient de leurs faveurs gratuites ou payées, femmes honnêtes ou cocottes, il les avait réunies en un album, les dernières dans des postures à faire bander un mort, les premières… également, mais parfois avec un loup sur la figure. Les portraits des cocottes, que n’offusquait nullement ce mode de réclame, étaient livrés aux amateurs ; les autres… aussi, ce qui était peut-être indélicat ; mais il savait que toute femme bien faite n’est pas trop fâchée de voir l’image de son corps inspirer des désirs anonymes…
J’avais obtenu des épreuves de cet album ; plusieurs des originaux avaient même mis à ma disposition le corps charmant dont l’image avait excité mes désirs, car mon ami n’était nullement jaloux et me renseignait sur la façon de les posséder. Mais je n’avais encore assisté à la confection d’aucun cliché.
J’allai un jour lui rendre visite. Son atelier était précédé d’un salon d’attente et d’un vestibule s’ouvrant directement sur la rue, ce qui évitait bien des indiscrétions.
– Sapristi, me dit-il, vous tombez à point ; vous qui vouliez voir ça, vous allez être satisfait.
– Suis-je indiscret ?
– Non, si votre pudeur ne s’alarme pas.
Ma pudeur n’avait rien à redouter. Mais les modèles volontaires ou payés sont assez farouches et toute femme posant à poil, et à plus forte raison en attitude indécente, ne souffre guère la présence d’un tiers en ce moment-là. Que serait-ce, même pour celles du métier, s’il s’agissait d’être vue posant enlacée avec une femme ou avec un homme ? Elle sait bien que son image sera contemplée ainsi par des centaines de regards, mais ce n’est pas la même chose que d’exhiber l’original. — Aussi mon ami me fit-il revêtir une blouse pleine de taches et me présenta-t-il comme son aide.
– Du reste, dit-il, vous pourrez m’être utile ; vous vous y connaissez un peu en photo. J’ai une forte commande pour le prince de Z… ; des femmes, des groupes… un de mes modèles est déjà arrivé.
J’entrai dans l’atelier. Une jolie jeune femme s’y trouvait, encore habillée et vêtue d’une toilette très élégante. Elle parut un peu décontenancée à ma vue, mais après présentations elle reprit son aplomb. De plus, mon ami lui dit que j’avais déjà fait connaissance avec elle, c’est-à-dire avec son portrait ; en effet, dans l’album souvent feuilleté par moi, je pus constater sa présence en une attitude qui la dispensait de faire la prude avec moi. Mais son image ne m’avait pas autrement frappé et je vis avec plaisir que l’original valait cent fois mieux que la photographie, ce qui me procura l’occasion d’un compliment à son adresse. »