Han d'Islande

Fiction & Literature, Classics, Historical, Romance, Romantic Suspense
Cover of the book Han d'Islande by Victor Hugo, Consumer Oriented Ebooks Publisher
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Author: Victor Hugo ISBN: 1230000911382
Publisher: Consumer Oriented Ebooks Publisher Publication: January 27, 2016
Imprint: Language: French
Author: Victor Hugo
ISBN: 1230000911382
Publisher: Consumer Oriented Ebooks Publisher
Publication: January 27, 2016
Imprint:
Language: French

_Han d’Islande_ est un livre de jeune homme, et de très jeune homme.

On sent en le lisant que l’enfant de dix-huit ans qui écrivait _Han
d’Islande_ dans un accès de fièvre en 1821 n’avait encore aucune
expérience des choses, aucune expérience des hommes, aucune expérience
des idées, et qu’il cherchait à deviner tout cela.

Dans toute œuvre de la pensée, drame, poëme ou roman, il entre trois
ingrédients: ce que l’auteur a senti, ce que l’auteur a observé, ce
que l’auteur a deviné.

Dans le roman en particulier, pour qu’il soit bon, il faut qu’il y ait
beaucoup de choses senties, beaucoup de choses observées, et que les
choses devinées dérivent logiquement et simplement et sans solution de
continuité des choses observées et des choses senties.

En appliquant cette loi à _Han d’Islande_, on fera saillir aisément ce
qui constitue avant tout le défaut de ce livre.

Il n’y a dans _Han d’Islande_ qu’une chose sentie, l’amour du jeune
homme; qu’une chose observée, l’amour de la jeune fille. Tout le reste
est deviné, c’est-à-dire inventé. Car l’adolescence, qui n’a ni faits,
ni expérience, ni échantillons derrière elle, ne devine qu’avec
l’imagination. Aussi _Han d’Islande_, en admettant qu’il vaille la
peine d'être classé, n’est-il guère autre chose qu’un roman
fantastique.

Quand la première saison est passée, quand le front se penche, quand
on sent le besoin de faire autre chose que des histoires curieuses
pour effrayer les vieilles femmes et les petits enfants, quand on a
usé au frottement de la vie les aspérités de sa jeunesse, on reconnaît
que toute invention, toute création, toute divination de l’art doit
avoir pour base l’étude, l’observation, le recueillement, la science,
la mesure, la comparaison, la méditation sérieuse, le dessin attentif
et continuel de chaque chose d’après nature, la critique
consciencieuse de soi-même; et l’inspiration qui se dégage selon ces
nouvelles conditions, loin d’y rien perdre, y gagne un plus large
souffle et de plus fortes ailes. Le poète alors sait complètement où
il va. Toute la rêverie flottante de ses premières années se
cristallise en quelque sorte et se fait pensée. Cette seconde époque
de la vie est ordinairement pour l’artiste celle des grandes œuvres.
Encore jeune et déjà mûr. C’est la phase précieuse, le point
intermédiaire et culminant, l’heure chaude et rayonnante de midi, le
moment où il y a le moins d’ombre et le plus de lumière possible.

Il y a des artistes souverains qui se maintiennent à ce sommet toute
leur vie, malgré le déclin des années. Ce sont là les suprêmes génies.
Shakespeare et Michel-Ange ont laissé sur quelques-uns de leurs
ouvrages l’empreinte de leur jeunesse, la trace de leur vieillesse sur
aucun.

Pour revenir au roman dont on publie ici une nouvelle édition, tel
qu’il est, avec son action saccadée et haletante, avec ses personnages
tout d’une pièce, avec ses gaucheries sauvages, avec son allure
hautaine et maladroite, avec ses candides accès de rêverie, avec ses
couleurs de toute sorte juxtaposées sans précaution pour l’œil, avec
son style cru, choquant et âpre, sans nuances et sans habiletés, avec
les mille excès de tout genre qu’il commet presque à son insu chemin
faisant, ce livre représente assez bien l’époque de la vie à laquelle
il a été écrit, et l’état particulier de l'âme, de l’imagination et du
cœur dans l’adolescence, quand on est amoureux de son premier amour,
quand on convertit en obstacles grandioses et poétiques les
empêchements bourgeois de la vie, quand on a la tête pleine de
fantaisies héroïques qui vous grandissent à vos propres yeux, quand on
est déjà un homme par deux ou trois côtés et encore un enfant par
vingt autres, quand on a lu Ducray-Duminil à onze ans, Auguste
Lafontaine à treize, Shakespeare à seize, échelle étrange et rapide
qui vous a fait passer brusquement, dans vos affections littéraires,
du niais au sentimental, et du sentimental au sublime.

C’est parce que, selon nous, ce livre, œuvre naïve avant tout,
représente avec quelque fidélité l'âge qui l’a produit que nous le
redonnons au public en 1833 tel qu’il a été fait en 1821.

D’ailleurs, puisque l’auteur, si peu de place qu’il tienne en
littérature, a subi la loi commune à tout écrivain grand ou petit, de
voir rehausser ses premiers ouvrages aux dépens des derniers et
d’entendre déclarer qu’il était fort loin d’avoir tenu le peu que ses
commencements promettaient, sans opposer à une critique peut-être
judicieuse et fondée des objections qui seraient suspectes dans sa
bouche, il croit devoir réimprimer purement et simplement ses premiers
ouvrages tels qu’il les a écrits, afin de mettre les lecteurs à même
de décider, en ce qui le concerne, si ce sont des pas en avant ou des
pas en arrière qui séparent _Han d’Islande_ de _Notre-Dame de Paris_.


Paris, mai 1833.

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_Han d’Islande_ est un livre de jeune homme, et de très jeune homme.

On sent en le lisant que l’enfant de dix-huit ans qui écrivait _Han
d’Islande_ dans un accès de fièvre en 1821 n’avait encore aucune
expérience des choses, aucune expérience des hommes, aucune expérience
des idées, et qu’il cherchait à deviner tout cela.

Dans toute œuvre de la pensée, drame, poëme ou roman, il entre trois
ingrédients: ce que l’auteur a senti, ce que l’auteur a observé, ce
que l’auteur a deviné.

Dans le roman en particulier, pour qu’il soit bon, il faut qu’il y ait
beaucoup de choses senties, beaucoup de choses observées, et que les
choses devinées dérivent logiquement et simplement et sans solution de
continuité des choses observées et des choses senties.

En appliquant cette loi à _Han d’Islande_, on fera saillir aisément ce
qui constitue avant tout le défaut de ce livre.

Il n’y a dans _Han d’Islande_ qu’une chose sentie, l’amour du jeune
homme; qu’une chose observée, l’amour de la jeune fille. Tout le reste
est deviné, c’est-à-dire inventé. Car l’adolescence, qui n’a ni faits,
ni expérience, ni échantillons derrière elle, ne devine qu’avec
l’imagination. Aussi _Han d’Islande_, en admettant qu’il vaille la
peine d'être classé, n’est-il guère autre chose qu’un roman
fantastique.

Quand la première saison est passée, quand le front se penche, quand
on sent le besoin de faire autre chose que des histoires curieuses
pour effrayer les vieilles femmes et les petits enfants, quand on a
usé au frottement de la vie les aspérités de sa jeunesse, on reconnaît
que toute invention, toute création, toute divination de l’art doit
avoir pour base l’étude, l’observation, le recueillement, la science,
la mesure, la comparaison, la méditation sérieuse, le dessin attentif
et continuel de chaque chose d’après nature, la critique
consciencieuse de soi-même; et l’inspiration qui se dégage selon ces
nouvelles conditions, loin d’y rien perdre, y gagne un plus large
souffle et de plus fortes ailes. Le poète alors sait complètement où
il va. Toute la rêverie flottante de ses premières années se
cristallise en quelque sorte et se fait pensée. Cette seconde époque
de la vie est ordinairement pour l’artiste celle des grandes œuvres.
Encore jeune et déjà mûr. C’est la phase précieuse, le point
intermédiaire et culminant, l’heure chaude et rayonnante de midi, le
moment où il y a le moins d’ombre et le plus de lumière possible.

Il y a des artistes souverains qui se maintiennent à ce sommet toute
leur vie, malgré le déclin des années. Ce sont là les suprêmes génies.
Shakespeare et Michel-Ange ont laissé sur quelques-uns de leurs
ouvrages l’empreinte de leur jeunesse, la trace de leur vieillesse sur
aucun.

Pour revenir au roman dont on publie ici une nouvelle édition, tel
qu’il est, avec son action saccadée et haletante, avec ses personnages
tout d’une pièce, avec ses gaucheries sauvages, avec son allure
hautaine et maladroite, avec ses candides accès de rêverie, avec ses
couleurs de toute sorte juxtaposées sans précaution pour l’œil, avec
son style cru, choquant et âpre, sans nuances et sans habiletés, avec
les mille excès de tout genre qu’il commet presque à son insu chemin
faisant, ce livre représente assez bien l’époque de la vie à laquelle
il a été écrit, et l’état particulier de l'âme, de l’imagination et du
cœur dans l’adolescence, quand on est amoureux de son premier amour,
quand on convertit en obstacles grandioses et poétiques les
empêchements bourgeois de la vie, quand on a la tête pleine de
fantaisies héroïques qui vous grandissent à vos propres yeux, quand on
est déjà un homme par deux ou trois côtés et encore un enfant par
vingt autres, quand on a lu Ducray-Duminil à onze ans, Auguste
Lafontaine à treize, Shakespeare à seize, échelle étrange et rapide
qui vous a fait passer brusquement, dans vos affections littéraires,
du niais au sentimental, et du sentimental au sublime.

C’est parce que, selon nous, ce livre, œuvre naïve avant tout,
représente avec quelque fidélité l'âge qui l’a produit que nous le
redonnons au public en 1833 tel qu’il a été fait en 1821.

D’ailleurs, puisque l’auteur, si peu de place qu’il tienne en
littérature, a subi la loi commune à tout écrivain grand ou petit, de
voir rehausser ses premiers ouvrages aux dépens des derniers et
d’entendre déclarer qu’il était fort loin d’avoir tenu le peu que ses
commencements promettaient, sans opposer à une critique peut-être
judicieuse et fondée des objections qui seraient suspectes dans sa
bouche, il croit devoir réimprimer purement et simplement ses premiers
ouvrages tels qu’il les a écrits, afin de mettre les lecteurs à même
de décider, en ce qui le concerne, si ce sont des pas en avant ou des
pas en arrière qui séparent _Han d’Islande_ de _Notre-Dame de Paris_.


Paris, mai 1833.

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