Author: | Ernest Daudet | ISBN: | 1230000700832 |
Publisher: | pb | Publication: | October 4, 2015 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Ernest Daudet |
ISBN: | 1230000700832 |
Publisher: | pb |
Publication: | October 4, 2015 |
Imprint: | |
Language: | French |
— Ma fortune !
— Sans doute ! suppose que mes efforts soient couronnés de succès : de
tous côtés s’organisent des messageries aériennes. Les chemins de fer sont
enfoncés. Nous lançons dans l’espace des trains de voyageurs. Nous nous
enlevons cent, deux cents à la fois. Nous traversons les mers en bravant
les tempêtes. En quelques heures, nous allons de Paris à Constantinople,
de New-York à Pékin. J’exploite mes inventions, je gagne de l’argent, je
te dote, et j’ai par-dessus le marché la satisfaction de voir mes contemporains
m’élever des statues.
— Oui, mais en a?endant nous risquons de mourir de faim, ajouta
Delphine avec un soupir.
Martial Vaubert n’avait jamais été riche. Son traitement de professeur
constituait le plus clair de son revenu. Or, à voir avec quelle négligence,
depuis qu’il s’était lancé dans le domaine des découvertes, il remplissait
ses fonctions, il était permis de craindre qu’il ne provoquât quelque grave
mesure à son égard. Il ne se rendait que très irrégulièrement au lycée. Le
proviseur se plaignait, non sans cause, et, à plusieurs reprises, il écrivit
des le?res sévères qui n’échappèrent pas à l’oeil vigilant de Delphine.
Un soir, Martial Vaubert rentra plus gai que de coutume, il dit à Delphine
d’un ton dégagé :
— Fille?e, j’ai donné ma démission.
Elle devint très pâle. La nuit, dans un rêve, elle avait vu le spectre de la
misère prendre en maître possession de la maisonne?e où elle était née,
où elle avait grandi, heureuse jusqu’à ce jour.
— Votre démission ! fit-elle. Dans six mois vous auriez eu droit à votre
retraite.
— Ma fortune !
— Sans doute ! suppose que mes efforts soient couronnés de succès : de
tous côtés s’organisent des messageries aériennes. Les chemins de fer sont
enfoncés. Nous lançons dans l’espace des trains de voyageurs. Nous nous
enlevons cent, deux cents à la fois. Nous traversons les mers en bravant
les tempêtes. En quelques heures, nous allons de Paris à Constantinople,
de New-York à Pékin. J’exploite mes inventions, je gagne de l’argent, je
te dote, et j’ai par-dessus le marché la satisfaction de voir mes contemporains
m’élever des statues.
— Oui, mais en a?endant nous risquons de mourir de faim, ajouta
Delphine avec un soupir.
Martial Vaubert n’avait jamais été riche. Son traitement de professeur
constituait le plus clair de son revenu. Or, à voir avec quelle négligence,
depuis qu’il s’était lancé dans le domaine des découvertes, il remplissait
ses fonctions, il était permis de craindre qu’il ne provoquât quelque grave
mesure à son égard. Il ne se rendait que très irrégulièrement au lycée. Le
proviseur se plaignait, non sans cause, et, à plusieurs reprises, il écrivit
des le?res sévères qui n’échappèrent pas à l’oeil vigilant de Delphine.
Un soir, Martial Vaubert rentra plus gai que de coutume, il dit à Delphine
d’un ton dégagé :
— Fille?e, j’ai donné ma démission.
Elle devint très pâle. La nuit, dans un rêve, elle avait vu le spectre de la
misère prendre en maître possession de la maisonne?e où elle était née,
où elle avait grandi, heureuse jusqu’à ce jour.
— Votre démission ! fit-elle. Dans six mois vous auriez eu droit à votre
retraite.