Le Formidable Événement

Mystery & Suspense
Cover of the book Le Formidable Événement by MAURICE LEBLANC, GILBERT TEROL
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Author: MAURICE LEBLANC ISBN: 1230001225969
Publisher: GILBERT TEROL Publication: July 13, 2016
Imprint: Language: French
Author: MAURICE LEBLANC
ISBN: 1230001225969
Publisher: GILBERT TEROL
Publication: July 13, 2016
Imprint:
Language: French

Extrait :

— Oh ! mais c’est effroyable ! s’écria Simon Dubosc. Écoutez donc, Edwards.

Et le jeune homme, emmenant son ami loin des tables groupées sur la terrasse du pavillon, lui montra, dans la Feuille des Dernières Dépêches, qu’un motocycliste venait d’apporter au New-Golf, ce télégramme inséré en gros caractères :

« 29 mai, Boulogne. – Le patron et l’équipage d’une barque de pêche, qui vient de rentrer au port, déclarent que ce matin, à égale distance des côtes anglaise et française, ils ont vu un grand vapeur soulevé par une trombe d’eau gigantesque, et qui, après s’être dressé de toute sa hauteur, piqua sur son avant et disparut en l’espace de quelques secondes.

» Il y eut alors des remous si violents, et la mer, très calme jusque-là, fut le théâtre de convulsions si anormales, que les pêcheurs durent s’enfuir à toutes rames pour n’être pas entraînés par le tourbillon. L’autorité maritime envoie dès maintenant deux remorqueurs sur le lieu du sinistre. »

— Hein, qu’en dites-vous, Rolleston ?

— Effroyable, en effet, prononça l’Anglais. Avant-hier, la Ville-de-Dunkerque. Aujourd’hui, un autre, et dans les mêmes parages. Il y a là une coïncidence…

— C’est précisément ce que fait remarquer un second télégramme, dit Simon, qui reprit sa lecture :

« 15 heures, Londres. – Le vapeur coulé entre Folkestone et Boulogne est le transatlantique Brabant, de la compagnie Rotterdam-America, qui transportait douze cents passagers et huit cents hommes d’équipage. Aucun survivant n’a été recueilli. Les cadavres commencent à remonter à la surface.

» Il est hors de doute que ce terrifiant désastre a été, comme la perte de la Ville-de-Dunkerque, avant-hier, provoqué par un de ces phénomènes mystérieux qui bouleversent le Pas-de-Calais depuis une semaine, et dont plusieurs bateaux, avant le Brabant et la Ville-de-Dunkerque, ont failli être victimes. »


Les deux jeunes gens se turent. Appuyés à la balustrade qui borde la terrasse du club, ils regardaient par-delà les falaises le cercle immense de la mer. Elle était paisible et accueillante, sans colère ni traîtrise, ici rayée de minces lignes vertes ou jaunes, plus loin pure et bleue comme l’espace, et, plus loin encore, sous les nuages immobiles, grise comme une grande plaque d’ardoise.

Mais au-dessus de Brighton, le soleil, qui inclinait déjà vers les collines, apparut, et ce fut sur la mer une traînée lumineuse de poudre d’or.

— La perfide ! murmura Simon Dubosc (il comprenait fort bien la langue anglaise, mais parlait toujours français avec son ami) la perfide, comme elle est belle et attirante ! Dirait-on jamais qu’elle a de ces caprices méchants qui détruisent et qui tuent ! Vous traversez toujours ce soir, Edwards ?

— Oui, par Newhaven et Dieppe.

— Tout se passera bien, dit Simon. La mer a eu ses deux naufrages ; elle est assouvie. Mais qui vous presse de partir ?

— Un rendez-vous demain matin à Dieppe, avec une équipe de matelots, pour armer mon yacht. De là, dans l’après-midi à Paris, sans doute, et dans huit jours une croisière en Norvège. Et vous, Simon ?

Simon Dubosc ne répondit pas. Il s’était retourné vers le pavillon du club dont les fenêtres s’illuminaient de soleil dans leurs cadres de vigne vierge et de chèvrefeuille. Les joueurs avaient quitté les links et s’étaient répartis sous les grands parasols multicolores. On prenait le thé. De main en main circulait la Feuille des Dernières Dépêches, que l’on commentait avec animation. Il y avait des tables de jeunes gens et de jeunes filles, et des tables de parents, et d’autres où de vieux gentlemen se restauraient en vidant les assiettes de cakes et de toasts.

À gauche, au-delà des corbeilles de géraniums, commençaient les molles ondulations des links, au gazon de velours vert. Et, tout au bout, très loin, un dernier joueur, escorté de ses deux caddies, dressait sa haute silhouette.

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Extrait :

— Oh ! mais c’est effroyable ! s’écria Simon Dubosc. Écoutez donc, Edwards.

Et le jeune homme, emmenant son ami loin des tables groupées sur la terrasse du pavillon, lui montra, dans la Feuille des Dernières Dépêches, qu’un motocycliste venait d’apporter au New-Golf, ce télégramme inséré en gros caractères :

« 29 mai, Boulogne. – Le patron et l’équipage d’une barque de pêche, qui vient de rentrer au port, déclarent que ce matin, à égale distance des côtes anglaise et française, ils ont vu un grand vapeur soulevé par une trombe d’eau gigantesque, et qui, après s’être dressé de toute sa hauteur, piqua sur son avant et disparut en l’espace de quelques secondes.

» Il y eut alors des remous si violents, et la mer, très calme jusque-là, fut le théâtre de convulsions si anormales, que les pêcheurs durent s’enfuir à toutes rames pour n’être pas entraînés par le tourbillon. L’autorité maritime envoie dès maintenant deux remorqueurs sur le lieu du sinistre. »

— Hein, qu’en dites-vous, Rolleston ?

— Effroyable, en effet, prononça l’Anglais. Avant-hier, la Ville-de-Dunkerque. Aujourd’hui, un autre, et dans les mêmes parages. Il y a là une coïncidence…

— C’est précisément ce que fait remarquer un second télégramme, dit Simon, qui reprit sa lecture :

« 15 heures, Londres. – Le vapeur coulé entre Folkestone et Boulogne est le transatlantique Brabant, de la compagnie Rotterdam-America, qui transportait douze cents passagers et huit cents hommes d’équipage. Aucun survivant n’a été recueilli. Les cadavres commencent à remonter à la surface.

» Il est hors de doute que ce terrifiant désastre a été, comme la perte de la Ville-de-Dunkerque, avant-hier, provoqué par un de ces phénomènes mystérieux qui bouleversent le Pas-de-Calais depuis une semaine, et dont plusieurs bateaux, avant le Brabant et la Ville-de-Dunkerque, ont failli être victimes. »


Les deux jeunes gens se turent. Appuyés à la balustrade qui borde la terrasse du club, ils regardaient par-delà les falaises le cercle immense de la mer. Elle était paisible et accueillante, sans colère ni traîtrise, ici rayée de minces lignes vertes ou jaunes, plus loin pure et bleue comme l’espace, et, plus loin encore, sous les nuages immobiles, grise comme une grande plaque d’ardoise.

Mais au-dessus de Brighton, le soleil, qui inclinait déjà vers les collines, apparut, et ce fut sur la mer une traînée lumineuse de poudre d’or.

— La perfide ! murmura Simon Dubosc (il comprenait fort bien la langue anglaise, mais parlait toujours français avec son ami) la perfide, comme elle est belle et attirante ! Dirait-on jamais qu’elle a de ces caprices méchants qui détruisent et qui tuent ! Vous traversez toujours ce soir, Edwards ?

— Oui, par Newhaven et Dieppe.

— Tout se passera bien, dit Simon. La mer a eu ses deux naufrages ; elle est assouvie. Mais qui vous presse de partir ?

— Un rendez-vous demain matin à Dieppe, avec une équipe de matelots, pour armer mon yacht. De là, dans l’après-midi à Paris, sans doute, et dans huit jours une croisière en Norvège. Et vous, Simon ?

Simon Dubosc ne répondit pas. Il s’était retourné vers le pavillon du club dont les fenêtres s’illuminaient de soleil dans leurs cadres de vigne vierge et de chèvrefeuille. Les joueurs avaient quitté les links et s’étaient répartis sous les grands parasols multicolores. On prenait le thé. De main en main circulait la Feuille des Dernières Dépêches, que l’on commentait avec animation. Il y avait des tables de jeunes gens et de jeunes filles, et des tables de parents, et d’autres où de vieux gentlemen se restauraient en vidant les assiettes de cakes et de toasts.

À gauche, au-delà des corbeilles de géraniums, commençaient les molles ondulations des links, au gazon de velours vert. Et, tout au bout, très loin, un dernier joueur, escorté de ses deux caddies, dressait sa haute silhouette.

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