Flâneries psychanalytiques sous forme de récits : la parole est donnée à la vie et à l’art pour que la réflexion jaillisse du vécu concret et sensible, pour que le regard éclairant des grands auteurs de la psychanalyse sur nos souffrances ordinaires soit remis en quelque sorte "en situation". Histoires de rencontres singulières, et aussi rencontres de l’auteur avec des livres ou des films où il est question de la relation à l’autre, de l’étrangeté de l’expérience du différent, recherché et rejeté. Chaque histoire vit de sa propre vie, mais une parenté secrète se noue, un motif insiste, un thème se dégage à partir de l’expérience intime et de la réflexion psychanalytique toujours entrelacées : la relation à autrui, désirée, illusoire, orageuse, consolante. Le lien et son entrave, le narcissisme, obstacle majeur à l’ouverture bienfaisante dont l’homme ne guérit jamais, nous avertit Freud, métaphore séduisante et protéiforme du plus simple des drames possibles, selon les mots de Valéry. Le plus simple – drame d’un seul –, et aussi le plus ancien. L’individu ne saurait se passer du secours de l’autre, et il doit également s’en protéger : au fil de la vie, Psyché se construit péniblement à partir de ce paradoxe porteur de haine et d’ambivalences, à la recherche d’un équilibre toujours insatisfaisant, instable, imparfait, entre l’irrépressible besoin d’amour et les barrières multiformes et parfois insoupçonnables qu’érige Narcisse avec son travail souterrain de concentration affective et de mise à distance de l’autre, obstacle profondément inscrit dans le psychisme humain, la marque de sa fragilité. Les psychanalystes se sont penchés sur ces grandes questions depuis toujours. Mais mettre l’accent sur le paradoxe générateur de violence, et sur sa relation avec la conception winnicottienne de l’aire intermédiaire et des stratagèmes que la faiblesse organise afin de survivre, permet d’apercevoir l’importance cruciale du thème de l’impuissance originelle. En en faisant l’expérience et en la reconnaissant, l’homme peut s’ouvrir à soi même et à l’autre, et rendre alors possible la compréhension mutuelle. L’impuissance humaine permet finalement à Freud de montrer le point d’articulation entre morale et psychanalyse, entre l’étude du comportement humain et des valeurs qui permettent aux individus de cohabiter, et l’exploration des mobiles profonds et inconscients qui dévoilent l’incontournable, étroite solidarité de besoin et obligation.
Flâneries psychanalytiques sous forme de récits : la parole est donnée à la vie et à l’art pour que la réflexion jaillisse du vécu concret et sensible, pour que le regard éclairant des grands auteurs de la psychanalyse sur nos souffrances ordinaires soit remis en quelque sorte "en situation". Histoires de rencontres singulières, et aussi rencontres de l’auteur avec des livres ou des films où il est question de la relation à l’autre, de l’étrangeté de l’expérience du différent, recherché et rejeté. Chaque histoire vit de sa propre vie, mais une parenté secrète se noue, un motif insiste, un thème se dégage à partir de l’expérience intime et de la réflexion psychanalytique toujours entrelacées : la relation à autrui, désirée, illusoire, orageuse, consolante. Le lien et son entrave, le narcissisme, obstacle majeur à l’ouverture bienfaisante dont l’homme ne guérit jamais, nous avertit Freud, métaphore séduisante et protéiforme du plus simple des drames possibles, selon les mots de Valéry. Le plus simple – drame d’un seul –, et aussi le plus ancien. L’individu ne saurait se passer du secours de l’autre, et il doit également s’en protéger : au fil de la vie, Psyché se construit péniblement à partir de ce paradoxe porteur de haine et d’ambivalences, à la recherche d’un équilibre toujours insatisfaisant, instable, imparfait, entre l’irrépressible besoin d’amour et les barrières multiformes et parfois insoupçonnables qu’érige Narcisse avec son travail souterrain de concentration affective et de mise à distance de l’autre, obstacle profondément inscrit dans le psychisme humain, la marque de sa fragilité. Les psychanalystes se sont penchés sur ces grandes questions depuis toujours. Mais mettre l’accent sur le paradoxe générateur de violence, et sur sa relation avec la conception winnicottienne de l’aire intermédiaire et des stratagèmes que la faiblesse organise afin de survivre, permet d’apercevoir l’importance cruciale du thème de l’impuissance originelle. En en faisant l’expérience et en la reconnaissant, l’homme peut s’ouvrir à soi même et à l’autre, et rendre alors possible la compréhension mutuelle. L’impuissance humaine permet finalement à Freud de montrer le point d’articulation entre morale et psychanalyse, entre l’étude du comportement humain et des valeurs qui permettent aux individus de cohabiter, et l’exploration des mobiles profonds et inconscients qui dévoilent l’incontournable, étroite solidarité de besoin et obligation.