Author: | Claire de Duras | ISBN: | 1230000975469 |
Publisher: | MD | Publication: | March 3, 2016 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Claire de Duras |
ISBN: | 1230000975469 |
Publisher: | MD |
Publication: | March 3, 2016 |
Imprint: | |
Language: | French |
Claire Louisa Rose Bonne, duchesse de Duras, née de Coëtnempren de Kersaint le 23 mars 1777 à Brest et morte le 16 janvier 1828 à Nice, est une écrivaine française surtout connue pour son roman Ourika, publié en 1823, qui analyse les questions d’égalité raciale et sexuelle. Elle est considérée par certains comme féministe.
Extrait :
Je suis le fils d’un célèbre avocat au parlement de Paris ; ma famille est de Lyon, et, depuis plusieurs générations, elle a occupé les plus utiles emplois réservés à la haute bourgeoisie de cette ville. Un de mes grands-pères mourut victime de son dévoûment dans la maladie épidémique qui désola Lyon en 1748. Son nom révéré devint dans sa patrie le synonyme du courage et de l’honneur. Mon père fut de bonne heure destiné au barreau ; il s’y distingua, et acquit une telle considération qu’il devint d’usage de ne se décider sur aucune affaire de quelque importance sans la lui avoir soumise. Il se maria déjà vieux à une femme qu’il aimait depuis longtemps ; je fus leur unique enfant. Mon père voulut m’élever lui-même ; et lorsque j’eus dix ans accomplis, il se retira avec ma mère à Lyon, et se consacra tout entier à mon éducation. Je satisfaisais mon père sous quelques points ; je l’inquiétais sous d’autres. Apprenant avec une extrême facilité, je ne faisais aucun usage de ce que je savais. Réservé, silencieux, peu confiant, tout s’entassait dans mon esprit et ne produisait qu’une fermentation inutile et de continuelles rêveries. J’aimais la solitude, j’aimais à voir le soleil couchant ; je serais resté des journées entières, assis sur cette pointe de sable qui termine la presqu’île où Lyon est bâtie, à regarder se mêler les eaux de la Saône et du Rhône, et à sentir ma pensée, ma vie comme entraînées dans leur courant. On m’envoyait chercher ; je rentrais, je me mettais à l’étude sans humeur et sans dégoût ; mais on aurait dit que je vivais de deux vies, tant mes occupations et mes pensées étaient de nature différente.
Claire Louisa Rose Bonne, duchesse de Duras, née de Coëtnempren de Kersaint le 23 mars 1777 à Brest et morte le 16 janvier 1828 à Nice, est une écrivaine française surtout connue pour son roman Ourika, publié en 1823, qui analyse les questions d’égalité raciale et sexuelle. Elle est considérée par certains comme féministe.
Extrait :
Je suis le fils d’un célèbre avocat au parlement de Paris ; ma famille est de Lyon, et, depuis plusieurs générations, elle a occupé les plus utiles emplois réservés à la haute bourgeoisie de cette ville. Un de mes grands-pères mourut victime de son dévoûment dans la maladie épidémique qui désola Lyon en 1748. Son nom révéré devint dans sa patrie le synonyme du courage et de l’honneur. Mon père fut de bonne heure destiné au barreau ; il s’y distingua, et acquit une telle considération qu’il devint d’usage de ne se décider sur aucune affaire de quelque importance sans la lui avoir soumise. Il se maria déjà vieux à une femme qu’il aimait depuis longtemps ; je fus leur unique enfant. Mon père voulut m’élever lui-même ; et lorsque j’eus dix ans accomplis, il se retira avec ma mère à Lyon, et se consacra tout entier à mon éducation. Je satisfaisais mon père sous quelques points ; je l’inquiétais sous d’autres. Apprenant avec une extrême facilité, je ne faisais aucun usage de ce que je savais. Réservé, silencieux, peu confiant, tout s’entassait dans mon esprit et ne produisait qu’une fermentation inutile et de continuelles rêveries. J’aimais la solitude, j’aimais à voir le soleil couchant ; je serais resté des journées entières, assis sur cette pointe de sable qui termine la presqu’île où Lyon est bâtie, à regarder se mêler les eaux de la Saône et du Rhône, et à sentir ma pensée, ma vie comme entraînées dans leur courant. On m’envoyait chercher ; je rentrais, je me mettais à l’étude sans humeur et sans dégoût ; mais on aurait dit que je vivais de deux vies, tant mes occupations et mes pensées étaient de nature différente.