Une ville flottante

Science Fiction & Fantasy, Steampunk, Fiction & Literature, Action Suspense, Classics
Cover of the book Une ville flottante by Jules Verne, Consumer Oriented Ebooks Publisher
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Author: Jules Verne ISBN: 1230000910699
Publisher: Consumer Oriented Ebooks Publisher Publication: January 27, 2016
Imprint: Language: French
Author: Jules Verne
ISBN: 1230000910699
Publisher: Consumer Oriented Ebooks Publisher
Publication: January 27, 2016
Imprint:
Language: French

Le 18 mars 1867, j'arrivais à Liverpool. Le _Great Eastern_ devait
partir quelques jours après pour New York, et je venais prendre
passage à son bord. Voyage d'amateur, rien de plus. Une traversée
de l'Atlantique sur ce gigantesque bateau me tentait. Par
occasion, je comptais visiter le North-Amérique, mais
accessoirement. Le _Great Eastern_ d'abord. Le pays célébré par
Cooper ensuite. En effet, ce steamship est un chef-d'oeuvre de
construction navale. C'est plus qu'un vaisseau, c'est une ville
flottante, un morceau de comté, détaché du sol anglais, qui, après
avoir traversé la mer, va se souder au continent américain. Je me
figurais cette masse énorme emportée sur les flots, sa lutte
contre les vents qu'elle défie, son audace devant la mer
impuissante, son indifférence à la lame, sa stabilité au milieu de
cet élément qui secoue comme des chaloupes les _Warriors_ et les
_Solférinos_. Mais mon imagination s'était arrêtée en deçà. Toutes
ces choses, je les vis pendant cette traversée, et bien d'autres
encore qui ne sont plus du Domaine maritime. Si le _Great Eastern_
n'est pas seulement une machine nautique, si c'est un microcosme
et s'il emporte un monde avec lui, un observateur ne s'étonnera
pas d'y rencontrer, comme sur un plus grand théâtre, tous les
instincts, tous les ridicules, toutes les passions des hommes.

En quittant la gare, je me rendis à l'hôtel Adelphi. Le départ du
_Great Eastern_ était annoncé pour le 20 mars. Désirant suivre les
derniers préparatifs, je fis demander au capitaine Anderson,
commandant du steamship, la permission de m'installer
immédiatement à bord. Il m'y autorisa fort obligeamment.

Le lendemain, je descendis vers les bassins qui forment une double
lisière de docks sur les rives de la Mersey. Les ponts tournants
me permirent d'atteindre le quai de New-Prince, sorte de radeau
mobile qui suit les mouvements de la marée. C'est une place
d'embarquement pour les nombreux boats qui font le service de
Birkenhead, annexe de Liverpool, située sur la rive gauche de la
Mersey.

Cette Mersey, comme la Tamise, n'est qu'une insignifiante rivière,
indigne du nom de fleuve, bien qu'elle se jette à la mer. C'est
une vaste dépression du sol, remplie d'eau, un véritable trou que
sa profondeur rend propre à recevoir des navires du plus fort
tonnage. Tel le _Great Eastern_, auquel la plupart des autres
ports du monde sont rigoureusement interdits. Grâce à cette
disposition naturelle, ces ruisseaux de la Tamise et de la Mersey
ont vu se fonder presque à leur embouchure, deux immenses villes
de commerce, Londres et Liverpool; de même et à peu près pour des
considérations identiques, Glasgow sur la rivière Clyde.

À la cale de New-Prince chauffait un tender, petit bateau à
vapeur, affecté au service du _Great Eastern_. Je m'installai sur
le pont, déjà encombré d'ouvriers et de manoeuvres qui se
rendaient à bord du steamship. Quand sept heures du matin
sonnèrent à la tour Victoria, le tender largua ses amarres et
suivit à grande vitesse le flot montant de la Mersey.

À peine avait-il débordé que j'aperçus sur la cale un jeune homme
de grande taille, ayant cette physionomie aristocratique qui
distingue l'officier anglais. Je crus reconnaître en lui un de mes
amis, capitaine à l'armée des Indes, que je n'avais pas vu depuis
plusieurs années. Mais je devais me tromper, car le capitaine Mac
Elwin ne pouvait avoir quitté Bombay. Je l'aurais su. D'ailleurs
Mac Elwin était un garçon gai, insouciant, un joyeux camarade, et
celui-ci, s'il offrait à mes yeux les traits de mon ami, semblait
triste et comme accablé d'une secrète douleur. Quoi qu'il en soit,
je n'eus pas le temps de l'observer avec plus d'attention, car le
tender s'éloignait rapidement, et l'impression fondée sur cette
ressemblance s'effaça bientôt dans mon esprit.

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Le 18 mars 1867, j'arrivais à Liverpool. Le _Great Eastern_ devait
partir quelques jours après pour New York, et je venais prendre
passage à son bord. Voyage d'amateur, rien de plus. Une traversée
de l'Atlantique sur ce gigantesque bateau me tentait. Par
occasion, je comptais visiter le North-Amérique, mais
accessoirement. Le _Great Eastern_ d'abord. Le pays célébré par
Cooper ensuite. En effet, ce steamship est un chef-d'oeuvre de
construction navale. C'est plus qu'un vaisseau, c'est une ville
flottante, un morceau de comté, détaché du sol anglais, qui, après
avoir traversé la mer, va se souder au continent américain. Je me
figurais cette masse énorme emportée sur les flots, sa lutte
contre les vents qu'elle défie, son audace devant la mer
impuissante, son indifférence à la lame, sa stabilité au milieu de
cet élément qui secoue comme des chaloupes les _Warriors_ et les
_Solférinos_. Mais mon imagination s'était arrêtée en deçà. Toutes
ces choses, je les vis pendant cette traversée, et bien d'autres
encore qui ne sont plus du Domaine maritime. Si le _Great Eastern_
n'est pas seulement une machine nautique, si c'est un microcosme
et s'il emporte un monde avec lui, un observateur ne s'étonnera
pas d'y rencontrer, comme sur un plus grand théâtre, tous les
instincts, tous les ridicules, toutes les passions des hommes.

En quittant la gare, je me rendis à l'hôtel Adelphi. Le départ du
_Great Eastern_ était annoncé pour le 20 mars. Désirant suivre les
derniers préparatifs, je fis demander au capitaine Anderson,
commandant du steamship, la permission de m'installer
immédiatement à bord. Il m'y autorisa fort obligeamment.

Le lendemain, je descendis vers les bassins qui forment une double
lisière de docks sur les rives de la Mersey. Les ponts tournants
me permirent d'atteindre le quai de New-Prince, sorte de radeau
mobile qui suit les mouvements de la marée. C'est une place
d'embarquement pour les nombreux boats qui font le service de
Birkenhead, annexe de Liverpool, située sur la rive gauche de la
Mersey.

Cette Mersey, comme la Tamise, n'est qu'une insignifiante rivière,
indigne du nom de fleuve, bien qu'elle se jette à la mer. C'est
une vaste dépression du sol, remplie d'eau, un véritable trou que
sa profondeur rend propre à recevoir des navires du plus fort
tonnage. Tel le _Great Eastern_, auquel la plupart des autres
ports du monde sont rigoureusement interdits. Grâce à cette
disposition naturelle, ces ruisseaux de la Tamise et de la Mersey
ont vu se fonder presque à leur embouchure, deux immenses villes
de commerce, Londres et Liverpool; de même et à peu près pour des
considérations identiques, Glasgow sur la rivière Clyde.

À la cale de New-Prince chauffait un tender, petit bateau à
vapeur, affecté au service du _Great Eastern_. Je m'installai sur
le pont, déjà encombré d'ouvriers et de manoeuvres qui se
rendaient à bord du steamship. Quand sept heures du matin
sonnèrent à la tour Victoria, le tender largua ses amarres et
suivit à grande vitesse le flot montant de la Mersey.

À peine avait-il débordé que j'aperçus sur la cale un jeune homme
de grande taille, ayant cette physionomie aristocratique qui
distingue l'officier anglais. Je crus reconnaître en lui un de mes
amis, capitaine à l'armée des Indes, que je n'avais pas vu depuis
plusieurs années. Mais je devais me tromper, car le capitaine Mac
Elwin ne pouvait avoir quitté Bombay. Je l'aurais su. D'ailleurs
Mac Elwin était un garçon gai, insouciant, un joyeux camarade, et
celui-ci, s'il offrait à mes yeux les traits de mon ami, semblait
triste et comme accablé d'une secrète douleur. Quoi qu'il en soit,
je n'eus pas le temps de l'observer avec plus d'attention, car le
tender s'éloignait rapidement, et l'impression fondée sur cette
ressemblance s'effaça bientôt dans mon esprit.

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