Les Hôpitaux de Paris et le nouvel Hôtel-Dieu

Fiction & Literature, Classics, Historical
Cover of the book Les Hôpitaux de Paris et le nouvel Hôtel-Dieu by Maxime Du Camp, Maxime Du Camp
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Author: Maxime Du Camp ISBN: 1230000770101
Publisher: Maxime Du Camp Publication: November 10, 2015
Imprint: Language: French
Author: Maxime Du Camp
ISBN: 1230000770101
Publisher: Maxime Du Camp
Publication: November 10, 2015
Imprint:
Language: French

EXTRAIT:

L’étymologie du mot hôpital (hospes) indique tout d’abord la destination de ce genre d’établissemens. A l’époque où l’absence de routes ne permettait de cheminer qu’à cheval ou à pied, où les mœurs primitives des peuples nomades subsistaient encore, où les pèlerinages étaient incessans, le cubiculum hospitale, la chambre d’hospitalité, existait dans la demeure des personnages riches ; les municipes, les congrégations religieuses, par charité autant que par intérêt, pour attirer et retenir les étrangers, firent construire des maisons où les pèlerins et les voyageurs trouvaient le gîte et parfois même la nourriture. Ceux qui étaient arrêtés par la fatigue, la misère, la souffrance, par un accident quelconque, y prolongeaient leur séjour. Il est probable que pendant une de ces famines et de ces épidémies si fréquentes au moyen âge [1], le caractère de l’institution se modifia ; les hôtes firent place aux malades, et plus d’une maison d’hospitalité devint une maladrerie avec le double caractère d’hospice et d’hôpital. Ce dernier mot a subsisté, quoiqu’il ait aujourd’hui singulièrement dévié de son acception première. Il est à peu près certain que l’hôpital parisien par excellence, l’Hôtel-Dieu, traversa ces différentes phases. Ce fut d’abord, au VIIe siècle, un couvent de femmes sous l’invocation de saint Christophe. On sait qu’en 829 c’était déjà un refuge hospitalier où les chanoines de Notre-Dame allaient à Pâques laver les pieds des pauvres. Le moment précis où l’Hôtel-Dieu cessa d’être une hôtellerie analogue aux caravanséraïs d’Orient ne peut être parfaitement précisé ; mais ce doit être vers le milieu ou vers la fin du XIIe siècle qu’il fut exclusivement et pour toujours consacré aux malades. S’il était encore ouvert aux étrangers, c’était seulement lorsqu’ils étaient blessés ou souffrans. Il devint ainsi et resta l’infirmerie centrale du peuple de Paris.

[1] « Sur soixante-treize ans, il y en eut quarante-huit de famines et d’épidémies. En 987, grande famine et épidémie ; en 989, grande famine ; en 960-994, famine et mal des ardens ; en 1001, grande famine ; en 1003-1008, famine et mortalité ; en 1010-1014, famine et mal des ardens ; en 1027-1029, famine (anthropophagie) ; en 1031-1033, famine atroce ; en 1035, famine, épidémie ; en 1045-1046, famine en France et en Allemagne ; en 1053-1058, famine et mortalité pendant cinq ans ; en 1059, famine de sept ans, mortalité. » Michelet, Histoire de France, 2e édit., t. II, p. 135-136.

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EXTRAIT:

L’étymologie du mot hôpital (hospes) indique tout d’abord la destination de ce genre d’établissemens. A l’époque où l’absence de routes ne permettait de cheminer qu’à cheval ou à pied, où les mœurs primitives des peuples nomades subsistaient encore, où les pèlerinages étaient incessans, le cubiculum hospitale, la chambre d’hospitalité, existait dans la demeure des personnages riches ; les municipes, les congrégations religieuses, par charité autant que par intérêt, pour attirer et retenir les étrangers, firent construire des maisons où les pèlerins et les voyageurs trouvaient le gîte et parfois même la nourriture. Ceux qui étaient arrêtés par la fatigue, la misère, la souffrance, par un accident quelconque, y prolongeaient leur séjour. Il est probable que pendant une de ces famines et de ces épidémies si fréquentes au moyen âge [1], le caractère de l’institution se modifia ; les hôtes firent place aux malades, et plus d’une maison d’hospitalité devint une maladrerie avec le double caractère d’hospice et d’hôpital. Ce dernier mot a subsisté, quoiqu’il ait aujourd’hui singulièrement dévié de son acception première. Il est à peu près certain que l’hôpital parisien par excellence, l’Hôtel-Dieu, traversa ces différentes phases. Ce fut d’abord, au VIIe siècle, un couvent de femmes sous l’invocation de saint Christophe. On sait qu’en 829 c’était déjà un refuge hospitalier où les chanoines de Notre-Dame allaient à Pâques laver les pieds des pauvres. Le moment précis où l’Hôtel-Dieu cessa d’être une hôtellerie analogue aux caravanséraïs d’Orient ne peut être parfaitement précisé ; mais ce doit être vers le milieu ou vers la fin du XIIe siècle qu’il fut exclusivement et pour toujours consacré aux malades. S’il était encore ouvert aux étrangers, c’était seulement lorsqu’ils étaient blessés ou souffrans. Il devint ainsi et resta l’infirmerie centrale du peuple de Paris.

[1] « Sur soixante-treize ans, il y en eut quarante-huit de famines et d’épidémies. En 987, grande famine et épidémie ; en 989, grande famine ; en 960-994, famine et mal des ardens ; en 1001, grande famine ; en 1003-1008, famine et mortalité ; en 1010-1014, famine et mal des ardens ; en 1027-1029, famine (anthropophagie) ; en 1031-1033, famine atroce ; en 1035, famine, épidémie ; en 1045-1046, famine en France et en Allemagne ; en 1053-1058, famine et mortalité pendant cinq ans ; en 1059, famine de sept ans, mortalité. » Michelet, Histoire de France, 2e édit., t. II, p. 135-136.

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