Enide

Romance, Historical
Cover of the book Enide by Baron Alfred Tennyson Tennyson, Francisque Michel, koumimi
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Author: Baron Alfred Tennyson Tennyson, Francisque Michel ISBN: 1230001759341
Publisher: koumimi Publication: July 10, 2017
Imprint: Language: French
Author: Baron Alfred Tennyson Tennyson, Francisque Michel
ISBN: 1230001759341
Publisher: koumimi
Publication: July 10, 2017
Imprint:
Language: French

Extrait :

Le brave Geraint, chevalier de la cour d'Arthur et du grand ordre de la Table ronde, prince tributaire de Devon, avait épousé Énide, la fille unique d'Yniol, et il l'aimait comme la lumière du ciel. Et comme la lumière du ciel varie à l'aurore, au coucher du soleil et pendant les nuits éclairées par la lune et les étoiles tremblantes, ainsi Geraint se plaisait à varier la beauté de sa bien-aimée par la soie, la pourpre et les pierres précieuses. Et Énide, uniquement pour charmer les yeux de son mari, qui l'avait trouvée tout d'abord et aimée dans un état de pauvreté, se présentait journellement à lui dans une parure nouvelle; la reine elle-même, reconnaissante envers le prince Geraint pour ses services, aimait Énide, et souvent de ses blanches mains l'habillait, la paraît, comme la plus charmante après elle dans toute la cour. Énide aimait la reine et d'un cœur sincère l'adorait comme la plus imposante, la meilleure et la plus aimable de toutes les femmes sur la terre. En les voyant si tendres et si unies, Geraint s'applaudissait de cette amitié mutuelle; mais quand le bruit public accusa la reine d'un amour coupable pour Lancelot, bien qu'il n'y eût pas encore de preuves, et que les bruits du monde n'eussent point encore éclaté comme une tempête, néanmoins Geraint y ajouta foi et fut consterné, appréhendant que sa noble épouse, à cause de cette grande tendresse pour Genièvre, eût reçu ou dût recevoir la moindre tache: c'est pourquoi, se rendant auprès du roi, il donna pour prétexte que sa principauté était sur la lisière d'un territoire fréquenté par des comtes pillards, des chevaliers tarés, des assassins, en un mot, par tous ceux qui cherchaient par la fuite à se dérober à la justice, par tous ceux qui haïssaient les lois: conséquemment, tant qu'il ne plairait pas au roi lui-même de nettoyer cette sentine de tout son royaume, il demandait la permission de partir et d'aller défendre ses frontières. Le roi considéra pendant quelque temps cette requête; mais à la fin, le prince, ayant obtenu son congé, se mit en route avec Énide et une suite de cinquante chevaliers, vers les bords de la Severn, et ils passèrent dans leur pays. Là, pensant que si jamais femme fut fidèle à son mari, la sienne lui garderait aussi sa foi, il l'entoura de tendres soins et d'adoration, ne la laissant jamais seule; il oublia ainsi la promesse qu'il avait faite au roi, les faucons et la chasse, les joutes et les tournois, sa gloire et son nom, sa principauté et les soucis de son gouvernement. Cet oubli était odieux à la dame; et bientôt les gens, lorsqu'ils se trouvaient ensemble deux ou trois ou en plus grand nombre, commencèrent à rire, à railler et à jaser sur le compte de Geraint, comme d'un prince dont la virilité s'était évanouie et fondue en amour immodéré pour sa femme. Énide en fut instruite par les yeux du peuple, elle le sut encore par les femmes qui lui ornaient la tête; pour être agréables à leur maîtresse, elles parlaient de l'amour sans bornes de Geraint, mais elles ne l'en attristaient que davantage. Chaque jour elle songeait à avertir son époux, sans pouvoir s'y résoudre par timidité et délicatesse. De son côté, Geraint, qui l'observait, la voyant s'attrister, soupçonnait de plus en plus une tache sur sa pureté...

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Extrait :

Le brave Geraint, chevalier de la cour d'Arthur et du grand ordre de la Table ronde, prince tributaire de Devon, avait épousé Énide, la fille unique d'Yniol, et il l'aimait comme la lumière du ciel. Et comme la lumière du ciel varie à l'aurore, au coucher du soleil et pendant les nuits éclairées par la lune et les étoiles tremblantes, ainsi Geraint se plaisait à varier la beauté de sa bien-aimée par la soie, la pourpre et les pierres précieuses. Et Énide, uniquement pour charmer les yeux de son mari, qui l'avait trouvée tout d'abord et aimée dans un état de pauvreté, se présentait journellement à lui dans une parure nouvelle; la reine elle-même, reconnaissante envers le prince Geraint pour ses services, aimait Énide, et souvent de ses blanches mains l'habillait, la paraît, comme la plus charmante après elle dans toute la cour. Énide aimait la reine et d'un cœur sincère l'adorait comme la plus imposante, la meilleure et la plus aimable de toutes les femmes sur la terre. En les voyant si tendres et si unies, Geraint s'applaudissait de cette amitié mutuelle; mais quand le bruit public accusa la reine d'un amour coupable pour Lancelot, bien qu'il n'y eût pas encore de preuves, et que les bruits du monde n'eussent point encore éclaté comme une tempête, néanmoins Geraint y ajouta foi et fut consterné, appréhendant que sa noble épouse, à cause de cette grande tendresse pour Genièvre, eût reçu ou dût recevoir la moindre tache: c'est pourquoi, se rendant auprès du roi, il donna pour prétexte que sa principauté était sur la lisière d'un territoire fréquenté par des comtes pillards, des chevaliers tarés, des assassins, en un mot, par tous ceux qui cherchaient par la fuite à se dérober à la justice, par tous ceux qui haïssaient les lois: conséquemment, tant qu'il ne plairait pas au roi lui-même de nettoyer cette sentine de tout son royaume, il demandait la permission de partir et d'aller défendre ses frontières. Le roi considéra pendant quelque temps cette requête; mais à la fin, le prince, ayant obtenu son congé, se mit en route avec Énide et une suite de cinquante chevaliers, vers les bords de la Severn, et ils passèrent dans leur pays. Là, pensant que si jamais femme fut fidèle à son mari, la sienne lui garderait aussi sa foi, il l'entoura de tendres soins et d'adoration, ne la laissant jamais seule; il oublia ainsi la promesse qu'il avait faite au roi, les faucons et la chasse, les joutes et les tournois, sa gloire et son nom, sa principauté et les soucis de son gouvernement. Cet oubli était odieux à la dame; et bientôt les gens, lorsqu'ils se trouvaient ensemble deux ou trois ou en plus grand nombre, commencèrent à rire, à railler et à jaser sur le compte de Geraint, comme d'un prince dont la virilité s'était évanouie et fondue en amour immodéré pour sa femme. Énide en fut instruite par les yeux du peuple, elle le sut encore par les femmes qui lui ornaient la tête; pour être agréables à leur maîtresse, elles parlaient de l'amour sans bornes de Geraint, mais elles ne l'en attristaient que davantage. Chaque jour elle songeait à avertir son époux, sans pouvoir s'y résoudre par timidité et délicatesse. De son côté, Geraint, qui l'observait, la voyant s'attrister, soupçonnait de plus en plus une tache sur sa pureté...

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