Author: | aimard gustave | ISBN: | 1230002163857 |
Publisher: | bp | Publication: | February 17, 2018 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | aimard gustave |
ISBN: | 1230002163857 |
Publisher: | bp |
Publication: | February 17, 2018 |
Imprint: | |
Language: | French |
Des ogres au désert ; des oiseaux de proie ; d’insolents usurpateurs ; des voleurs sans retenue et sans conscience ; les Blancs ont été tout cela et pis encore dans ce malheureux Nouveau-Monde qui aurait bien voulu rester toujours inconnu. Le grand et vieux fleuve qui descend des régions mystérieuses et inexplorées des montagnes Rocheuses a dû se plier au joug des envahisseurs : ses flots majestueux, jusqu’alors purs et calmes comme l’azur des cieux, ont écumé sous les coups redoublés de la vapeur, se sont souillés des dé- tritus d’usines, ont charrié des fardeaux, ont été réduits en esclavage. En même temps, des fermes, des parcs, des avenues, des villages, des villes, des palais ont surgi comme par enchantement sur les rives du vé- nérable cours d’eau. La solitude et son paisible silence, le désert et sa paix profonde, ont disparu. Væ victis ! tel a été le premier et dernier mot de la civilisation. Et pourtant, elle était si grande cette belle nature, sortie des mains du Créateur comme un reflet de son immensité, qu’aux déserts absorbés ont succédé les déserts, et que les plus effrontés chercheurs en ignorent encore les bornes ! Parmi les plus aventureux pionniers de la Nebraska, se trouvait Thomas Newcome. Quoique venu du Connecticut, il était né Anglais, et s’il avait gagné le Far-West, c’était moins pour chercher la fortune, que pour satisfaire les caprices d’une imagination fantasque, désordonnée, ennemie de toute gêne. Son existence tenait du roman ; – comme cela arrive beaucoup trop fréquemment pour l’ordre et le bonheur de la société – il avait été le héros d’une mésalliance qui avait fait grand bruit dans le monde londonien. À une époque où il était jardinier dans les propriétés d’une noble famille, il avait su se faire adorer par la fille de la maison, l’avait enlevée, et avait fui avec elle en Amérique. La malheureuse et imprudente victime de cette passion s’était aperçue trop tard de son funeste aveuglement ; il lui avait fallu dévorer dans l’humiliation et les larmes le pain amer de la pauvreté, assaisonné de ...
Des ogres au désert ; des oiseaux de proie ; d’insolents usurpateurs ; des voleurs sans retenue et sans conscience ; les Blancs ont été tout cela et pis encore dans ce malheureux Nouveau-Monde qui aurait bien voulu rester toujours inconnu. Le grand et vieux fleuve qui descend des régions mystérieuses et inexplorées des montagnes Rocheuses a dû se plier au joug des envahisseurs : ses flots majestueux, jusqu’alors purs et calmes comme l’azur des cieux, ont écumé sous les coups redoublés de la vapeur, se sont souillés des dé- tritus d’usines, ont charrié des fardeaux, ont été réduits en esclavage. En même temps, des fermes, des parcs, des avenues, des villages, des villes, des palais ont surgi comme par enchantement sur les rives du vé- nérable cours d’eau. La solitude et son paisible silence, le désert et sa paix profonde, ont disparu. Væ victis ! tel a été le premier et dernier mot de la civilisation. Et pourtant, elle était si grande cette belle nature, sortie des mains du Créateur comme un reflet de son immensité, qu’aux déserts absorbés ont succédé les déserts, et que les plus effrontés chercheurs en ignorent encore les bornes ! Parmi les plus aventureux pionniers de la Nebraska, se trouvait Thomas Newcome. Quoique venu du Connecticut, il était né Anglais, et s’il avait gagné le Far-West, c’était moins pour chercher la fortune, que pour satisfaire les caprices d’une imagination fantasque, désordonnée, ennemie de toute gêne. Son existence tenait du roman ; – comme cela arrive beaucoup trop fréquemment pour l’ordre et le bonheur de la société – il avait été le héros d’une mésalliance qui avait fait grand bruit dans le monde londonien. À une époque où il était jardinier dans les propriétés d’une noble famille, il avait su se faire adorer par la fille de la maison, l’avait enlevée, et avait fui avec elle en Amérique. La malheureuse et imprudente victime de cette passion s’était aperçue trop tard de son funeste aveuglement ; il lui avait fallu dévorer dans l’humiliation et les larmes le pain amer de la pauvreté, assaisonné de ...