Author: | Thierry Beinstingel | ISBN: | 9782213670294 |
Publisher: | Fayard | Publication: | August 22, 2012 |
Imprint: | Fayard | Language: | French |
Author: | Thierry Beinstingel |
ISBN: | 9782213670294 |
Publisher: | Fayard |
Publication: | August 22, 2012 |
Imprint: | Fayard |
Language: | French |
VRP en papier peint, celui que ses collègues appellent l’« ancêtre » fait relier ses échantillons dans de gros volumes à couverture de cuir. Ils racontent quatre décennies d’intérieurs à la française, depuis les motifs bariolés du yéyé jusqu’à la tyrannie du blanc. Mais sa vraie passion, c’est la correspondance de Rimbaud, celle des pistes africaines, quand le poète était aussi voyageur de commerce. Il l’emporte partout, dans les petits hôtels aux réceptionnistes parfois mal aimables, la feuillette au resto chinois ou à la pizzeria, y songe encore en traversant la place déserte d’un patelin, cigarette aux lèvres. Et chaque fois qu’un rendez-vous l’amène du côté de Charleville, il va se recueillir sur la tombe de son compagnon de route.
Une jeune femme fraîchement nommée à la tête de l’équipe a pour mission de convaincre ce poète du papier peint de s’adapter au nouveau concept global de l’entreprise : amener les gens à acheter un canapé assorti au revêtement du mur. Mais lui refuse d’en entendre parler. Quand il pense aux milliers d’années qu’il a fallu à l’homme pour apprendre à se tenir debout, vendre des canapés lui semble une défaite.
La nouvelle responsable sait toutefois que les canapés ne sont qu’un prétexte. L’ancêtre est usé, ses méthodes sont caduques, à l’image du cuir craquelé de ses reliures. Il indispose la direction qui veut se débarrasser de lui. Or aucun canapé ne l’attend nulle part. Le priver de la route, des petits hôtels et des restos chinois ; l’empêcher de contempler les stations-service et les aires de repos avec les yeux de Rimbaud, c’est le réduire à néant.
VRP en papier peint, celui que ses collègues appellent l’« ancêtre » fait relier ses échantillons dans de gros volumes à couverture de cuir. Ils racontent quatre décennies d’intérieurs à la française, depuis les motifs bariolés du yéyé jusqu’à la tyrannie du blanc. Mais sa vraie passion, c’est la correspondance de Rimbaud, celle des pistes africaines, quand le poète était aussi voyageur de commerce. Il l’emporte partout, dans les petits hôtels aux réceptionnistes parfois mal aimables, la feuillette au resto chinois ou à la pizzeria, y songe encore en traversant la place déserte d’un patelin, cigarette aux lèvres. Et chaque fois qu’un rendez-vous l’amène du côté de Charleville, il va se recueillir sur la tombe de son compagnon de route.
Une jeune femme fraîchement nommée à la tête de l’équipe a pour mission de convaincre ce poète du papier peint de s’adapter au nouveau concept global de l’entreprise : amener les gens à acheter un canapé assorti au revêtement du mur. Mais lui refuse d’en entendre parler. Quand il pense aux milliers d’années qu’il a fallu à l’homme pour apprendre à se tenir debout, vendre des canapés lui semble une défaite.
La nouvelle responsable sait toutefois que les canapés ne sont qu’un prétexte. L’ancêtre est usé, ses méthodes sont caduques, à l’image du cuir craquelé de ses reliures. Il indispose la direction qui veut se débarrasser de lui. Or aucun canapé ne l’attend nulle part. Le priver de la route, des petits hôtels et des restos chinois ; l’empêcher de contempler les stations-service et les aires de repos avec les yeux de Rimbaud, c’est le réduire à néant.