La Grande Ombre

Fiction & Literature, Literary Theory & Criticism, European, British
Cover of the book La Grande Ombre by Arthur Conan Doyle, CP
View on Amazon View on AbeBooks View on Kobo View on B.Depository View on eBay View on Walmart
Author: Arthur Conan Doyle ISBN: 1230001582536
Publisher: CP Publication: March 7, 2017
Imprint: Language: French
Author: Arthur Conan Doyle
ISBN: 1230001582536
Publisher: CP
Publication: March 7, 2017
Imprint:
Language: French

Me voici, moi, Jock Calder, de West Inch, arrivé à peine au milieu du dix-neuvième siècle, et à l’âge de cinquante-cinq ans.

Ma femme ne me découvre guère qu’une fois par semaine derrière l’oreille un petit poil gris qu’elle tient à m’arracher.

Et pourtant quel étrange effet cela me fait que ma vie se soit écoulée en une époque où les façons de penser et d’agir des hommes différaient autant de celles d’aujourd’hui que s’il se fut agi des habitants d’une autre planète.

Ainsi, lorsque je me promène par la campagne, si je regarde par là-bas, du côté de Berwick, je puis apercevoir les petites traînées de fumée blanche, qui me parlent de cette singulière et nouvelle bête aux cent pieds, qui se nourrit de charbon, dont le corps recèle un millier d’hommes, et qui ne cesse de ramper le long de la frontière.

Quand le temps est clair, j’aperçois sans peine le reflet des cuivres, lorsqu’elle double la courbe vers Corriemuir.

Puis, si je porte mon regard vers la mer, je revois la même bête, ou parfois même une douzaine d’entre elles, laissant dans l’air une trace noire, dans l’eau une tache blanche, et marchant contre le vent avec autant d’aisance qu’un saumon remonte la Tweed.

Un tel spectacle aurait rendu mon bon vieux père muet de colère autant que de surprise, car il avait la crainte d’offenser le Créateur, si profondément enracinée dans l’âme, qu’il ne voulait pas entendre parler de contraindre la Nature, et que toute innovation lui paraissait toucher de bien près au blasphème.

C’était Dieu qui avait créé le cheval.

C’était un mortel de là-bas, vers Birmingham, qui avait fait la machine.

Aussi mon bon vieux papa s’obstinait-il à se servir de la selle et des éperons.

Mais il aurait éprouvé une bien autre surprise en voyant le calme et l’esprit de bienveillance qui règnent actuellement dans le cœur des hommes, en lisant dans les journaux et entendant dire dans les réunions qu’il ne faut plus de guerre, ― excepté bien entendu, avec les nègres et leurs pareils.

Quand il mourut, ne nous battions-nous pas, presque sans interruption, ― une trêve de deux courtes années, ― depuis bientôt un quart de siècle ?

View on Amazon View on AbeBooks View on Kobo View on B.Depository View on eBay View on Walmart

Me voici, moi, Jock Calder, de West Inch, arrivé à peine au milieu du dix-neuvième siècle, et à l’âge de cinquante-cinq ans.

Ma femme ne me découvre guère qu’une fois par semaine derrière l’oreille un petit poil gris qu’elle tient à m’arracher.

Et pourtant quel étrange effet cela me fait que ma vie se soit écoulée en une époque où les façons de penser et d’agir des hommes différaient autant de celles d’aujourd’hui que s’il se fut agi des habitants d’une autre planète.

Ainsi, lorsque je me promène par la campagne, si je regarde par là-bas, du côté de Berwick, je puis apercevoir les petites traînées de fumée blanche, qui me parlent de cette singulière et nouvelle bête aux cent pieds, qui se nourrit de charbon, dont le corps recèle un millier d’hommes, et qui ne cesse de ramper le long de la frontière.

Quand le temps est clair, j’aperçois sans peine le reflet des cuivres, lorsqu’elle double la courbe vers Corriemuir.

Puis, si je porte mon regard vers la mer, je revois la même bête, ou parfois même une douzaine d’entre elles, laissant dans l’air une trace noire, dans l’eau une tache blanche, et marchant contre le vent avec autant d’aisance qu’un saumon remonte la Tweed.

Un tel spectacle aurait rendu mon bon vieux père muet de colère autant que de surprise, car il avait la crainte d’offenser le Créateur, si profondément enracinée dans l’âme, qu’il ne voulait pas entendre parler de contraindre la Nature, et que toute innovation lui paraissait toucher de bien près au blasphème.

C’était Dieu qui avait créé le cheval.

C’était un mortel de là-bas, vers Birmingham, qui avait fait la machine.

Aussi mon bon vieux papa s’obstinait-il à se servir de la selle et des éperons.

Mais il aurait éprouvé une bien autre surprise en voyant le calme et l’esprit de bienveillance qui règnent actuellement dans le cœur des hommes, en lisant dans les journaux et entendant dire dans les réunions qu’il ne faut plus de guerre, ― excepté bien entendu, avec les nègres et leurs pareils.

Quand il mourut, ne nous battions-nous pas, presque sans interruption, ― une trêve de deux courtes années, ― depuis bientôt un quart de siècle ?

More books from CP

Cover of the book The Hand of Peril by Arthur Conan Doyle
Cover of the book The Spider Strain by Arthur Conan Doyle
Cover of the book Les Confidences by Arthur Conan Doyle
Cover of the book Essai sur les données immédiates de la conscience by Arthur Conan Doyle
Cover of the book L’appel de la terre by Arthur Conan Doyle
Cover of the book L’Homme sans visage by Arthur Conan Doyle
Cover of the book Histoire de la littérature grecque by Arthur Conan Doyle
Cover of the book Pères et Enfants by Arthur Conan Doyle
Cover of the book Skull-Face by Arthur Conan Doyle
Cover of the book L’Homme invisible by Arthur Conan Doyle
Cover of the book Dirty Sexy Saint by Arthur Conan Doyle
Cover of the book Anacreontics by Arthur Conan Doyle
Cover of the book Twenty Years After by Arthur Conan Doyle
Cover of the book Married Love by Arthur Conan Doyle
Cover of the book Les Bertram by Arthur Conan Doyle
We use our own "cookies" and third party cookies to improve services and to see statistical information. By using this website, you agree to our Privacy Policy