Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle

( Edition intégrale ) Tome 7/9 - illustré - annoté

Nonfiction, Science & Nature, Technology, Construction & Construction Trades, History, Renaissance, France
Cover of the book Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle by Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc, Paris, B. Bance, 1854
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Author: Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc ISBN: 1230002917306
Publisher: Paris, B. Bance, 1854 Publication: November 24, 2018
Imprint: Language: French
Author: Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc
ISBN: 1230002917306
Publisher: Paris, B. Bance, 1854
Publication: November 24, 2018
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PALAIS, s. m. C’est la maison royale ou suzeraine, le lieu où le suzerain rend la justice. Aussi ce qui distingue particulièrement le palais c’est la basilique, la grand’salle qui toujours en fait la partie principale. Le Palais, au moyen âge, est, à dater des Carlovingiens, placé dans la capitale du suzerain, c’est sa résidence jusque vers le XIVe siècle. Cependant les rois mérovingiens ont possédé des palais dans les campagnes ou à proximité des villes. Ces premiers palais étaient à peu près élevés sur le modèle des villæ gallo-romaines, quelquefois même dans les restes de ces établissements. Les palais de Verberie, de Compiègne, de Chelles, de Noisy, de Braisne, d’Attigny, n’étaient que de véritables villæ.

«L’habitation royale n’avait rien de l’aspect militaire des châteaux du moyen âge: c’était un vaste bâtiment entouré de portiques d’architecture romaine, quelquefois construit en bois poli avec soin et orné de sculptures qui ne manquaient pas d’élégance. Autour du principal corps de logis se trouvaient disposés, par ordre, les logements des officiers du palais, soit barbares, soit romains d’origine, et ceux des chefs de bande qui, selon la coutume germanique, s’étaient mis avec leurs guerriers dans la truste du roi, c’est-à-dire sous un engagement spécial de vasselage et de fidélité. D’autres maisons de moindre apparence étaient occupées par un grand nombre de familles qui exerçaient, hommes et femmes, toutes sortes de métiers… La plupart de ces familles étaient gauloises, nées sur la portion du sol que le roi s’était adjugé comme part de conquête, ou transportées violemment de quelques villes voisines pour coloniser le domaine royal; mais si l’on en juge par la physionomie des noms propres, il y avait aussi parmi elles des Germains et d’autres barbares dont les pères étaient venus en Gaule, comme ouvriers ou gens de service, à la suite des bandes conquérantes. D’ailleurs, quelle que fût leur origine, ou leur genre d’industrie, ces familles étaient placées au même rang et désignées par le même nom, par celui de lites en langue tudesque, et en langue latine par celui de fiscalins, c’est-à-dire attachées au fisc. Des bâtiments d’exploitation agricole, des haras, des étables, des bergeries et des granges, les masures des cultivateurs et les cabanes des serfs du domaine complétaient le village royal, qui ressemblait parfaitement, quoique sur une plus grande échelle, aux villages de l’ancienne Germanie… 1.» Des baies vives, des murs de pierres sèches, des fossés, entouraient cet ensemble de bâtiments, et formaient quelquefois plusieurs enceintes, suivant l’usage des peuples du Nord. L’architecture des bâtiments participait des diverses influences sous lesquelles on les avait élevés; c’était un mélange de traditions gallo-romaines et de constructions de bois élevées avec un certain art, peintes de couleurs brillantes. Des granges, des hangars, des celliers énormes, contenaient des provisions amassées pendant plusieurs mois, et que les princes barbares venaient consommer avec leurs leudes. Lorsque tout était vide, ils se transportaient dans un autre domaine. Ces palais, bâtis sur la lisière des grandes forêts, retentissaient des cris des chasseurs et du fracas d’orgies qui se prolongeaient souvent, pendant plusieurs jours. Les Carlovingiens conservèrent encore cet usage de vivre dans les palais de campagne, et Charlemagne en possédait un grand nombre 2. Mais alors la vie en commun était remplacée par une sorte d’étiquette; les palais ressemblaient davantage à une cour; de beaux jardins les entouraient, cultivés avec soin; les enceintes étaient mieux marquées. Toutefois la grande salle, la basilique, formait toujours la partie principale du domaine.

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PALAIS, s. m. C’est la maison royale ou suzeraine, le lieu où le suzerain rend la justice. Aussi ce qui distingue particulièrement le palais c’est la basilique, la grand’salle qui toujours en fait la partie principale. Le Palais, au moyen âge, est, à dater des Carlovingiens, placé dans la capitale du suzerain, c’est sa résidence jusque vers le XIVe siècle. Cependant les rois mérovingiens ont possédé des palais dans les campagnes ou à proximité des villes. Ces premiers palais étaient à peu près élevés sur le modèle des villæ gallo-romaines, quelquefois même dans les restes de ces établissements. Les palais de Verberie, de Compiègne, de Chelles, de Noisy, de Braisne, d’Attigny, n’étaient que de véritables villæ.

«L’habitation royale n’avait rien de l’aspect militaire des châteaux du moyen âge: c’était un vaste bâtiment entouré de portiques d’architecture romaine, quelquefois construit en bois poli avec soin et orné de sculptures qui ne manquaient pas d’élégance. Autour du principal corps de logis se trouvaient disposés, par ordre, les logements des officiers du palais, soit barbares, soit romains d’origine, et ceux des chefs de bande qui, selon la coutume germanique, s’étaient mis avec leurs guerriers dans la truste du roi, c’est-à-dire sous un engagement spécial de vasselage et de fidélité. D’autres maisons de moindre apparence étaient occupées par un grand nombre de familles qui exerçaient, hommes et femmes, toutes sortes de métiers… La plupart de ces familles étaient gauloises, nées sur la portion du sol que le roi s’était adjugé comme part de conquête, ou transportées violemment de quelques villes voisines pour coloniser le domaine royal; mais si l’on en juge par la physionomie des noms propres, il y avait aussi parmi elles des Germains et d’autres barbares dont les pères étaient venus en Gaule, comme ouvriers ou gens de service, à la suite des bandes conquérantes. D’ailleurs, quelle que fût leur origine, ou leur genre d’industrie, ces familles étaient placées au même rang et désignées par le même nom, par celui de lites en langue tudesque, et en langue latine par celui de fiscalins, c’est-à-dire attachées au fisc. Des bâtiments d’exploitation agricole, des haras, des étables, des bergeries et des granges, les masures des cultivateurs et les cabanes des serfs du domaine complétaient le village royal, qui ressemblait parfaitement, quoique sur une plus grande échelle, aux villages de l’ancienne Germanie… 1.» Des baies vives, des murs de pierres sèches, des fossés, entouraient cet ensemble de bâtiments, et formaient quelquefois plusieurs enceintes, suivant l’usage des peuples du Nord. L’architecture des bâtiments participait des diverses influences sous lesquelles on les avait élevés; c’était un mélange de traditions gallo-romaines et de constructions de bois élevées avec un certain art, peintes de couleurs brillantes. Des granges, des hangars, des celliers énormes, contenaient des provisions amassées pendant plusieurs mois, et que les princes barbares venaient consommer avec leurs leudes. Lorsque tout était vide, ils se transportaient dans un autre domaine. Ces palais, bâtis sur la lisière des grandes forêts, retentissaient des cris des chasseurs et du fracas d’orgies qui se prolongeaient souvent, pendant plusieurs jours. Les Carlovingiens conservèrent encore cet usage de vivre dans les palais de campagne, et Charlemagne en possédait un grand nombre 2. Mais alors la vie en commun était remplacée par une sorte d’étiquette; les palais ressemblaient davantage à une cour; de beaux jardins les entouraient, cultivés avec soin; les enceintes étaient mieux marquées. Toutefois la grande salle, la basilique, formait toujours la partie principale du domaine.

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