Author: | Charles Deulin | ISBN: | 1230000727990 |
Publisher: | Charles Deulin | Publication: | October 18, 2015 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Charles Deulin |
ISBN: | 1230000727990 |
Publisher: | Charles Deulin |
Publication: | October 18, 2015 |
Imprint: | |
Language: | French |
EXTRAIT:
Cambrinus
I
Au temps jadis, il y avait au village de Fresnes-sur-l’Escaut un garçon verrier nommé Cambrinus, selon d’autres Gambrinus, qui, avec sa figure rose et fraîche, sa barbe et ses cheveux dorés, était bien le plus joli gars qu’on pût voir.
Plus d’une demoiselle de verrier, en apportant le dîner de son père, agaçait de l’œil le beau Cambrinus ; mais lui n’avait d’yeux que pour Flandrine, la fille de son souffleur.
Flandrine était, de son côté, une superbe fille à la chevelure d’or, aux joues rouvelèmes, — j’ai voulu dire vermeilles, — et jamais couple mieux assorti n’eût été béni par M. le curé, s’il n’y avait eu entre eux une barrière infranchissable.
Cambrinus n’était point de race verrière et ne pouvait aspirer à la maîtrise. Il devait, sa vie durant, passer la bouteille ébauchée à son souffleur, sans jamais prétendre à l’honneur de l’achever lui-même.
Personne n’ignore, en effet, que les verriers sont tous gentils-hommes de naissance et ne montrent qu’à leurs fils le noble métier de souffleur. Or, Flandrine était trop fière pour abaisser ses regards sur un simple grand garçon, comme on dit en langage de verrier.
Cela fit que le malheureux, consumé par un feu dix fois plus ardent que celui de son four, perdit ses fraîches couleurs et devint sec comme un héron.
N’y pouvant tenir davantage, un jour qu’il était seul avec Flandrine, il prit son courage à deux mains et lui déclara ses sentiments. L’orgueilleuse fille le reçut avec un tel dédain que, de désespoir, il planta là sa besogne et ne reparut plus à la verrerie.
EXTRAIT:
Cambrinus
I
Au temps jadis, il y avait au village de Fresnes-sur-l’Escaut un garçon verrier nommé Cambrinus, selon d’autres Gambrinus, qui, avec sa figure rose et fraîche, sa barbe et ses cheveux dorés, était bien le plus joli gars qu’on pût voir.
Plus d’une demoiselle de verrier, en apportant le dîner de son père, agaçait de l’œil le beau Cambrinus ; mais lui n’avait d’yeux que pour Flandrine, la fille de son souffleur.
Flandrine était, de son côté, une superbe fille à la chevelure d’or, aux joues rouvelèmes, — j’ai voulu dire vermeilles, — et jamais couple mieux assorti n’eût été béni par M. le curé, s’il n’y avait eu entre eux une barrière infranchissable.
Cambrinus n’était point de race verrière et ne pouvait aspirer à la maîtrise. Il devait, sa vie durant, passer la bouteille ébauchée à son souffleur, sans jamais prétendre à l’honneur de l’achever lui-même.
Personne n’ignore, en effet, que les verriers sont tous gentils-hommes de naissance et ne montrent qu’à leurs fils le noble métier de souffleur. Or, Flandrine était trop fière pour abaisser ses regards sur un simple grand garçon, comme on dit en langage de verrier.
Cela fit que le malheureux, consumé par un feu dix fois plus ardent que celui de son four, perdit ses fraîches couleurs et devint sec comme un héron.
N’y pouvant tenir davantage, un jour qu’il était seul avec Flandrine, il prit son courage à deux mains et lui déclara ses sentiments. L’orgueilleuse fille le reçut avec un tel dédain que, de désespoir, il planta là sa besogne et ne reparut plus à la verrerie.