Uranie était-elle une blonde jeune fille aux yeux bleus, un rêve de printemps, une innocente, mais curieuse fille d’Ève? Non, elle était simplement, comme autrefois, l’une des neuf Muses, celle qui présidait à l’Astronomie et dont le regard céleste animait et dirigeait le chœur des sphères; elle était l’idée angélique qui plane au-dessus des lourdeurs terrestres; elle n’avait ni la chair troublante, ni le cœur dont les palpitations se communiquent à distance, ni la tiède chaleur de la vie humaine; mais elle existait pourtant, dans une sorte de monde idéal, supérieur et toujours pur, et toutefois elle était assez humaine parson nom, par sa forme, pour produire sur une âme d’adolescent une impression vive et profonde, pour faire naître dans cette âme un sentiment indéfini, indéfinissable, d’admiration et presque d’amour. Le jeune homme dont la main n’a pas encore touché au fruit divin de l’arbre du Paradis, celui dont les lèvres sont restées ignorantes, dont le cœur n’a point encore parlé, dont les sens s’éveillent au milieu du vague des aspirations nouvelles, celui-là pressent, dans les heures de solitude et même à travers les travaux intellectuels dont l’éducation contemporaine accable son cerveau, celui-là pressent le culte auquel il devra bientôt sacrifier, et personnifie d’avance sous des formes variées l’être charmant qui flotte dans l’atmosphère de ses rêves. Il veut, il désire atteindre cet être inconnu, mais ne l’ose pas encore, et peut-être ne l’oserait-il jamais dans la candeur de son admiration, si quelque avance secourable ne lui venait en aide. Si Chloé n’est point instruite, il faut que l’indiscrète et curieuse Lycénion se charge d’instruire Daphnis.
Uranie était-elle une blonde jeune fille aux yeux bleus, un rêve de printemps, une innocente, mais curieuse fille d’Ève? Non, elle était simplement, comme autrefois, l’une des neuf Muses, celle qui présidait à l’Astronomie et dont le regard céleste animait et dirigeait le chœur des sphères; elle était l’idée angélique qui plane au-dessus des lourdeurs terrestres; elle n’avait ni la chair troublante, ni le cœur dont les palpitations se communiquent à distance, ni la tiède chaleur de la vie humaine; mais elle existait pourtant, dans une sorte de monde idéal, supérieur et toujours pur, et toutefois elle était assez humaine parson nom, par sa forme, pour produire sur une âme d’adolescent une impression vive et profonde, pour faire naître dans cette âme un sentiment indéfini, indéfinissable, d’admiration et presque d’amour. Le jeune homme dont la main n’a pas encore touché au fruit divin de l’arbre du Paradis, celui dont les lèvres sont restées ignorantes, dont le cœur n’a point encore parlé, dont les sens s’éveillent au milieu du vague des aspirations nouvelles, celui-là pressent, dans les heures de solitude et même à travers les travaux intellectuels dont l’éducation contemporaine accable son cerveau, celui-là pressent le culte auquel il devra bientôt sacrifier, et personnifie d’avance sous des formes variées l’être charmant qui flotte dans l’atmosphère de ses rêves. Il veut, il désire atteindre cet être inconnu, mais ne l’ose pas encore, et peut-être ne l’oserait-il jamais dans la candeur de son admiration, si quelque avance secourable ne lui venait en aide. Si Chloé n’est point instruite, il faut que l’indiscrète et curieuse Lycénion se charge d’instruire Daphnis.