Mirage

Fiction & Literature, Literary
Cover of the book Mirage by ALFRED MOUSSEAU, GILBERT TEROL
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Author: ALFRED MOUSSEAU ISBN: 1230002691510
Publisher: GILBERT TEROL Publication: October 16, 2018
Imprint: Language: French
Author: ALFRED MOUSSEAU
ISBN: 1230002691510
Publisher: GILBERT TEROL
Publication: October 16, 2018
Imprint:
Language: French

Louis entrait dans les derniers six mois de sa vie d’étudiants, dans la période décisive et finale pendant laquelle tous les étudiants, même les moins assidus, se mettent avec ardeur au travail.

Ayant suivi ses cours avec une régularité exemplaire, ayant passé au fur et à mesure tous ses examens trimestriels, il n’avait rien pour l’ennuyer et le déranger dans ses études, et il repassait avec soin toutes les matières du cours universitaire, le droit maritime, le droit constitutionnel, le droit civil, la procédure, le code pénal et tant d’autres choses que l’on apprend à l’université et que l’on est obligé d’apprendre davantage dans la profession.

Avec l’esprit de camaraderie qui les distingue, les étudiants repassent leurs matières et préparent leurs examens par groupe de trois ou quatre, s’interrogeant et répondant tour à tour. Cette méthode diminue le danger du surmenage et empêche le travail d’être trop abstrait. Elle a aussi l’avantage d’obliger à réfléchir et de faire voir bien des points auxquels on ne penserait pas si on travaillait seul.

Louis et Arthur s’étaient adjoints deux compagnons d’étude et tous quatre bûchaient ferme. Arthur retardait bien un peu les autres par ses lenteurs, dues au fait qu’il n’avait pas étudié sérieusement depuis qu’il était à l’université, mais ils avançaient tout de même d’une manière satisfaisante. Ils étudiaient en leur particulier pendant plusieurs heures, chaque jour, et ils se réunissaient ensuite, tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre, pour revoir ensemble ce qu’ils venaient d’étudier seuls.

Ils travaillaient avec confiance, car ainsi réunis, ils avaient tous l’illusion qu’ils en savaient autant l’un que l’autre. L’épreuve de l’examen dirait si leur confiance les trompait et si ceux qui n’avaient jamais pris leurs études au sérieux, comme Arthur Doré, avaient pu en six mois rattraper le temps perdu pendant trois ans.

Les familles ― et elles sont nombreuses ― qui ont compté des étudiants parmi leurs membres, savent mieux qu’il n’est possible de le dire ici comment on suit, de loin, les étudiants, à la veille des examens, comment on s’intéresse à leurs travaux et comment on fait des conjectures sur le résultat des examens. Dans les familles riches, c’est la vanité qui est en jeu et dans les familles pauvres, ce sont les sacrifices de dix ans faits pour maintenir un jeune homme au collège puis à l’université qui peuvent être rendus lamentablement inutiles par un échec. Que de suppositions on fait, que de fois on parle de cet événement redoutable qui approche, dans les foyers des étudiants, pendant les derniers six mois ; que de craintes on ressent, que d’espoirs on caresse.

Chez le père Duverger, on ne mettait pas en doute le succès de Louis, mais que de nuits sans sommeil passa madame Doré en pensant à Arthur.

Louis ne cessait pas de fréquenter la maison du docteur, en dépit de son redoublement de travail. Il trouvait même que ses visites le reposaient mieux que tout autre délassement. Et puis il commençait aussi à être avec Ernestine dans des termes qui n’auraient pas souffert de relâche dans les visites : ils étaient virtuellement fiancés et se considéraient comme promis l’un à l’autre.

Ils en étaient venus insensiblement à cette situation, par la force des circonstances, car leur roman, pour tendre qu’il fût maintenant, avait auparavant été quelque peu terre-à-terre, comme cela arrive assez souvent entre gens d’un caractère calme et posé. Louis n’avait guère connu que trois jeunes filles dans sa vie : Marcelle Doré, Marie Beaulieu et Ernestine. Il aurait aimé la première, mais il en avait été éloigné presque à son insu, en même temps que la même force imprévue le rapprochait d’Ernestine. Quant à Marie, elle eût été une excellente femme, quoique la mentalité de la jeune fille ne fût peut-être pas à la hauteur de la sienne, mais il n’avait jamais pensé à elle sous ce jour.

Les prévenances des parents d’Ernestine et les manières gracieuses et gentilles de leur fille avaient fait le reste.

Louis était le clerc du bureau de Larue, qui avait l’intention de le prendre comme associé aussitôt qu’il serait reçu, car l’avocat avait apprécié les qualités du jeune homme. Tout s’était donc arrangé à souhait et il ne restait plus à Louis qu’à passer ses examens pour que ses fiançailles fussent annoncées officiellement.

Il envisageait l’avenir avec sérénité, satisfait de ce que le sort semblait tenir en réserve pour lui et ayant conscience de l’avoir mérité.

Les examens d’été du Barreau se tiennent à Québec.

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Louis entrait dans les derniers six mois de sa vie d’étudiants, dans la période décisive et finale pendant laquelle tous les étudiants, même les moins assidus, se mettent avec ardeur au travail.

Ayant suivi ses cours avec une régularité exemplaire, ayant passé au fur et à mesure tous ses examens trimestriels, il n’avait rien pour l’ennuyer et le déranger dans ses études, et il repassait avec soin toutes les matières du cours universitaire, le droit maritime, le droit constitutionnel, le droit civil, la procédure, le code pénal et tant d’autres choses que l’on apprend à l’université et que l’on est obligé d’apprendre davantage dans la profession.

Avec l’esprit de camaraderie qui les distingue, les étudiants repassent leurs matières et préparent leurs examens par groupe de trois ou quatre, s’interrogeant et répondant tour à tour. Cette méthode diminue le danger du surmenage et empêche le travail d’être trop abstrait. Elle a aussi l’avantage d’obliger à réfléchir et de faire voir bien des points auxquels on ne penserait pas si on travaillait seul.

Louis et Arthur s’étaient adjoints deux compagnons d’étude et tous quatre bûchaient ferme. Arthur retardait bien un peu les autres par ses lenteurs, dues au fait qu’il n’avait pas étudié sérieusement depuis qu’il était à l’université, mais ils avançaient tout de même d’une manière satisfaisante. Ils étudiaient en leur particulier pendant plusieurs heures, chaque jour, et ils se réunissaient ensuite, tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre, pour revoir ensemble ce qu’ils venaient d’étudier seuls.

Ils travaillaient avec confiance, car ainsi réunis, ils avaient tous l’illusion qu’ils en savaient autant l’un que l’autre. L’épreuve de l’examen dirait si leur confiance les trompait et si ceux qui n’avaient jamais pris leurs études au sérieux, comme Arthur Doré, avaient pu en six mois rattraper le temps perdu pendant trois ans.

Les familles ― et elles sont nombreuses ― qui ont compté des étudiants parmi leurs membres, savent mieux qu’il n’est possible de le dire ici comment on suit, de loin, les étudiants, à la veille des examens, comment on s’intéresse à leurs travaux et comment on fait des conjectures sur le résultat des examens. Dans les familles riches, c’est la vanité qui est en jeu et dans les familles pauvres, ce sont les sacrifices de dix ans faits pour maintenir un jeune homme au collège puis à l’université qui peuvent être rendus lamentablement inutiles par un échec. Que de suppositions on fait, que de fois on parle de cet événement redoutable qui approche, dans les foyers des étudiants, pendant les derniers six mois ; que de craintes on ressent, que d’espoirs on caresse.

Chez le père Duverger, on ne mettait pas en doute le succès de Louis, mais que de nuits sans sommeil passa madame Doré en pensant à Arthur.

Louis ne cessait pas de fréquenter la maison du docteur, en dépit de son redoublement de travail. Il trouvait même que ses visites le reposaient mieux que tout autre délassement. Et puis il commençait aussi à être avec Ernestine dans des termes qui n’auraient pas souffert de relâche dans les visites : ils étaient virtuellement fiancés et se considéraient comme promis l’un à l’autre.

Ils en étaient venus insensiblement à cette situation, par la force des circonstances, car leur roman, pour tendre qu’il fût maintenant, avait auparavant été quelque peu terre-à-terre, comme cela arrive assez souvent entre gens d’un caractère calme et posé. Louis n’avait guère connu que trois jeunes filles dans sa vie : Marcelle Doré, Marie Beaulieu et Ernestine. Il aurait aimé la première, mais il en avait été éloigné presque à son insu, en même temps que la même force imprévue le rapprochait d’Ernestine. Quant à Marie, elle eût été une excellente femme, quoique la mentalité de la jeune fille ne fût peut-être pas à la hauteur de la sienne, mais il n’avait jamais pensé à elle sous ce jour.

Les prévenances des parents d’Ernestine et les manières gracieuses et gentilles de leur fille avaient fait le reste.

Louis était le clerc du bureau de Larue, qui avait l’intention de le prendre comme associé aussitôt qu’il serait reçu, car l’avocat avait apprécié les qualités du jeune homme. Tout s’était donc arrangé à souhait et il ne restait plus à Louis qu’à passer ses examens pour que ses fiançailles fussent annoncées officiellement.

Il envisageait l’avenir avec sérénité, satisfait de ce que le sort semblait tenir en réserve pour lui et ayant conscience de l’avoir mérité.

Les examens d’été du Barreau se tiennent à Québec.

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