Les murs

"L'horizon, c'est ce que tu dessines sur ce qui te résiste – les murs construisent des murs."

Nonfiction, Art & Architecture, Photography, Pictorials, Architectural & Industrial, Architecture, Architectural Photography, Photo Essays
Cover of the book Les murs by Thomas Vinau, Florent Lamouroux, publie.net
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Author: Thomas Vinau, Florent Lamouroux ISBN: 9782814554092
Publisher: publie.net Publication: August 22, 2011
Imprint: publie.net Language: French
Author: Thomas Vinau, Florent Lamouroux
ISBN: 9782814554092
Publisher: publie.net
Publication: August 22, 2011
Imprint: publie.net
Language: French

Toute cité est un état d’âme. Berlin est féconde, à ce que l’on m’a dit, en vastes murs aveugles dressant dans la ville des pans semblables à celui-là qui obséda Bergotte dans la vue que Vermeer fit de Delft.

Peut-être la ville s’érige dans ces mystères imposants, délibérément nus, dans cet aveuglement géométrique. Elle y prend sa tournure. On m’a dit aussi que l’ambition des grapheurs est d’y apposer leur marque, chacun plus visiblement que les autres, «bigger than the others». Pour autant jamais les mots dans leur démesure ne concurrencent les hauteurs et les largeurs que la ville échappe. Hommes et mots criés silencieusement aux murs ne sont que passagers de ce qui en la ville les hante : béton, rumeurs, tumulte, dureté implacable.

Au bout du compte demeurent les murs, un vide, une surface opaque et entêtante. Et par les murs on se regarde soi-même aussi.

Réduite à ces pans, la ville n’est qu’opacité, butée, solitude, immobilité et silence. Les murs « témoignent seuls de par quoi la ville commande à ceux qui la font . » À leur dureté s’adossent les mots, s’inscrivent les présences fugaces, se frottent les corps auxquels s’accroche la folie ou l’ivresse de la ville.

Il suffit d’insérer dans les passe-vues des diapositives quelques fragments des emballages que sécrète la vie urbaine pour que, littéralement, s’inscrive par-dessus et en plus grand encore les slogans, les mots, les logos, les commandements publicitaires d’une fiction impersonnelle.

La ville appelle peut-être aussi ce vide spectaculaire (ou ce spectacle vide). Géométries mornes, marges, signes qui, comme le disait Manoel de Oliveira, « baignent dans la lumière de leur absence d’explication », les images qui adviennent alors sont des objets bizarres, fascinants et étranges, combinaison de signes ou de visées qui nous laissent entre-deux, entre le visible et le lisible.

Jérémy Liron

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Toute cité est un état d’âme. Berlin est féconde, à ce que l’on m’a dit, en vastes murs aveugles dressant dans la ville des pans semblables à celui-là qui obséda Bergotte dans la vue que Vermeer fit de Delft.

Peut-être la ville s’érige dans ces mystères imposants, délibérément nus, dans cet aveuglement géométrique. Elle y prend sa tournure. On m’a dit aussi que l’ambition des grapheurs est d’y apposer leur marque, chacun plus visiblement que les autres, «bigger than the others». Pour autant jamais les mots dans leur démesure ne concurrencent les hauteurs et les largeurs que la ville échappe. Hommes et mots criés silencieusement aux murs ne sont que passagers de ce qui en la ville les hante : béton, rumeurs, tumulte, dureté implacable.

Au bout du compte demeurent les murs, un vide, une surface opaque et entêtante. Et par les murs on se regarde soi-même aussi.

Réduite à ces pans, la ville n’est qu’opacité, butée, solitude, immobilité et silence. Les murs « témoignent seuls de par quoi la ville commande à ceux qui la font . » À leur dureté s’adossent les mots, s’inscrivent les présences fugaces, se frottent les corps auxquels s’accroche la folie ou l’ivresse de la ville.

Il suffit d’insérer dans les passe-vues des diapositives quelques fragments des emballages que sécrète la vie urbaine pour que, littéralement, s’inscrive par-dessus et en plus grand encore les slogans, les mots, les logos, les commandements publicitaires d’une fiction impersonnelle.

La ville appelle peut-être aussi ce vide spectaculaire (ou ce spectacle vide). Géométries mornes, marges, signes qui, comme le disait Manoel de Oliveira, « baignent dans la lumière de leur absence d’explication », les images qui adviennent alors sont des objets bizarres, fascinants et étranges, combinaison de signes ou de visées qui nous laissent entre-deux, entre le visible et le lisible.

Jérémy Liron

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