Author: | Pierre Gascar, Max Gallo | ISBN: | 9782221207567 |
Publisher: | Robert Laffont (réédition numérique FeniXX) | Publication: | January 1, 1976 |
Imprint: | Robert Laffont (réédition numérique FeniXX) | Language: | French |
Author: | Pierre Gascar, Max Gallo |
ISBN: | 9782221207567 |
Publisher: | Robert Laffont (réédition numérique FeniXX) |
Publication: | January 1, 1976 |
Imprint: | Robert Laffont (réédition numérique FeniXX) |
Language: | French |
Dans la forêt, chaque arbre s’élève, d’un même mouvement que ses semblables, à la fois contrarié par leur présence, qui lui dispute l’air et le soleil, et comme inspiré, guidé, par leur élan. Dur effort pour échapper à tout ce qui, en bas, retient, paralyse, étouffe. L’arbre en porte la marque, sous la forme de nœuds qui lui donnent son aspect particulier, sa singularité. Mais, plus haut, tous les arbres confondent uniformément leur feuillage. Ce qui nous autorise à parler, après bien des poètes, de la forêt humaine, c’est que, dans celle-ci, comme dans l’autre, on se trouve au sein d’une multitude où chacun se dresse dans son irréductibilité. Mais c’est aussi parce que, de temps en temps, une voix unanime, vaste comme la rumeur que le vent tire des frondaisons mêlées, s’y élève. « Solitaire, solidaire », a écrit Albert Camus. La formule, qui se lit aussi à l’envers, appartient à l’arbre de la forêt et appartient à l’homme. Elle définit l’alternance sur laquelle notre vie est fondée ; elle indique que ces deux états opposés débouchent l’un sur l’autre. Elle sert ici de conclusion au livre d’un homme qui a vécu directement la plupart des faits importants de ce temps, en différents lieux de la terre. Il a fait le tour de la forêt. Il n’y a pas trouvé d’autre vérité, d’autre morale. P.G.
Dans la forêt, chaque arbre s’élève, d’un même mouvement que ses semblables, à la fois contrarié par leur présence, qui lui dispute l’air et le soleil, et comme inspiré, guidé, par leur élan. Dur effort pour échapper à tout ce qui, en bas, retient, paralyse, étouffe. L’arbre en porte la marque, sous la forme de nœuds qui lui donnent son aspect particulier, sa singularité. Mais, plus haut, tous les arbres confondent uniformément leur feuillage. Ce qui nous autorise à parler, après bien des poètes, de la forêt humaine, c’est que, dans celle-ci, comme dans l’autre, on se trouve au sein d’une multitude où chacun se dresse dans son irréductibilité. Mais c’est aussi parce que, de temps en temps, une voix unanime, vaste comme la rumeur que le vent tire des frondaisons mêlées, s’y élève. « Solitaire, solidaire », a écrit Albert Camus. La formule, qui se lit aussi à l’envers, appartient à l’arbre de la forêt et appartient à l’homme. Elle définit l’alternance sur laquelle notre vie est fondée ; elle indique que ces deux états opposés débouchent l’un sur l’autre. Elle sert ici de conclusion au livre d’un homme qui a vécu directement la plupart des faits importants de ce temps, en différents lieux de la terre. Il a fait le tour de la forêt. Il n’y a pas trouvé d’autre vérité, d’autre morale. P.G.