Author: | Alfred de Vigny | ISBN: | 1230000852166 |
Publisher: | CP | Publication: | December 18, 2015 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Alfred de Vigny |
ISBN: | 1230000852166 |
Publisher: | CP |
Publication: | December 18, 2015 |
Imprint: | |
Language: | French |
L’étude du destin général des sociétés n’est pas moins nécessaire aujourd’hui dans les écrits que l’analyse du cœur humain. Nous sommes dans un temps où l’on veut tout connaître et où l’on cherche la source de tous les fleuves. La France surtout aime à la fois l’Histoire et le Drame, parce que l’une retrace les vastes destinées de l’humanité, et l’autre le sort particulier de l’homme. C’est là toute la vie. Or, ce n’est qu’à la Religion, à la Philosophie, à la Poésie pure, qu’il appartient d’aller plus loin que la vie, au delà des temps, jusqu’à l’éternité.
Dans ces dernières années (et c’est peut-être une suite de nos mouvements politiques), l’Art s’est empreint d’histoire plus fortement que jamais. Nous avons tous les yeux attachés sur nos Chroniques, comme si, parvenus à la virilité en marchant vers de plus grandes choses, nous nous arrêtions un moment pour nous rendre compte de notre jeunesse et de ses erreurs. Il a donc fallu doubler l’intérêt en y ajoutant le souvenir.
Comme la France allait plus loin que les autres nations dans cet amour des faits et que j’avais choisi une époque récente et connue, je crus aussi ne pas devoir imiter les étrangers, qui, dans leurs tableaux, montrent à peine à l’horizon les hommes dominants de leur histoire ; je plaçai les nôtres sur le devant de la scène, je les fis principaux acteurs de cette tragédie dans laquelle j’avais dessein de peindre les trois sortes d’ambition qui nous peuvent remuer, et, à côté d’elles, la beauté du sacrifice de soi-même à une généreuse pensée. Un traité sur la chute de la féodalité, sur la position extérieure et intérieure de la France au XVIIe siècle, sur la question des alliances avec les armes étrangères, sur la justice aux mains des parlements ou des commissions secrètes et sur les accusations de sorcellerie, n’eût pas été lu peut-être ; le roman le fut.
L’étude du destin général des sociétés n’est pas moins nécessaire aujourd’hui dans les écrits que l’analyse du cœur humain. Nous sommes dans un temps où l’on veut tout connaître et où l’on cherche la source de tous les fleuves. La France surtout aime à la fois l’Histoire et le Drame, parce que l’une retrace les vastes destinées de l’humanité, et l’autre le sort particulier de l’homme. C’est là toute la vie. Or, ce n’est qu’à la Religion, à la Philosophie, à la Poésie pure, qu’il appartient d’aller plus loin que la vie, au delà des temps, jusqu’à l’éternité.
Dans ces dernières années (et c’est peut-être une suite de nos mouvements politiques), l’Art s’est empreint d’histoire plus fortement que jamais. Nous avons tous les yeux attachés sur nos Chroniques, comme si, parvenus à la virilité en marchant vers de plus grandes choses, nous nous arrêtions un moment pour nous rendre compte de notre jeunesse et de ses erreurs. Il a donc fallu doubler l’intérêt en y ajoutant le souvenir.
Comme la France allait plus loin que les autres nations dans cet amour des faits et que j’avais choisi une époque récente et connue, je crus aussi ne pas devoir imiter les étrangers, qui, dans leurs tableaux, montrent à peine à l’horizon les hommes dominants de leur histoire ; je plaçai les nôtres sur le devant de la scène, je les fis principaux acteurs de cette tragédie dans laquelle j’avais dessein de peindre les trois sortes d’ambition qui nous peuvent remuer, et, à côté d’elles, la beauté du sacrifice de soi-même à une généreuse pensée. Un traité sur la chute de la féodalité, sur la position extérieure et intérieure de la France au XVIIe siècle, sur la question des alliances avec les armes étrangères, sur la justice aux mains des parlements ou des commissions secrètes et sur les accusations de sorcellerie, n’eût pas été lu peut-être ; le roman le fut.